Philippe Pastoureau

Éleveur dans la Sarthe et ACiste reconnu, Philippe PASTOUREAU multiplie les essais, toujours à la recherche d’amélioration. Rédacteur de longue date sur A2C, il relate ses expériences : un véritable appui technique et un vrai régal à lire !

Voici mon objectif à atteindre, l’A2C...

Mon objectif est simple, je veut aller vers l’A2C ... A2C est l’abréviation "sms" de l’Agriculture de Conservation (AC), si j’insiste sur ce terme c’est parce que je pense qu’il y a trop d’incompréhension dans les objectifs à atteindre et dans les termes employés. Vous m’aurez compris, ce n’est pas parce que l’on arrête le labour que l’on fait du semis direct ( avec un chisel lourd puis une herse et un semoir). Je ne jouerais pas sur les mots, vous savez bien que pour moi, labour-TCS-TSL-SD, sont des formes de pratiques agricoles qui n’ont aucune durabilité sans le soutien de la chimie où d’une mécanisation très énergivore.

On a vu sur les topics précédent que ce sont les racines qui structurent durablement le sol (glomaline). Des résidus posés sur le sol alimentent les laboureurs biologiques (VdT ), qui au passage vont véhiculer des bactéries nécessaires à l’absorption des éléments nutritifs issu de la digestion de ceux-ci, mais cette accumulation de résidus posé sur le sol nécessite de l’azote pour se décomposer, d’où l’obligation de mettre des légumineuses dans la rotation ou dans les couverts.

Alors évidemment, à nouveaux objectifs, nouvelle règlementation...

Oui mais... si par miracle nos dirigeants ont envie de promouvoir une agriculture associant économie et écologie :
- Est-ce que la majorité des agriculteurs sont près à changer leurs pratiques ???
- Est-ce que les agriculteurs qui subissent les aléas climatique actuel remettent en cause leurs pratiques ???

Le mois dernier, j’ai suivi les traces de mon Papa qui ne loupait pas un salon du matériel agricole, histoire d’être informé du matériel dernier cri. Je vous parle ici d’il y a 30 ans, mais j’ai voulu vérifier si ce salon était toujours aussi novateur et précurseur. J’ai tout d’abord été à Versaille où j’ai vu de grand groupe faire la promo de leur produit, histoire de montrer qu’ils sont plus blanc que blanc. J’ai vu des institutions avec de grand stands, de charmantes hôtesses, des gens bien habillés , mais pas d’agriculteurs !!! Et a coté, du coté des animaux, des petits stands où on ne pouvait quasiment pas circuler tellement les présentations que faisaient les agriculteurs sur leurs métiers ou leurs produits attiraient la foule. J’en déduit que sur ce salon, la passion était parfaitement récompensée. Pour Villepinte, on passe à l’échelle internationale, avec des machines nickel-chrome, si vous chercher des outils pour couper les vers de terre en 2, 4 ou 8, vous êtes obligé de trouver votre bonheur !!! Par contre, si vous parlez un peu d’agronomie aux commerciaux, j’ai comme l’impression que ceux-ci n’ont pas les mêmes objectifs. Ils étaient tous connectés aux satellites qui les guident on ne sait où, on va bientôt recevoir toute les informations d’en haut, alors que l’on ne regarde même pas ce qui se passe en dessous ... Bref, je suis revenu un peu écœuré, la vision des champs le long de l’autoroute me désole de plus en plus, mais que faire ???

Aide toi et le ciel t’aidera

Ouf, de retour sur ma ferme, j’ai retrouvé mes champs labouré par mes anéciques, le composteur ( tube digestif de l’anécique) tourne a pleins tubes, mes cultures reprennent des couleurs, et les précipitations a répétition que nous subissons semblent ne pas trop endommager mes sols.
Il est évident pour moi que mon "moniteur", je ne le trouverait pas à Paris et pour l’instant pas dans un organisme de développement Français. Heureusement pour moi qu’il y a le net, cela ouvre des portes a ceux qui veulent bien les ouvrir, et ainsi j’arrive à dénicher des vidéos ou des présentations qui pour moi deviennent des objectifs à atteindre.
- Je sais où je veut aller, on me montre comment faire.
Attention toutefois, ce que vous allez voir sur les images qui vont suivre n’est sans doute pas transposable telle-qu’elle chez vous, mais regarder bien chaque image, le stade des arbres quand l’agri rentre dans son champs pour semer, le semoir Français "arrangé" pour semer sous couvert, ... Puis retenez qu’il faut une transition avant de se permettre ces pratiques, je vous conseil de sécuriser cela en remontant progressivement la profondeur de travail de vos outils, jusqu’au stade ultime. Une période de 5 ans peut être nécessaire, plus signifie probablement que vous n’êtes pas sur la bonne piste...

- Allez, je vous laisse devant ces belles images, je vous dit cela parce que tout est en anglais et donc que je n’y comprend rien, mais les images parlent d’elles-même.
Vidéo de 28 mn réalisé par la ENTSC (East National Technology Support Center) chez 3 agriculteurs de Caroline du Nord.

- Je vous propose ici un pdf d’une vision encore plus abouti de l’A2C, Jeff Moyer nous explique ici pourquoi il faut tendre vers l’abandon de la chimie. Attention toutefois, sa vision de l’agriculture biologique est assez lointaine de ce que nous connaissons en France, et elle est finalement assez proche des pratiques que je veut mettre en place. PdF de 19 Mo

Pour les lecteurs, voici son dernier livre Organic no-till farming

Voici une vidéo de Jeff lors de sa venue à la FNAB en 2012, il y a une traduction et son approche de la recherche, et la notion de produire durablement et sainement mérite l’écoute. Comme la vidéo dure 40 mn, je vous conseille de l’écouter tout en surfant sur le net ( les images passant sur la vidéo sont celle du pdf).

- Vous êtes ni céréalier, ni bio, voici un exemple de formation qui peut vous plaire : Mieux connaître les sols afin d’aider les agriculteurs à améliorer leurs itinéraires techniques, tel est l’objectif du projet de cartographie des sols à vocation d’élevage sur la Basse Navarre qu’a piloté l’association BLE avec l’appui précieux du géologue Yves Hérody en 2011-2012.

Aux Etats-Unis, la révolution agricole du "sans-labour" a commencé, soutenu par l’état (c’est le soutien de l’état qui m’intéresse sur cette vidéo, à l’inverse du système d’assurance revenu cité plus haut).