Philippe Pastoureau

Éleveur dans la Sarthe et ACiste reconnu, Philippe PASTOUREAU multiplie les essais, toujours à la recherche d’amélioration. Rédacteur de longue date sur A2C, il relate ses expériences : un véritable appui technique et un vrai régal à lire !

Quand 2 fous (ou plus) se rencontrent...

C’est une histoire de fous, qui aurait cru il y a quelques années qu’il était parfaitement possible en agriculture de« gagner plus en travaillant moins » !!!

Le pire dans cette histoire, c’est que je ne suis pas le seul à le penser. J’ai remarqué que d’autres agris en avait marre de fabriquer des mottes et qu’il serait plus judiciable de concentrer tous nos efforts à l’endroit ou l’on veut faire germer la graine qui nous fera gagner de l’argent. On va pour cela associer du travail mécanique ( machine ) à du travail biologique ( racine- lombrics ). Ce couple est la clé du succès, qui vous allez le voir est en train de bouleverser un peu les concepts.

( Cliquez sur les photos pour les agrandir )

Le strip till mis à nu

Les pionniers n’apprendront pas grand chose sur cette vidéo, mais elle est parfaite pour les novices.

L’AFJA a organisé, lors du SIMA, une conférence sur le strip-till, le 25 février 2013 à Paris Nord Villepinte. Cette technique, qui vient des Etats-Unis, fait de plus en plus d’adeptes en France. Le principe est simple : ne travailler profondément qu’une faible bande de terre sur la ligne de semis. Bénéfices agronomiques, gains de temps et de carburant, le strip-till présente de nombreux avantages, mais nécessite une certaine technicité et une approche globale. Source

Je retiens de cette vidéo que nos organismes de recherche et de vulgarisation sont des Sages, vous comprendrez pourquoi à la fin de ce post.

Place aux fous...

- Je vais ici vous poster quelques exemples de cas concrets mis en place chez des copains ou des agris un peu partout à travers le monde. On retrouvera à travers les différents exemples beaucoup de similitudes, le but recherché est le même et les machines misent en oeuvre n’ont finalement que peu d’influence. Le concept de base est souvent identique : On nourrit son sol avec des couverts ou des résidus pour qu’il devienne performant, et on assure avec un minimum de travail mécanique le démarrage des cultures. Une phrase d’or est a retenir : "Je sème sur du vert, mais le semoir doit faire de la poussière..."

Le Strip till consiste à travailler en bandes, d’agriculteurs.

([ Retrouvez Victor sur agricool alias Potatoes )

Je vous met ici le PdF que Victor a présenté au SIMA 2013, pour lui, Strip till et couvert, ça coule de source ... Je suis aussi de son avis, mais ne loupez tout de même pas un semis à cause de cela, essayez doucement. PdF

Au passage, Victor est allé l’année dernière aux States leur expliquer pourquoi on utilisait un strip till dans du vert. J’en profite pour vous glisser un article qui relate les travaux de la recherche Américaine, ce sont également des Sages. http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/73050.htm

Vidéo de Nicolas Verschuere en Belgique ( album photos

Mieux vaut passer le strip till trop tôt que trop tard.

( Retrouvez Arnaud sur agricool alias Bouiz)

- Voici le PdF qu’Arnaud a également présenté au SIMA : PdF

- Pour ceux qui ont accès à la partie privative d’Agricool, vous pourrez voir à quoi ressemble les champs d’Agriborda en Roumanie. Ils vous sont présentés par Carlos C.

"Je sème sur du vert, mais le semoir doit faire de la poussière..."

- Jocelyn Michon du Québec
Retrouvez Mitch sur agricool pour visiter virtuellement ses champs, ou une petite vidéo de lui sur l’avenir agricole

Avec une météo plus que favorable, les semis sont terminés dans le sud-ouest du Québec. Avec un printemps qui s’annoncait tardif, on a débuté dans la semaine du 22 avril. L’absence de pluie nous a « forcé » à travailler en continu, sans arrêt jusqu’au 9 mai. Et la pluie arriva !!!
Il ne reste que les haricots pour Bonduelle. Semis prévu en début juin.
Parlant d’haricots, l’automne passé j’ai semé du seigle en bandes entre les anciens rangs après la récolte au milieu septembre. L’idée était de semer le maïs 2013 entre ces bandes, directement sur les chicots d’haricots.

Voici quelques photos :

1- Photos du 26 avril. STL sans engrais liquide, contrairement à 2012
2- Bandes bien dégagées
3- Photo du 2 mai. Nouveau NG plus4 Twin row, avec réservoirs pour liquide 32% et démarreur 11-37-0 à l’avant du 712. Autonomie de chargement de 12 ha.

- Le système de pression Monoshox fonctionne merveilleusement bien. Beaucoup de stabilité. Le bidule sync-row permet de bien alterner les grains sur chacun des rangs jumelés.

Les photos de la levée dans quelques jours... Mitch

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Striger. Un nouveau concept de travail du sol

Philippe Oberli en Alsace

( Retrouvez Fra68 sur agricool pour visiter virtuellement ses champs )

Mais il est fou

Philippe adore transmettre son savoir, et il trace aussi droit sur les pistes que dans les champs, ceci sans prendre le moindre risque. Il passe une partie de son temps actuellement en Allemagne ou il explique ses pratiques à nos collègues agris. Vous avez put voir il y a quelques temps comment Philippe déplafonne les rendements en AC, il y a peut de place au hasard, il est important d’avoir un lit de semence très fin pour le maïs, un couvert de graminée ne posera que des problèmes sur la ligne ( sol froid et humide ) alors qu’un couvert de légumineuse donnera du "couscous", pourquoi s’en priver ???

Déplafonner les rendements en AC, Ph. Oberli 12-2012

- Voici des infos très intéressantes que vous pouvez retrouver sur le site de Kuhn :
- Le Striger à la Une
- L’avenir sur le rang
- Quel écartement choisir ?

La page Kuhn sur A2C

Les fous du Sud, ou d’ailleurs...

Strip till artisanal

Fabriquer facilement un pénétromètre

Strip till en Italie

Strip-till pour le semis de maïs avec apport de lisier

réalisé par l’ETA Schillmoeller à Bakum (entre Osnabrück et Brême - Land de Basse-Saxe en Allemagne)

« En raison de la forte charge soumise aux sols localement, la méthode de strip-till permet non seulement un haut degré de protection contre l’érosion, mais aussi une gestion équilibrée des nutriments et de l’eau. Par le travail de ‘Strip-till’, notre Terra Gator prépare le semis de maïs sur 8 rangs : le lisier est déposé à 20cm de profondeur et sert d’engrais localisé.

Après quelques jours, la semence de maïs est placée à environ 10cm au-dessus – C’est prêt ! Grâce à ce procédé, seule la partie du champ, qui est nécessaire pour la production de maïs, est travaillée. Le reste du champ peut alors se reposer… Un autre avantage est que les surfaces sont plus praticables et plus tôt. »

Stefan Knipper, ingénieur agricole

Certains sont à l’ouest

Alors eux, ils sont graves..... Si vous avez un bon débit internet, modifiez le paramètre d’affichage en "720 HD " (en bas à droite) pour avoir une meilleure qualité d’image.

Ce qu’en pense mes laboureurs :

- Pour conclure , je remercie tous les fous qui m’ont aidé à écrire ce post. Je suis impressionné par la volonté de ces agris à vouloir communiquer sur leurs pratiques, toutes ces vidéos sont très très récentes ( 1 à 2 ans maxi), et je constate que les agris strip tiller manient parfaitement youtube et les montages vidéos.

Pour ceux qui découvre la technique, voici une rétrospective des articles parlant du ST :
- 24-05-2009 : J’ai semé mon maïs à la Steve Groff

- 29-08-2009 : Quand les paysans s’intéressent au ST

- 25-10-2009 : J’ai semé à la Sylvain Rétif

- 07-04-2010 : décompactage de ...... cerveau

- 02-07-2010 : Maïs sous couvert de ...

- 28-09-2010 : Colza sous couvert de ...

- 07-12-2010 : J’ai fait mes ST d’hiver

- 12-06-2011 : La route du succès est souvent semé d’echêcs

- 13-07-2011 : Le groupe sera toujours plus fort que le plus fort du groupe

- 4-12-2011 :10 ans de ST

- 26-11-2011 : absorber pour mieux germer

- 05-03-2012 :ça phosphore ou ça souffre

- 21-06-2012 :Pour semer 2 fois, il faut commencer tôt

Oh my god, je prend un sacré coup de vieux lorsque je lis tout cela, mais mes copains plus fous que moi me donnent la voie à suivre.
- Nous avons vu que Victor parle de couvert, Jocelyn utilise les nouvelles technologie qu’offre le RTK pour faire du couvert localisé et insiste pour que le semoir fasse de la poussière, Philippe associe son passage de ST d’automne à une légumineuse pour faciliter le semis au printemps suivant, moi même m’autorise des semis sur dérobée, ... Tout ceci nous ouvrent de magnifiques voies, on peut demain imaginer réaliser des semis de couvert localisé, avec un couvert très carboné dans l’entre rangs ( genre seigle, RGI, avoine dipolïde) et un couvert plutôt gélifs à base de légumineuses sur la future ligne de semis. Ce couvert pourra rester au sol ou alimenter un digesteur, peut importe l’essentiel est qu’il apporte un bénéfice pour la culture qui vient. Pour les éleveurs, on peut imaginer un mélange RGI- avoine diploïde - trêfle incarnat dans les inter-lignes et un mélange vesce de printemps- trèfle d’alexandrie - sorgho fourrager ( à essayer) sur les futures lignes. Ce mélange nous permettant de faire une coupe d’enrubannage à l’automne ( surtout grâce aux plantes gélives qui poussent plus vite ) et une coupe d’ensilage au printemps suivant ( il restera le RGI et le TI ), on verrait à cette période ré-apparaitre les lignes laissées par les plantes gélives dans laquelle il sera très facile de semer du maïs. L’apport localisé d’effluent liquide (lisier ou digestats) est aussi une opportunité pour préparer les futures lignes, à suivre... Testons tout, soyons fous.....

J’ai pris soin de prendre des nouvelles de mes potes avant de poster cette article, juste pour vérifier que leur état de santé était "stable", voici la réponse de l’un d’entre eux :

Je pense que tes fous se portent assez bien !!! même s’ils ne sont pas récupérables… Une folie, qui est à la fois captivante et envoutante !!!

Je finis avec cette belle citation de Carlo Dossi qu’un internaute m’a envoyé un jour pour me soutenir dans mes moments de doute

« Les fous ouvrent des voies qu’empruntent ensuite les sages. »

Documents joints