Mardi 15 mars 2016
Cécile Waligora

Biologiste, écologue et agronome de formation, Cécile WALIGORA anime et rédige aussi pour la revue TCS. Elle s’intéresse tout particulièrement à la biodiversité des agroécosystèmes.

Entretien des bords de champs : il est encore temps

Bande enherbée
Nous sommes mi-mars. Si vous devez entretenir certaines bordures de parcelles (je pense au broyage, fauchage des bandes enherbées, talus, fossés…), il est encore temps de le faire. Mais n’attentez pas après le mois d’avril car nous serons alors en pleine période de reproduction de toute la faune sauvage dite « ordinaire », qui vit dans les agroécosystèmes et notamment dans ces bordures. Il y a, bien sûr, le petit gibier mais pas seulement : cela va des minuscules invertébrés aux vertébrés de tous poils et plumes qui font, ensemble, l’équilibre des chaines alimentaires et contribuent au maintien d’un bon état sanitaire de vos parcelles. Il est donc essentiel de ne pas trop perturber tout ce petit monde qui, sans le savoir, œuvre pour vous : entre avril et septembre, laissez le broyeur ou la faucheuse de côté. Privilégiez un entretien entre l’automne et la fin de l’hiver.

Vous allez me dire : « oui mais si je laisse passer la montée à graines des espèces végétales présentes en bordure de mes parcelles, je risque fort une contamination de mes cultures ». Ne croyez plus cela. De récentes étudesconduites notamment par l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage), via tout particulièrement le réseau national Agrifaune, démontrent qu’il s’agit là d’une idée reçue. Environ 80 % des espèces végétales présentes dans les bords de champs ne se retrouvent pas dans les parcelles adjacentes, même si aucun entretien n’est réalisé entre avril et septembre. Si les bords de champs sont composés seulement d’une flore ordinaire, peu problématique, on peut même se passer d’un entretien une année sur deux. Quand je parle d’entretien, il va sans dire qu’il faut éviter l’emploi d’herbicides et, lorsque l’action est mécanique, éviter d’agir trop près du sol et mettre certaines zones à nu.
Par contre et évidemment, le cas sera différent si, par exemple, certaines espèces comme le vulpin sont présents. Là, il vaut mieux intervenir mécaniquement avant la montée à graines.