Mercredi 27 septembre 2017
Thierry Stokkermans

Originaire du Sud-Ouest de la France, Thierry STOKKERMANS a travaillé en Espagne, Nouvelle-Zélande et Australie avant de s’installer aux Pays-Bas. Convaincu par le semis direct à faible perturbation, il conçoit et développe aujourd’hui des machines agricoles (zip drill).

Apport de lisier dans les prés néerlandais : des pistes d’amélioration ?

Lisier à la surface du sol

Le lisier est un engrais organique qui peut émettre de l’ammoniac et du protoxyde d’azote. La méthode ancestrale pour un apport de lisier est de l’épandre en surface (figure 1) mais la science a mis en évidence que cette pratique émet de l’ammoniac. C’est pourquoi, il y a environ 25 ans, les autorités néerlandaises ont décidé de légiférer.
Aujourd’hui, dans les prés néerlandais, la majorité du lisier est injecté dans les premiers centimètres de sol car cela réduit largement les émissions d’ammoniac (figure 2).
Cependant, le fait d’injecter le lisier superficiellement a des conséquences négatives sur la vie du sol. Les éleveurs néerlandais pensent à leur sol et certains remettent en cause les textes légiférant les apports de lisier car ils impactent la vie du sol, ses effets positifs sur l’environnement et la productivité des pâturages. Ces agriculteurs voudraient que les règles changent pour pouvoir épandre en surface de nouveau.

Lisier et injection superficielle

A la lecture des rapports de l’université de Wageningen sur le sujet, il ressort qu’une solution n’a pas été étudiée : injecter le lisier entre 10 et 30 cm avec un outil à faible perturbation du sol (figure 3).

Lisier injecté en profondeur

Cela consiste à placer le lisier plus profondément dans le sol en utilisant un injecteur qui perturbe très peu le sol. D’une part, la profondeur de 10 à 30 cm permet d’épargner la vie du sol dans l’horizon de surface là où elle est la plus active et, d’autre part, l’injecteur à faible perturbation de sol épargne les plantes fourragères ce qui permet de maintenir la production au niveau actuel. Il est probable que cette solution ne fut pas étudiée à l’époque car la technologie n’était pas disponible pour les agriculteurs. Cependant, la technologie existe aujourd’hui à l’état de prototype et pourrait être commercialisée. La figure 4 montre que la technique respecte la plante et sa croissance. Aucune chute de rendement n’a été observée. Le lisier est placé près des racines et est facilement disponible (figure 5). La dose était de 44m3/ha.

Photo sillon avec injection profonde de lisier

L’injection de lisier à plus grande profondeur et avec une technologie de faible perturbation du sol semble permettre de :
- Réduire ou éliminer les émissions d’ammoniac.
- Réduire ou éliminer les émissions de protoxyde d’azote.
- Protéger la vie du sol dans l’horizon de surface là où elle est la plus importante et la plus intense.
- Maintenir la productivité et le rendement au niveau actuel.
Cependant, ces hypothèses n’ont pas encore été vérifiées par un organisme indépendant tel que l’université de Wageningen. Néanmoins, les premiers essais montrent que l’injection en profondeur avec faible perturbation du sol semble être une solution puissante pour maintenir des niveaux faibles d’émissions d’ammoniac et de protéger la vie du sol dans les premiers centimètres.

Photo intérieur sillon avec injection profonde lisier