Dans une recherche de sols capables de s’autostructurer, habités d’une activité biologique riche et variée, les couverts végétaux font partie depuis de nombreuses années des itinéraires culturaux des TCSistes. Avec l’influence de l’Amérique du Sud et le développement du semis direct sous couvert, cette pratique rencontre un vif intérêt qui engendre énormément d’essais, de mesures et d’observations. Bien qu’épars, les résultats sont encourageants et hissent les couverts végétaux au rang d’outils incontournables de l’agriculture de conservation. Leur mise en œuvre n’est cependant pas si simple et les retours sur investissement ne sont pas aussi systématiques.
La structuration du sol est certainement la première motivation : beaucoup souhaitent remplacer le fissurateur par des racines. Cependant, rechercher des couverts avec d’imposantes racines comme des radis ou autres crucifères pour ameublir le sol voire ouvrir des compactions, est certainement une erreur :des racines de gros diamètre, à l’instar du colza,sont facilement bloquées dans leur exploration du sol. À l’inverse, des racines fasciculées et fines comme celles des graminées, de la phacélie et de certaines légumineuses, arrivent plus facilement à trouver les failles et se glissent dans les galeries et les interstices pour une colonisation plus diffuse,profonde et homogène, établissant un réseau racinaire que pourront réemprunter et améliorer les plantes et cultures qui suivront. Plus que l’action d’une plante en remplacement d’un ameublisseur, il convient de parier sur le cumul de l’action des couverts, des cultures et de la faune pour restructurer ou plutôt réorganiser le sol dans le temps, tout en enrichissant le profil en matière organique.
Dans le cas où la structure du départ est compacte ou présente des semelles, il est plus judicieux d’utiliser un ameublisseur afin de sécuriser dans un premier temps le développement racinaire des couverts comme des cultures.
Sécurisation des rendements
Au-delà de la qualité de l’organisation de la structure, de l’entretien et du développement d’une activité biologique performante, les couverts captent et recyclent toutes sortes d’éléments majeurs et oligoéléments, en plus des grandes quantités d’azote. D’abord prélevé et stocké sous forme organique,l’ensemble de ces éléments sera progressivement restitué avec une meilleure disponibilité (fertilisation organique). Cependant, de nombreuses observations et des mesures confirment que les premières années peuvent se solder par un stockage net principalement au niveau de l’azote pouvant entraîner une pénalisation des rendements (voir le dossier azote de TCS n° 28). La conduite, le choix des espèces, l’époque et le mode de destruction seront donc à adapter pour limiter ce risque, tout en faisant progressivement croître « le volant d’autofertilité ». Il s’agit en fait de la constitution avec le recul d’un stock de matières organiques très labiles (facilement minéralisables) et d’une activité biologique fine qui viendront progressivement augmenter les fournitures du sol en quantité mais également en diversité. Avec la pratique, ce risque s’estompe et le développement du « volant d’autofertilité » conduit même à des économies d’engrais.
De plus, chaque plante exerce des préférences sur des éléments et met donc en action des stratégies propres afin de les mobiliser voire de les solubiliser. Ainsi, la multiplication d’espèces différentes sur un même site ne fera qu’accroître la qualité du pool organique et la fertilité du sol. Au-delà des aspects nutritifs, l’augmentation de matière organique,le meilleur stockage et redistribution de l’eau,la qualité et la profondeur de l’organisation structurale du sol, la rugosité de surface et la dynamique de l’activité biologique concourent à une sécurisation des rendements voire un déplafonnement en moins d’une dizaine d’années.
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