Vendredi 12 juillet 2013
Jean-Marc Sanchez

Vers de terre - Le saviez- vous ?

Le ver de terre - Lombricina ou lombric - est tout sauf un animal banal ! Sachant se rendre quasi-invisible sans être microscopique, silencieux travailleur de l’ombre et de l’extrême, il a captivé l’Homme des civilisations anciennes et fascine encore l’Homme moderne !

Quelle est son origine ? Comment apparaît-il ? Que fait-il exactement dans la terre ? Questions qui ont tout naturellement placé, dans l’Antiquité notamment, le ver de terre au cœur de légendes et de mythes sur l’origine de la vie ! D’une certaine façon, les hommes avaient compris avant que la science ne le démontre, que le ver de terre avait une fonction essentielle au sein de l’éco système.

Un peu d’histoire pour mieux comprendre

En INDE, Krishna, comme la plupart des enfants met dans sa bouche une poignée de terre avec un ver. Aussitôt, sa mère Dévahi se précipite pour lui ouvrir la bouche, on dit alors qu’en l’entrouvrant elle y a vu l’Univers.

En GRECE, dans l’Antiquité (1ère période de l’histoire connue d’une civilisation qui coïncide avec le début de l’écriture), les vers sont appelés « les intestins de la terre », formule imagée, ô combien juste si l’on considère la réalité et les découvertes à venir !

En EGYPTE, toujours durant l’Antiquité, les vers sont bien connus dans la vallée particulièrement fertile du Nil. Ils y jouissent d’une grande considération. CLEOPATRE désigne à cette époque le ver de terre « animal sacré », c’est la plus haute distinction jamais accordée au ver de terre dans l’histoire ! Il était même demandé aux agriculteurs de ne pas déranger les vers pendant leurs travaux !

En Haute Bretagne, le corps de l’Homme était selon les croyances habité par trois vers, si un homme se noyait, chacun de ces 3 vers s’incarnait en un ossement. En se séparant de l’homme noyé, ces 3 ossements se transformaient 3 mois plus tard en coquillages, eux aussi au nombre de 3 (chiffre sacré chez les Celtes).

Les exemples très nombreux, ne pouvant tous être cités, montrent combien le ver de terre hante l’imaginaire de l’Homme depuis toujours. Instinctivement, il l’associe à la fertilité, au thème de la transformation, au cycle de la vie et par-dessus tout à l’équilibre de la terre. Entre la période antique et le début du 19ème siècle (DARWIN 1809/1882), on semble moins s’intéresser au ver de terre, peu d’écrits ou d’informations paraissent à ce sujet.

Au 19ème et début 20ème, le ver de terre est plutôt considéré comme malfaisant. Dans les cours d’agriculture de l’abbé François ROZIER (botaniste et agronome français 1737/1793), un chapitre traite des aspects nuisibles de l’animal. L’agronome préconise même la destruction des vers, allant jusqu’à décrire les moyens d’y parvenir comme : les collecter la nuit en silence à l’aide d’une lanterne ! De rares naturalistes de cette période ont néanmoins compris l’importance des vers, dont l’anglais Gilbert WHITE (également ornithologue) considéré comme l’un des pionniers de l’écologie.

Mais c’est Charles Robert DARWIN, naturaliste anglais (1809/1882) qui redonnera au ver ses « lettres de noblesse » ! Et on peut parler de la popularité des vers de terre avant et après DARWIN. En 1881, 20 ans après « De l’origine des espèces » qui a révolutionné la biologie, DARWIN publie son dernier ouvrage : « La formation de la terre végétale par l’action des vers de terre avec des observations sur leurs habitudes ». C’est un ensemble de textes qui remet totalement en cause les idées que l’homme a de la nature et de sa vie souterraine.

L’utilité des vers de terre mise au jour par DARWIN s’est vite imposée en agriculture mais aussi bien au-delà, en dehors des milieux spécialisés. Ce savoir n’a depuis cessé de s’enrichir.