Vendredi 5 octobre 2012
Philippe Pastoureau

Éleveur dans la Sarthe et ACiste reconnu, Philippe PASTOUREAU multiplie les essais, toujours à la recherche d’amélioration. Rédacteur de longue date sur A2C, il relate ses expériences : un véritable appui technique et un vrai régal à lire !

Produisons autrement

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C’est super, mes pratiques changent et j’ai l’impression que la réglementation qui encadre ma profession change elle aussi. Quelle fut ma surprise d’apprendre récemment que j’avais le droit de fumer le couvert !!!
Attention, je sais que des ados lisent mon blog, et je ne voudrais surtout pas qu’il y ai confusion et que vous ramassiez les plantes "bizarres" qui poussent dans mes champs pour essayer de rouler les feuilles afin d’en faire des cigarettes, je dis simplement que depuis peu la réglementation m’autorise à apporter des effluents organiques sur mes couverts. ( voir la définition du verbe fumer, en bas verbe 2).

Merci Mr le préfet de la Sarthe, voici la dérogation, qui évoluera dans le bon sens j’espère...

- Chaque département prépare actuellement les prochains textes qui entreront en vigueur pour le 5ème programme de la directive nitrate, des arrêtés comme le cas de mon département sont pris en attendant Juillet 2013 et l’application de la 5ème directive. C’est donc peut être le moment de faire connaitre nos difficultés ou besoin pour faciliter la mise en oeuvre de l’agriculture de conservation. Pour mon cas, l’autorisation d’un apport d’effluent sur le couvert avec un maximum de 70 unités d’azote/ha va évidemment faciliter mon système, mais j’aurais presque envie de le durcir en demandant une politique de résultat, c-à-d s’assurer que le couvert sera suffisamment développé avant l’entrée de l’hiver afin de réduire les fuites d’azote, soit en demandant une biomasse suffisante avant la lame drainante, soit en s’inspirant du système Nitrawal :

- Ceci dit, ce n’est pas en écrivant sur mon blog que les choses vont bouger en ma faveur, il est donc préférable que je me bouge moi-même et que je fasse des propositions, sitôt dit, sitôt fait...

Voici ce qui m’a permis de m’exprimer :

Pour une fois que l’on me ( nous ) donne la parole, j’ai donc fait part de mes pratiques expliquant ma transition du labour au non-labour, mes soucis rencontrés et pistes de progrès. Le Ministère a crée une plateforme participative où chacun peut exprimer ses idées innovantes, voilà comment ma petite présentation se retrouve maintenant sur le site du Ministère...
Produisons Autrement Vous trouverez mon pdf sous la rubrique "vos contributions", "La Cuma de la Vallée des 2 Fonds".

- Avec tout cela, je ne pourrais pas m’en vouloir de n’avoir rien fait, encore faut-il expliquer à tous ces technocrates le rôle de la matière organique dans nos sols et toute l’importance que nous lui apportons. Dans ma tête, en tant qu’éleveur, il est de plus en plus évident que mes effluents doivent me permettre de produire un maximum de biomasse via les couverts, la décomposition de ceux-ci viendront ensuite alimenter mes cultures et me permettront de réduire mes intrants. Je rejoins ici mes propos du début de ce post :
- Des effluents sur un petit couvert vont accroitre le risque de pollution des nappes et en aucun cas me permettront de réduire ma fertilisation.
- Un couvert qui manque d’azote à cause d’une réglementation non adaptée va pénaliser ma culture, tout comme des épandages au printemps sur un sol non ressuyé.
- Une règlementation en phase avec mes pratiques, responsabiliser par l’information, voila la piste que je vais jouer.

Et pour finir, un peu de pub pour un film qui sortira bientôt, comme quoi les moeurs changent...

[http://www.resogm.org/spip.php?article173]

Où si vous préférez la lecture, un belle ouvrage qui vient de sortir : Vive l’agro révolution Française de Vincent Tardieu.

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