Mercredi 24 juin 2015
Frédéric Thomas

Après des séjours aux États-Unis et en Australie, Frédéric THOMAS débute son activité de conseil de terrain et, en 1999, il crée la revue TCS. Il s’appuie aussi sur sa ferme, en Sologne, des terres sableuses hydromorphes à faible potentiel, où il met en œuvre l’AC avec réussite. Il est aujourd’hui l’un des acteurs majeurs du développement de l’AC en France.

« 60 ans que l’agriculture a tout faux » par Loïc Chauveau

Semis direct dans un BiomaxSi vous avez eu la chance de lire cette article intéressant (http://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/20150616.OBS0886/60-ans-que-l-agriculture-a-tout-faux.html) , au delà du titre un peu trop provocateur à mon sens, l’auteur relate une expérimentation qui en situation prairial fait très nettement ressortir les avantages multiples des associations (plus de production, plus de régularité ou plus de résistance à la sécheresse…) Oui l’agriculture conventionnelle en allant vers la production mono-spécifique voire la mono-culture s’est progressivement écartée de la diversité végétale jusqu’à en subir en retour de lourdes conséquences aujourd’hui (soucis de salissement et de résistance par exemple). Cependant et cela depuis plus de 20 ans, les agriculteurs des réseaux AC appliquent de plus en plus ces principes d’association et vérifient tous les jours les bénéfices d’inscrire de la diversité dans leurs systèmes agricoles :

- La première et la plus importante diversité végétale apportée est au sein des couverts végétaux. Les Biomax de 5 à 15 espèces en association, outre garantir une bien plus forte production de biomasse, établir une concurrence racinaire et améliorer efficacement la structure du sol, apportent beaucoup plus d’adaptabilité en fonction des conditions de sol et climat de l’année et globalement de résilience. A ce titre, Raphaël Charles de l’Institut de Changins en Suisse nous expliquait récemment comment il avait testé différents mélanges de couverts sur plusieurs années pour constater que la formule de la meilleure association n’est jamais la même. Sa conclusion : associer une gamme plus large de plantes pour être sûr de ne pas se tromper plutôt que de chercher le couvert idéal. C’est aussi notre avis et à ce titre, vous pouvez vous reportez aux pages téléchargeables que nous avons mis à disposition sur le site http://agriculture-de-conservation.com/IMG/pdf/couverts_vegetaux_2014.pdf

- La stratégie développée avec les colzas associés est aussi une ouverture sur plus de diversité dans les systèmes de culture et l’assurance d’une certaine adaptation en fonction des conditions de la fin de campagne et de l’hiver. C’est également pour cette raison qu’il est préférable d’enrichir le couvert avec des profils de plantes différentes que de rester sur des associations trop simplistes.

- Les cultures associées ou mélanges fourragers (méteils), pratique plus répandue en AB et en élevage utilise également la puissance d’adaptation d’une diversité végétale. Là aussi le résultat ou plutôt la part de chacun des composants est moins prévisible (fonction des conditions) mais la production finale moyenne est toujours supérieure avec moins d’intrants et surtout d’azote. C’est une approche que les réseaux AC doivent intégrer de plus en plus dans leurs itinéraires techniques. Cependant et avant, il faut accéder à une gestion maitrisée du salissement : un autre point qui passe par la rotation et aussi une forme de diversité végétale spatiale et temporelle.

- les mélanges variétaux, même si leurs effets sont plus réduits, sont en complément un premier niveau d’entrée vers la diversité intra-parcellaire avec logiquement toujours un bonus à la clé.

- enfin le SD sur couvert permanent (principalement légumineuses pérennes et prairies) est le moyen de tuiler habilement des plantes très performantes dans des conditions spécifiques afin de construire des enchainements très productifs et capables de récolter le maximum de photosynthèse.

A la vue de ces exemples, toute l’agriculture n’a pas tout faux. Déjà de nombreux producteurs, notamment des réseaux AC, mettent déjà à l’épreuve dans leurs parcelles des associations de toutes sortes sans vraiment attendre la confirmation de la recherche qui nous conforte cependant dans cette stratégie.

Voir en ligne : 60 ans que l’agriculture a tout faux