Mardi 26 juin 2018
Thierry Stokkermans

Originaire du Sud-Ouest de la France, Thierry STOKKERMANS a travaillé en Espagne, Nouvelle-Zélande et Australie avant de s’installer aux Pays-Bas. Convaincu par le semis direct à faible perturbation, il conçoit et développe aujourd’hui des machines agricoles (zip drill).

Peaola d’hiver : des idées pour semer cette nouvelle culture

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Le Peaola (figure 1) est le mélange du pois (pea en anglais) et du colza (canola en Amérique du nord). Les Canadiens sont les précurseurs de la technique. Au printemps, ils sèment du pois de printemps et du colza de printemps ensemble dans le même rang et le récoltent ensemble en fin d’été ou/en automne. C’est au moment du triage de la récolte, qu’ils séparent la grosse graine (pois) de la petite (colza).
En Europe de l’Ouest, on préfère le colza d’hiver au colza de printemps car il produit plus. Et on préfère le pois d’hiver pour la même raison. Le peaola d’hiver a, en Europe de l’Ouest, plus de potentiel que le peaola de printemps et les 3 principales questions sont alors : peut-on faire du peaola d’hiver en Europe ? Y-a-t-il une plus-value économique ? Comment gérer cette nouvelle culture ?
Pour récolter une culture, il faut d’abord la semer. On sait semer du pois d’hiver. On sait semer du colza d’hiver. Mais comment semer du Peaola d’hiver ? Et quand le semer ?
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Habituellement, le colza d’hiver se sème en aout et le pois d’hiver en octobre/novembre. Il y a un grand écart entre les dates de semis. Faut-il alors semer deux fois ? Ou faut-il s’arranger pour tout semer en une fois ?
Il y a ici plusieurs pistes à explorer. La figure 1 montre un peaola semé en une fois (semis du mois d’aoûtt a priori) et les figures 2, 3 et 4 montrent un semis en deux fois (premier septembre pour le colza et mi-novembre pour le pois). En 2016/2017, Frédéric Thomas a aussi semé du peaola d’hiver avec un semis décalé dans le temps
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Pour ce qui est de la culture présentée dans les figures 2, 3 et 4, la culture a été ratée (le colza a été semé pour un apiculteur-amateur et il n’y a eu aucun traitement/soin) mais le semis s’est bien passé et il y a des enseignements et observations à en tirer.
Le principal enseignement est le tremplin psychologique : il n’est pas facile de semer du pois dans un colza de 10 semaines même si ce dernier est rachitique. En effet, passer le semoir dans une culture en place depuis 10 semaines n’est pas simple car on a peur d’abimer la première culture et ça l’est encore plus dans les conditions humides de novembre car on risque de tasser le sol et d’asphyxier les racines de la culture en place (lien vidéo YouTube). Néanmoins, ayant semé les deux plantes avec un semoir à interrang de 60 cm (figure 5), il y avait assez de place pour semer le pois entre les colzas sans abimer ces derniers et ceci sans utiliser le RTK. Pour ce qui est du tassement, j’ai utilisé un petit tracteur avec un semoir monograine Monosem NG+ qui est relativement léger.
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Au niveau des observations (et sans entrer dans le détail des explications) :
- Le peaola devrait bien se combiner avec la technique du colza associé.
- Si le pois est semé en décalé dans le temps et que le colza (ou colza associé) a une biomasse importante, je conseille d’utiliser un semoir qui crée un contact sol-graine propre pour assurer une bonne germination et une bonne levée.
- Si c’était à refaire, je sèmerai le pois plus tôt. Disons mi-octobre.
- Si c’était à refaire, je prendrai un semoir avec un interrang plus serré. Disons entre 40 et 50 cm pour avoir le pois à 20/25 cm du colza.
Entre le peaola Belge semé en une fois et probablement avec le combiné sur la herse rotative et mon peaola semé à 10 semaines d’intervalle et en direct avec le monograine, il semblerait qu’il y ait mille et une façon de semer le peaola. Maintenant, pour les intéressés, il faudra trouver la meilleure technique pour chez vous. C’est-à-dire la technique qui est à la fois efficace et sûre dans votre système de production et dans votre terroir.