A Versailles, il y a certes un château bien connu mais qui n’aurait pas sa valeur sans ses célèbres jardins. Et son potager ! Jusqu’au XIXème siècle, on n’imaginait pas de château sans potager. C’est donc tout naturellement que Louis XIV eu droit au sien, digne de son rang. Sa création fut confiée à Jean-Baptiste de la Quintinie, avocat et agronome du XVIIème siècle.
Le Potager du Roi fut et est encore un véritable laboratoire expérimental où la Quintinie testa différents procédés de taille, de traitement ou de multiplication. Il abrite aujourd’hui encore une école, l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage. On y donne également nombre de formations pour les amateurs et les productions sont vendues sur place. Environ quatre cents variétés fruitières et autant de variétés légumières récentes et anciennes sont cultivées au Potager du Roi. Et que découvre-t-on ? En l’honneur des 20 ans de France Plants [1]. en 2011, un essai sur la culture des pommes de terre sans labour et sous paillage a été mis en place. Ce fut plutôt une réussite comme nous l’explique la jardinière en chef du Potager du Roi, Christine Dufour : « Cet essai comprenait une multitude de variétés et de répétitions. Le précédent était un maïs puisque nous avions, sur le site, un labyrinthe en maïs. Après arrachage, les cannes ont été broyées, laissées sur place avec ajout de paille. Le matelas ainsi constitué faisant environ 10 cm d’épaisseur et, au fur-à-mesure de sa dégradation, nous en avons rajouté. Cette année-là, la plantation a été tardive, en juin. Nous avons juste ouvert la paille pour y déposer les plants et refermé derrière. Les opérations suivantes se sont résumées à rajouter à nouveau de la paille au fur-et-mesure de son évolution. La récolte s’est faite en septembre dans un sol agréable, bien meuble grâce au paillage. Il y a avait un peu de verdissement là où il manquait un peu de paille mais pas de manière à remettre en question la technique. Si la période n’avait pas été propice à une attaque de mildiou, cela aurait été très positif. » Suite à ce premier essai, le Potager du Roi a réitéré l’expérience en 2012 (lui seul). « L’essai était plus modeste, indique la spécialiste, nous avons planté plus tôt, en mai mais malheureusement, encore une fois et de façon beaucoup plus importante, le mildiou nous a joué de mauvais tours. »
Convaincus néanmoins par l’intérêt du paillage (protection du sol, de sa vie et, surtout, non travail du sol fastidieux et coûteux), l’équipe du Potager a décidé de réessayé cette année, quand le printemps voudra bien s’installer. Son seul frein est en fait, extérieur : « nous n’avons pas de paille et il faut l’acheter », résume C. Dufour. Avis aux éventuels exploitants qui seraient proches de Versailles : si vous avez trop de paille pour vos vers de terre, vous savez maintenant à qui en faire bénéficier !