Lundi 22 juin 2015
Cécile Waligora

Biologiste, écologue et agronome de formation, Cécile WALIGORA anime et rédige aussi pour la revue TCS. Elle s’intéresse tout particulièrement à la biodiversité des agroécosystèmes.

Campagnols : pics et crash

Campagnol des champsVous l’avez tous remarqué : il y a des années à campagnols et des années « sans ». Nous sommes plutôt dans une année avec… Le campagnol est une espèce très prolifique, en particulier le campagnol des champs. A un mois seulement, la femelle est capable d’avoir des petits. La gestation ne dure que 3 semaines avec, à la clé, une portée de 5 à 6 jeunes. Bilan : 1 couple peut engendrer, en une saison, une 100aine d’individus. La période la plus favorable à la reproduction va de mars à septembre-octobre, suivant les conditions. En hiver, on assiste à un déclin : la reproduction diminue, voire s’arrête et il y a plus de mortalité. Chaque année, on assiste donc à un creux de population en hiver et un pic à l’automne. Mais dès lors qu’il y a beaucoup de campagnols, les prédateurs sont favorisés et, en premier lieu, les prédateurs spécialistes du campagnol comme les petits mustélidés type belette ou hermine. Leur nourriture étant à profusion, elles en profitent et se reproduisent en conséquence. Mais il y a automatiquement un décalage et le temps que la population de spécialistes augmente, il peut se passer 2 ou 3 ans. Une fois le niveau de population suffisant, ces prédateurs impactent très fortement sur la population de leur proie dont le niveau s’effondre. C’est le crash du campagnol. Et inévitablement, cette chute entraîne celle de ses spécialistes, qui disparaissent aussi (pour faire simple) et le cycle recommence. Pour autant, une autre catégorie d’acteurs intervient : les prédateurs généralistes, le renard notamment. Ce type de prédateur est plus opportuniste, il ne se nourrit pas que de rongeurs : sa population ne décline donc pas quand celle de campagnols le fait. Ils sont donc particulièrement intéressants car leur action est permanente. L’idéal est en fait d’avoir un juste équilibre entre spécialistes et généralistes, tout aussi importants les uns comme les autres. Si vous voulez en savoir plus, le TCS de cet été leur consacre son dossier… Il explique les cycles mais surtout pourquoi on est arrivé à de telles situations et expose des pistes d’action.