Protocole de suivi des populations de limaces

JPEG - 25.8 koDeroceras reticulatum, limace grise ou loche, est la plus gloutonne des limaces de grandes cultures. En pleine activité, elle peut ingérer le tiers de son poids en une nuit. Il va sans dire qu’on peut, rapidement, se laisser déborder. Le recours aux anti-limaces, chimiques, est la solution facile et rapide. Elle n’est cependant pas la plus durable ni la plus économe.

On connaît déjà bien des choses sur la limace grise :
- Sa « mémoire alimentaire » c’est-à-dire qu’à partir du moment où une limace a été habituée, jeune, à telle nourriture, elle va la privilégier.
- Sa préférence pour des végétaux jeunes ou affaiblis.
- Sa préférence aussi pour les crucifères, mieux que les légumineuses par exemple.
- Son « type » de sol : plutôt motteux, caillouteux. Les sols trop sableux, elle n’aime pas !
- Ses ennemis naturels, les carabes étant les plus connus.

Mais bien des éléments de la vie de la limace grise restent à préciser...

et notamment ce qui détermine la dynamique de population de ce ravageur, tout particulièrement en AC. C’est le sujet d’une thèse, celle d’Ariane Chabert, Inra de Toulouse, UMR AGIR, sous la responsabilité de Jean-Pierre Sarthou, ingénieur agronome, maître de conférences en agroécologie – entomologie à l’ENSAT/INRA, UMR Agir. Ces travaux comptent s’appuyer sur un réseau d’agriculteurs ACistes et quoi de plus simple que de faire appel au réseau d’agriculteurs lecteurs de TCS !

Objectifs : mieux connaître la dynamique de la limace grise afin de mieux protéger les cultures tout en limitant le recours aux anti-limaces. Autres objectifs recherchés : voir (i) dans quelles conditions d’autres limaces s’installent (Milax gagates, Lehmania valentiana...), (ii) si elles sont synonymes d’une moindre occurrence de Deroceras reticulatum, (iii) si ces autres limaces provoquent autant de dégâts que Deroceras ou moins. JP. Sarthou précise : « nous supposons que lorsque le sol n’est pas du tout touché et qu’aucun anti-limace n’est utilisé depuis plusieurs années, de nouvelles espèces de limaces s’installent. Nous voulons voir lesquelles, car nous supposons qu’elles sont moins phytophages que la limace grise (Deroceras reticulatum) et qu’elles sont plus détritiphages voire... oui, un peu carnivores mais cela reste à confirmer. »

Un protocole a été défini ; protocole que nous vous livrons dans l’encadré ci-dessous. Pour chaque participant, une clé d’identification des différentes espèces de limaces lui sera envoyé. Du niveau de participation à ce suivi, dépendra la qualité de la recherche qui en découlera et donc les retombées pour vous, les premiers concernés. La recherche fait appel à vous ! N’hésitons pas !

Voici les trois adresses mail que vous devez utiliser pour envoyer vos observations, voire vos questions (envoyer chaque message aux trois adresses) : Jean-Pierre.Sarthou chez toulouse.inra.fr, Ariane.Chabert chez toulouse.inra.fr et alexane.jamault chez toulouse.inra.fr

Protocole de suivi limace grise

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- Avoir au moins une parcelle prévue pour une culture d’été dans les jours/semaines à venir (maïs, sorgho, soja, tournesol, millet…), en vrai semis direct (pas de préparation d’un lit de semence), voire en strip-till (seul le rang est touché), et ce quelle que soit la gestion de l’interculture depuis la récolte précédente (présence ou absence de couvert d’interculture, sol travaillé superficiellement ou non après la récolte précédente).
- Être en mesure de nous donner précisément ces informations de même que les cultures et leur ITK (itinéraire technique) sur les deux dernières années (campagnes 2012-2013 et 2013-2014).
- Dans les ITK, la question des insecticides est particulièrement importante : nous donner le nom des molécules utilisées tant en traitement aérien qu’en traitement de semences (l’usage des néonicotinoïdes doit être particulièrement bien renseigné).
- Autre point important : accepter de ne pas mettre d’anti-limaces au semis de cette culture de printemps et être en mesure de nous donner l’historique de l’usage d’anti-limaces (nature, dose, dates, quantités) sur les deux dernières années.
- A ce propos, nous préciser à quelle année remonte, sur la parcelle en question voire sur l’îlot de parcelles, la dernière utilisation d’antilimace ? Et quel était-il ? (Méthaldéhyde ? Mercaptodiméthur ? Orthophosphate de fer ?)
- Se procurer environ 1kg de son de blé.
- Deux jours après le semis de la culture d’été, disposer 5 petits tas de son (une poignée éta-lée sur la surface d’une assiette, soit environ 20 à 25 cm de diamètre), à plus de 15 m de tout bord de la parcelle, et éloignés de 15 m les uns des autres dans le sens de la longueur de la parcelle (en suivant le même sillon de semis pour faciliter leur repérage par la suite).
- A l’aide de 4 baguettes ou de 4 jalons, réaliser un cadre de 35 cm de côtés intérieurs (à l’aide de ruban adhésif – cf. photo).
- Le soir même (de la pose des 5 tas de son), entre minuit et 1h00 du matin (ou dès 23h, seulement si le temps est humide), aller faire une photo de chaque tas en se munissant du cadre de 35 cm de côtés intérieurs. Positionner le cadre de sorte que le tas de son soit inclus et que le cadre contienne le maximum de limaces. Pour le cadrage de la photo : se placer à la verticale du tas de son, pivoter si besoin pour que deux bords du cadre soient parallèles au haut et au bas de la future photo, et descendre jusqu’à ce que ces deux bords frôlent les bords de la future photo. Faire alors la photo avec un flash. Avant cela, mettre au sol dans un coin du cadre, tenue si besoin par une pince à linge, une étiquette avec votre « Prénom + NOM + date » inscrits au feutre noir un peu épais pour qu’ils soient bien visibles malgré le flash (qui sur la photo ci-jointe a ‘blanchi’ l’inscription faite au simple stylo).
- Recommencer cette séance de photos le lendemain soir. Ne réduisez pas la définition de vos photos (sauf si elles dépassent 4 ou 5 Mo par photo).
- Sur Google Earth ou Géoportail, repérer sur votre parcelle l’emplacement exact de votre ligne des 5 tas de son, relever les coordonnées GPS (latitude, longitude) de son milieu, les noter et nous les envoyer avec toutes les informations sur les ITK et avec les photos.
- L’idéal est de faire exactement la même manipe (donc deux jours après le semis d’une culture d’été aussi, et le lendemain) dans une parcelle de votre voisin en labour ou non labour mais travail du sol ‘conséquent’. Il vaut mieux avoir son accord au préalable bien sûr, mais vous mentionnerez simplement sur l’étiquette « Voisin de ST + date » (ST étant un exemple au hasard, censé illustré vos initiales). L’idéal encore est de nous donner les mêmes informations que pour votre parcelle (sur les cultures et leur ITK des deux dernières années). Et enfin, là encore, l’idéal est de nous donner les coordonnées GPS (lat. long.) du milieu de la ligne des tas de son.
- IMPORTANT 1 : ces coordonnées de géolocalisation de même que les données nominatives apparaissant sur les étiquettes, les vôtres comme celles de votre voisin, ne seront pas publiées avec les résultats de l’étude et ne seront divulguées à personne. Vous pouvez d’ailleurs inscrire un pseudonyme sur ces étiquettes, l’important pour nous étant d’une part d’avoir des coordonnées de géolocalisation exactes (pour étudier la structure du vrai paysage environnant et pas d’un autre), et d’autre part de ne pas risquer de mélanger les photos.
- Enfin, 1 mois jour pour jour après les deux séances de photos juste après le semis, nous vous invitons à recommencer de la même façon, à la fois chez vous et chez votre voisin et pour deux nuits consécutives.
- IMPORTANT 2 : votre participation peut être ’modulaire’ : vous pouvez participer au minimum (les deux séances de photos juste après le semis chez vous, avec les infos sur ITK et coor-données GPS - mais pas une seule séance de photos) ou au maximum (deux séances de photos juste après le semis et autant un mois plus tard, chez vous, et idem chez le voisin, avec infos ITK et coord. GPS), ou participer de façon intermédiaire (deux séances de photos juste après le semis et autant un mois plus tard, que chez vous). Mais quelle que soit l’option que vous retiendrez, envoyez-nous SVP les informations ITK et coordonnées GPS correspondantes, sinon les photos seules ne nous seront pas utiles.
- IMPORTANT 3 : nous prévoyons de mentionner par la suite, dans les remerciements de chaque publication scientifique ou technique, le nom ou le pseudonyme de chaque participant. Merci de nous indiquer (i) si vous écrivez un pseudonyme sur l’étiquette, et si oui en mettant clairement celui-ci entre guillemets, et (ii) si vous désirez ne pas apparaître du tout dans ces remerciements.
- IMPORTANT 4 : en cas d’attaque de limaces sur cette parcelle, vous pourrez évidemment traiter, exception faite d’une zone de 10 m x 80 m non traitée, incluant sur sa ligne médiane la ligne des 5 tas de son. Nous remercions déjà collectivement toutes celles et ceux qui accepteront de nous aider dans cette recherche d’un nouveau type : c’est ensemble qu’agriculteurs et chercheurs feront avancer le schmilblick agroécologick !