Lundi 5 juillet 2010
Philippe Jacquemin

Philippe Jacquemin est agriculteur en Champagne depuis 14 ans dont 10 en TCS et traitement bas volume. Il a été formateur durant 7 ans en agriculture et environnement. Passionné de photo, de nature et de voyage, il nous fait partager sa vision de l’agriculture.

Les érigones atra sont des araignées

Philippe Jacquemin

© Goodacre et al., BMC Biology

Erigoninae est une sous-famille d’araignées aranéomorphes de la famille des Linyphiidae, englobant plus de 2 000 espèces. Ce sont des araignées sombres de très petite taille (dépassant rarement 2 mm, parfois moins de 1 mm). Erigone est de loin le genre le plus vaste.

Chez quelques espèces, les mâles ont sur leur céphalothorax des déformations en relief très originales. Sa fonction exacte reste mal comprise, mais devrait permettre au mâle de s’agripper à la femelle lors de la copulation. L’abdomen est subglobuleux, de forme ovale.

Les érigones sont des prédateurs généralistes importants d’insectes dans des habitats agricoles, des champs arables intensifs, des prairies comme des espaces naturels. E. atra dominé en automne récolte semée et E. dentipalpis dominé à l’autre fin du spectre agricole de gestion dans prairies d’intensité basse. Leur capacité de rapidement se disperser et coloniser des habitats dérangés les rend importants comme une forme naturelle de contrôle de parasite, présenter souvent avant que d’autres groupes prédateurs n’arrivent.

La dispersion

Erigone dentipalpis et Erigone atra sont « des espèces aéronautiques ». L’araignée se dresse sur la pointe des pattes, l’abdomen levé, elle libère assez de soie jusqu’à ce que la superficie des fils soit suffisante pour le mouvement de l’air soulève et transporte l’araignée. Les araignées doivent atterrir dans un habitat approprié pour survivre. Dans des conditions favorables, les grands nombres d’araignées « aéronautiques » peuvent arriver. Leurs toiles peuvent draper sur la végétation aussi légère et quelques personnes le considèrent comme chanceux si un de ces pays d’araignées volants sur eux - un nom anglais commun pour eux est "des araignées porte-bonheur". En France le nom est « Les fils de la Vierge ».

Une araignée Erigone atra femelle prête au décollage.
© Michael Hohner

Une étude faite par INRA, Station de Zoologie, Laboratoire de Faunistique, a fait le point sur l’incidence de 3 matières actives insecticides (deltaméthrine, diméthoate et phosalone) sur les araignées des champs de blé dans le cas de leur utilisation en traitement de végétation contre le puceron de épis (Sitobion avenae) à l’épiaison. L’inventaire des araignées comporte 110 espèces. L’action des produits est étudiée par comparaison des effectifs, des parcelles traitées entr’elles et avec le témoin, par une analyse de variance pour tous les cas où ils sont suffisants. Les espèces les plus abondamment capturées sont Pardosa prativaga, Erigone atra, Oedothorax apicatus, Theridion bimaculatum et Lepthyphantes tenuis ainsi que pour l’ensemble des Erigonidae. Globalement il ressort de cette étude que les araignées sont relativement peu affectées par les produits étudiés, l’effet étant souvent de courte durée. Par ailleurs, dans de nombreux cas, il semble que les matières actives étudiées ne tuent pas ces arthropodes mais perturbent leur activité durant un laps de temps variable selon les produits et les espèces.

Erigone atra sur colza.
©Philippe Jacquemin