Mercredi 4 juillet 2012
Matthieu Archambeaud

Après avoir rejoint F. THOMAS dès 2003 et mis en place le site agriculture-de-conservation.com, M. ARCHAMBEAUD a été l’un des initiateurs d’Icosystème, plate-forme d’apprentissage en ligne dédiée à l’agroécologie, l’agroforesterie et l’agriculture de Conservation qu’il anime aujourd’hui.

Pour désherber il faut commencer par travailler

Dans la série des dictons agronomiques, je me permets de reprendre à ma sauce l’excellente formule de Philippe : Pour semer 2 fois, il faut commencer tôt.

Cette série de photos a été prise chez Philippe Lion, un des pionniers du semis direct en Touraine. Pour les implantations de tournesol, toujours délicates, il utilise un vieux semoir bricolé devant lequel ont été montés des éléments de herse alternative travaillant uniquement sur le rang. Cette outil réalise ce que l’on appelle du pré-traçage, comparable à un strip-till de surface. L’objectif est de dégager et de réchauffer le rang pour permettre un démarrage rapide de la culture.

Comme pour beaucoup de cultures de printemps cette année, les débuts ont été difficiles : froid et humidité ont pénalisé la vigueur de départ, ce qui a permis aux pigeons et corbeaux de se restaurer plus longtemps.

Le tournesol a été semé en bonnes conditions le 14 avril et a été désherbé à avec 1,65 L/ha de Racer et 1,65 L/ha de Novall. Devant les dégâts, la culture a été ressemée le 14 mai.

En date du 6 juin, on pouvait observer de fortes levées d’adventices mais seulement sur les bandes ayant été retravaillées avec les dents animées du semoir et aucune levée entre les rangs alors que le sol est resté nu.

Dans le rang central, la herse n’a pas touché le sol et il n’y a aucune levée.

Ces levées localisées à la zone travaillée sont liées à deux causes concomitantes :
- Le travail a détruit le film résiduaire laissé par la pulvérisation des herbicides et laisse donc " la porte ouverte " aux germinations ;
- Le travail a préparé un lit de semence et une minéralisation favorables aux adventices, levant ainsi leur dormance.

Cela confirme une fois de plus que plus on travaille, plus on minéralise et plus on salit. Il s’agit d’ailleurs là d’une malédiction agricole des plus répandue : si je travaille mon sol sur toute sa surface je devrais désherber toute la surface (chimiquement ou mécaniquement, ça marche aussi bien en conventionnel qu’en bio). Dans le même ordre d’idée : si je fertilise en plein, je devrais désherber en plein. Il est temps de passer à l’agriculture localisée.

La culture au 1er juillet sans rattrapage (photo : Philippe Lion).