Mardi 18 février 2014
Matthieu Archambeaud

Après avoir rejoint F. THOMAS dès 2003 et mis en place le site agriculture-de-conservation.com, M. ARCHAMBEAUD a été l’un des initiateurs d’Icosystème, plate-forme d’apprentissage en ligne dédiée à l’agroécologie, l’agroforesterie et l’agriculture de Conservation qu’il anime aujourd’hui.

Affaire Giboulot : vers plus de judiciarisation ou plus de concertation ?

crédit : http://owni.frUne fois n’est pas coutume (mais ça pourrait le devenir), je ne traiterai pas de technique ou d’agronomie mais d’un sujet plus polémique voire politique. Vous avez sans doute entendu parler d’Emmanuel Giboulot, ce viticulteur en biodynamie de la côte de Beaune, qui a refusé de traiter son vignoble contre la cicadelle. Cet insecte est le vecteur de la dévastatrice flavescence dorée et fait l’objet d’une lutte collective obligatoire.

Convoqué au tribunal d’instance, les arguments de M. Giboulot, en bio depuis 30 ans, sont les suivants :
- d’une part, l’insecticide, à base de pyrèthre, bien qu’homologué en agriculture biologique, est un insecticide à large spectre qui détruit aussi bien les ravageurs que les auxiliaires et les pollinisateurs ;
- il existe des solutions alternatives non moins efficaces ;
- on lui demande de traiter à titre préventif son vignoble, sans risque identifié dans la zone.

Le propos n’est pas de savoir exactement qui a tort ou qui a raison, d’autant plus que cela dépend du point de vue où on se place (collectif, individuel, symbolique, politique, technique...). Ce qui est beaucoup plus inquiétant c’est la tournure que prennent les choses puisque ce viticulteur va passer au tribunal le 24 février : on passe d’une affaire administrative qui devrait concerner la profession et l’administration à une affaire criminelle ou l’on va demander à un juge de trancher une question infiniment complexe sur laquelle il est incompétent.

Les dérives judiciaires, voire autoritaires, deviennent de plus en plus fréquentes et il me semble intéressant de se mobiliser pour laisser la place à la discussion et à la concertation plutôt qu’à la répression et aux idéologies d’où qu’elles viennent. Espérons qu’Internet serve de relais démocratique, rôle auquel il est entre autres destiné.

Pour ceux que ça intéressent des pétitions circulent actuellement et montrent que le fait divers a largement dépassé les protagonistes :
- pétition de l’ipsn ;
- page facebook : https://www.facebook.com/emmanuelviticulteurbioprison