La stabilité des sols

Christophe Barbot - l’Est Agricole et Viticole ; 19 février 2010

Le potentiel de production des sols, dépendant des interventions de travail du sol, est affecté par les cultures de la rotation, notamment les pérennes et prairies, par l’histoire de la parcelle, l’emploi des engrais verts, et aussi par le niveau d’intrants externes, coûteux.

Pourquoi les sols ont besoin de matières organiques (MO) ?

Le taux de MO d’un sol agricole va de 1,4 % à 4 %. Mais inférieur à 2 % il peut être problématique. Les matières organiques dans le sol jouent sur sa stabilité structurale (battance, portance des terres suite aux pluies), jouent sur la vitesse d’infiltration de l’eau et sa porosité (aussi la capacité à la pénétration des racines, donc sur l’état des plantes) et interagissent sur l’état sanitaire, avec le développement ou non d’une maladie, par l’introduction d’organismes antagonistes.

Quelles façons pour le maîtriser ?

Par les apports de compost ou de fumiers matures, par le choix de la rotation culturale (cultures à fort retour - céréales - ou sans retour de pailles-betterave, pomme de terre), par la façon dont les pailles sont restituées au sol (attention aux sols limoneux battants où les pailles sont à enfouir), et par le choix de cultures intermédiaires (productrices ou non de biomasse - une photosynthèse en dérobé), il va pouvoir améliorer le pool de matières organiques réintégré au sol, se transformant chaque année et stimule les micro-organimes du sol, et plus globalement la fertilité biologique des sols. Ce stock organique limite la toxicité des éléments traces métalliques (complexation manganèse, cuivre…) et favorise la dégradation des micro-polluants organiques et pesticides.

Curieusement, c’est sur le cycle du carbone qu’il faut agir en permettant de fixer toujours plus de carbone dans les sols. Or ce carbone et l’azote contenu dans les engrais verts ou les effluents d’élevage vont nourrir un certain nombre d’animaux, microflore et vers de terre, habitant le sol, se nourrissant de matières organiques et ayant une activité importante de creusement de galeries, d’où la création de porosité horizontale et verticale, bien plus efficace pour stocker de l’eau que la macro-porosité produite par les passages d’outils.

Un sol plein de racines et d’êtres vivants minuscules

Les lombrics maintiennent une bonne porosité, d’autres organismes découpent les débris végétaux en fines particules augmentant la surface de contact pour les décomposeurs suivants, à savoir les champignons et les bactéries se nourrissant de cette masse organique jusqu’à en faire des éléments minéraux utilisables par les plantes (nitrates, gaz carbonique). Plus l’agriculteur va nourrir son sol et plus ce microbisme va pouvoir bien se développer et jouer son rôle d’aggrégation (ciment) des humus et des structures minérales du sol (argiles, sables). L’apport ou la création de matières organiques créera un cercle vertueux sur la structure du sol et permettra un meilleur enracinement des cultures, valorisant mieux l’eau stockée et les minéraux présents et exprimant un potentiel de production plus élevé. Pour illustration, "derrière prairie", avec le fort réseau de racines, et le taux élevé de matières organiques, le potentiel de la parcelle en minéralisation est toujours plus élevé, avec un sol poreux, praticable et plus facile à travailler.

L’entretien de l’état organique du sol doit être considéré comme une priorité dans le raisonnement de la fertilisation.


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