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Au Brésil, ils sortent le pulvé vingt fois par an ! Les résistances se développent

Michael Horsch, est le dirigeant de l’entreprise allemande de matériel Horsch. Il donnait une conférence en Mayenne le 22 novembre, auprès d’agriculteurs et d’entrepreneurs.

Propos recueillis par Rémi Hagel pour l’Avenir Agricole n°1776, novembre 2016.

JPEG - 54 koLa nature veut de la diversité.” Ce n’est pas un “Khmer vert” qui le dit, mais un fabriquant de gros outils de travail du sol. “Au Canada, on a réalisé un monstre : un semoir de 24 m, de 80 t, à 800000 $.” L’agriculteur s’embourbe, il n’en veut plus, mais à qui le vendre ? Peut-être en France ?” On sourit. “Pendant trente ans, j’ai produit des systèmes modernes, que j’ai mis en avant, mais j’ai contribué à réduire la diversité. Sauf qu’un jour, la nature reprend ses droits.” Lui qui voyage cite des exemples à la pelle : “Partout où ils cultivent plus de 50 % de blé dans la SAU, ils pleurent. Les résistances se développent. Au Brésil, il y a dix ans, ils sortaient le pulvé deux fois par an, aujourd’hui c’est vingt fois par an ! Les pesticides ont de moins en moins d’efficacité. Dans le Nebrasaka, il restait des cannes de maïs pas décomposées six mois après la récolte. Depuis qu’ils utilisent des OGM, et traitent beaucoup, il n’y a plus de bactéries dans le sol. Les pratiques sont devenues trop extrêmes. Tous les cultivateurs que je rencontre réfléchissent à s’adapter.” Il prédit que les surfaces en blé vont diminuer en Europe de l’Ouest.

Michael Horsch réalise cette “autocritique”, mais reste optimisme. “On est allé trop loin,
mais cela permet de se rendre compte de nos limites, comme pour les enfants.” Il ne va
pas arrêter son métier pour autant : “Je vais continuer à construire des machines larges,
mais plus légères.” Il invite à s’intéresser à l’agriculture de conservation, promue par Frédéric Thomas. “Cette thématique est de plus en plus une réalité.” Il avoue que “les Allemands viennent en France pour apprendre.

Heureux sans OGM

“Soyons heureux de ne pas avoir démarré les OGM chez nous.” Il l’affirme au regard des dégâts qu’il a constatés en Amérique. Il le dit aussi par rapport au marché. “Ce n’est pas nous qui déterminons ce qui est bien : c’est la nature, et c’est le consommateur. Pourquoi Monsanto a été vendu à Bayer ? Parce que leur modèle économique est foutu. Les chaînes européennes de supermarchés ont forcé Monsanto à vendre : elles ne veulent plus
d’OGM. Leur volume d’achat est de dix milliards d’euros. Le pouvoir de l’Internet et du
consommateur augmente.” En Californie, les jeunes ingénieurs de la Silicon Valley ont réussi à “mettre une platine de verre dans la poche de tout le monde, même d’un vieux comme moi” décrit-il, son téléphone portable à la main. “Toutes les cinq minutes, je vérifie s’il y a un message. A mon avis, cela ne fait que démarrer. Ces jeunes vont faire des propositions à des milliards de consommateurs. Et ils vont réussir à changer nos habitudes alimentaires, selon ce qu’ils considèrent plus sain : moins de viande, moins de lait, moins de sucre. Ce sera surtout auprès de ceux qui ont 10-20 ans, mais cela aura un impact rapide sur la manière dont nous produisons.” Cela peut être accueilli comme une mauvaise nouvelle, mais selon lui, mieux vaux aller de l’avant que de ne rien faire. “Nous aurons des chances à saisir !”

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