Mercredi 29 juillet 2020
Frédéric Thomas

Après des séjours aux États-Unis et en Australie, Frédéric THOMAS débute son activité de conseil de terrain et, en 1999, il crée la revue TCS. Il s’appuie aussi sur sa ferme, en Sologne, des terres sableuses hydromorphes à faible potentiel, où il met en œuvre l’AC avec réussite. Il est aujourd’hui l’un des acteurs majeurs du développement de l’AC en France.

Si je pratique l’agriculture de conservation des sols, est-ce que je fais de l’agroécologie ?

L’agriculture de conservation des sols est parfois appelée à tord "non labour". C’est un ancien concept qui ne correspond plus à ce qui se passe vraiment sur le terrain en France chez les agriculteurs qui pratiquent l’agriculture de conservation des sols.
Nous avons évidement abandonné tout travail mécanique du sol et relayé cette action aux vers de terre et aux racines qui font beaucoup mieux avec seulement de la photosynthèse comme source d’énergie. Cependant, lorsque nous parlions de "non-labour" nous étions plus dans une posture négative. Aujourd’hui, l’opinion public est trop binaire et pour beaucoup de sujets comme avec l’agriculture on met trop en avant les "non quelque-chose". Cette posture est source de conflits et est le carburant de l’agribashing !
A partir du moment où on entre en agriculture de conservation des sols et en agroécologie, on adopte au contraire une posture positive. On ne va pas être anti-quelque-chose, on devient pro-ce-qui-est-mieux et qui va progressivement réguler ce qui peut nous ennuyer. En plus les impacts collatéraux ou externalités sont multiples et elles aussi positives.
Enfin ce changement de posture apporte de l’ouverture, de l’écoute et permet de continuer d’évoluer dans cette forme d’agriculture qui est plus une dynamique qu’un aboutissement.
Ainsi, limiter voire supprimer, le travail du sol, les phytos, l’azote n’est plus un objectif mais devient un moyen dans cette boîte à outils encore plus large afin que chacun fasse progresser son système de production en fonction de son contexte, ses contraintes et aussi ses propres attentes.
C’est la globalité de l’approche et la cohérence de juxtaposition de ces éléments qui nous mène vers une agriculture plus agroécologique.