Lundi 3 janvier 2022
Laurent Serteyn

Après quelques années de recherche et d’enseignement en entomologie à la faculté de Gembloux Agro-Bio Tech, Laurent SERTEYN est aujourd’hui agronome chez Greenotec. Convaincu de la nécessité d’une transition agroécologique à grande échelle, il s’intéresse particulièrement aux aménagements et pratiques favorisant les insectes auxiliaires des cultures.

Des bandes de couvert non détruites comme refuges pour les auxiliaires

Coralie Triquet et al. 2022, Agriculture, Ecosystems and Environment

L’association culturale pour augmenter la diversité végétale et promouvoir la présence d’insectes auxiliaires au sein de la parcelle peut souvent s’avérer contraignante : difficulté de mise en œuvre, compétition avec la culture principale, coût élevé...

Fig 1. Bande de couvert non détruite au sein de la parcelle : refuge pour les auxiliaires
Fig 1. Bande de couvert non détruite au sein de la parcelle : refuge pour les auxiliaires

En France, dans la région Rhône-Alpes, des chercheurs ont alors imaginé de préserver une bande de couvert d’interculture au centre de parcelles de maïs et connectée à la bordure enherbée. Le couvert était constitué d’un mélange d’espèces gélives (phacélie et moutarde) et non gélives (seigle et trèfle incarnat). Ces dernières couvriront donc efficacement le sol au printemps (Fig. 1). Pendant la saison, la diversité et l’activité d’Arthropodes du sol ont été évaluées, dans les aménagements et dans la parcelle à différentes distances de la bande.
Des milliers de carabes, araignées, staphylins et opilions ont été recensés dans une douzaine de parcelles ainsi aménagées ! La bande de couvert s’est avérée héberger bien d’avantage de ces Arthropodes que le reste de la parcelle, témoignant de son rôle de réservoir d’auxiliaires. Si, dans la parcelle, il n’y a pas eu plus de ces auxiliaires dans les pièges à proximité de la bande par rapport aux pièges plus éloignés, un effet positif de la proximité de la bande sur l’activité de prédation a bien été observé (Fig. 2).

Fig 2. Activité de prédation en fonction de la distance par rapport à la bande de couvert, pour différents moments de la saison (noir : avant destruction, bleu : semis, vert : 4 feuilles, orange : 8 feuilles, gris : après récolte).
Fig 2. Activité de prédation en fonction de la distance par rapport à la bande de couvert, pour différents moments de la saison (noir : avant destruction, bleu : semis, vert : 4 feuilles, orange : 8 feuilles, gris : après récolte).

Ce qu’il faut retenir :
Les auxiliaires ont besoin de refuges au sein des parcelles pour remplir leur rôle de régulation des ravageurs (comme les limaces).
• Une bande de couvert non détruite peut se transformer en une bande fleurie à moindre coût et peu contraignante  ! Cette pratique peut s’adapter à de nombreux types de couverts hivernaux et de cultures de printemps.
• Pour une lutte biologique par conservation optimale, il est essentiel de combiner les pratiques et aménagements : bordures fleuries, bande de couvert non détruite, association culturale en plein champs…
Pour plus d’informations (article en anglais sur demande) : Triquet C., Roume A., Tolon V., Wezel A. & Ferrer A (2022) Undestroyed winter cover crop strip in maize fields supports ground-dwelling arthropods and predation. Agriculture, Ecosystems and Environment 326 : 107783. https://doi.org/10.1016/j.agee.2021.107783