Mardi 28 mai 2013
Jean-Marc Sanchez

Micro-organismes : 7 questions à poser avant d’acheter

L’utilisation de micro-organismes en agriculture se généralise, ils protègent les cultures en participant à la lutte biologique, améliorent la nutrition des plantes ou encore stimule leur croissance. Alors comment les choisir ? Quelles questions poser. La réponse en 7 points.

De plus en plus de préparations microbiennes sont proposés à l’agriculteur avec des vertus « stimulantes », fertilisantes ou phytopharmaceutiques. Les bactéries sont partout, la peau en est recouverte, la salive saturée (10puissance 8/millilitre de salive), 10 fois plus de bactéries dans notre corps que de cellules humaines, dans les nuages, au fond de la mer. Le poids total des bactéries sur terre est plus important que tous les organismes terrestres réunis (y compris les végétaux), il y en a dans du sable….

Alors dans les engrais aussi ! Il ne suffit donc pas de dire qu’il y a des « bactéries » dedans. Ça on s’en doute !! Certains sont bénéfiques à l’homme, l’animal ou la plante. Les inoculer peut s’avérer bénéfique (ou dangereux !). Mais il faut savoir de quoi on parle.

Alors comment choisir un micro-organisme pour l’appliquer sur ses cultures ? Voici les questions à poser à votre fournisseur.

1- Quel micro-organisme ?

Chaque microorganisme est caractérisé par sa famille, son genre et sa souche.

Quelques genres : Lactobacillus, Bacillus, pseudomonas, Trichoderma, Gliocladium, Glomus… Dans une même famille on peut avoir plusieurs genres Bacillus cereus, Bacillus subtilis… Pour exemple certains Cereus peuvent être dangereux (pathogènes) pour l’homme ou l’animal alors que le Subtilis est totalement non toxique. D’un même genre on trouve plusieurs souches caractérisées par une suite de numéro et de lettre. Ex : bacillus amyloliquefaciens IT45 ; Gliocladium catenulatum J1446…

C’est la souche qui détermine l’efficacité et la non-toxicité. Si vous déceler une efficacité sur un produit, vous ne pourrez pas le remplacer avec un micro-organisme du même genre. Le fabricant doit garantir toujours la même souche (certaines souches peuvent être pathogène alors que d’autre d’un même genre sont non toxiques).

Cette information doit être sur l’étiquette.

2- Combien sont actifs dans le produit ?

On ne compare pas les micro-organismes en kg ou en tonnes mais en UFC/g (Unités Formatrices de Colonies/gramme de produit brut). Les UFC (ou CFU en anglais) définissent le nombre de bactéries ou champignons viables. En effet, les produits sont plus ou moins concentrés. Un produit X composé de bactéries (famille/genre/espèces) à 10puissance 9 UFC/g est 1 000 fois plus concentré qu’un produit Y à 10puissance 6 UFC/g. Même si vous payez 10 fois moins le produit Y, vous achetez 100 fois moins de bactéries, donc payé 100 fois plus la bactérie !!

Pour vous donner un ordre d’idée, une population bactérienne à 106 UFC/g dans un produit peut-être considérée comme un contaminant. On parle le plus souvent de Milliards d’UFC/g (10puissance 9) pour les bactéries. Quand on pense que certains produits proposent à 10puissance8/tonne !! Il y en a autant de bactéries dans du sable !!

Cette information doit être aussi présente sur l’étiquette.

3- Combien de temps je peux le conserver ?

Ce sont des êtres vivants, donc plus ou moins sensibles à l’environnement (température, pression, pression osmotique, humidité…).

Les champignons filamenteux sont assez fragiles, et c’est assez difficile de les conserver longtemps dans l’humidité. Les bactéries de la famille bacillus se conservent sous forme de spores qui leur permet de résister beaucoup plus que les autres. Méfiez-vous des formes liquides aqueuses peu stables. Renseignez-vous auprès du fournisseur et vérifiez par vous-même (internet ou connaissance) la sensibilité au stockage du microorganisme définie (famille, genre). La date limite d’utilisation doit vous être fournie.

Cette information doit être aussi présente sur l’étiquette.

4- Comment je peux l’utiliser, quand et comment ?

De son application dépendra son efficacité. Quelle dose, quelle période (généralement ils aiment les conditions humides et de températures ni trop froides, ni trop chaudes, au printemps ou à l’automne), comment l’appliquer, avec quel équipement, dans la zone proche des racines, sur les semences… ? Combien d’application ?

Certains peuvent se fixer sur la plante, d’autres ont une durée de vie limité dans le sol rapidement concurrencer par les indigènes !

La dose et les précautions d’emploi sont sur l’étiquette

5- Quelle(s) propriété(s) ?

Un micro-organisme ne fait pas tout ! Ils sont généralement assez spécifiques. Par exemple, pour minéraliser la matière organique, seul un micro-organisme ne suffit pas, il en faut beaucoup. A commencer par les champignons, les actinomycètes puis les bactéries (il y a un entre 7000 et plus de 30 000 genres différents dans un gramme de sol !!). 6- Par qui c’est fabriqué ?

Produire un micro-organisme caractérisé, sans contaminant, stable, bien formulé est un véritable métier !! Certaines sociétés spécialisés et reconnues sont capables de proposer des inoculas de qualité. Elles possèdent des fermenteurs et outil de formulation. C’est une véritable industrie.

C’est une information qui doit apparaître sur l’étiquette.

7- Dispose-t-il d’une Autorisation de Mise en Marché ou Homologation ?

Et le produit a-t-il reçu un avis favorable de l’ANSES !!

Toutes les questions précédentes sont posées dans le dossier d’AMM ou l’homologation. C’est une garantie de non-toxicité, d’efficacité, de stabilité, d’homogénéïté. Sans AMM ou Homologation le produit n’est pas autorisé à la vente donc interdit.

Le numéro d’AMM ou d’HOMOLOGATION doit être indiqué sur l’étiquette.

Votre vendeur est capable de répondre à ces questions ? Il connaît bien son métier : faîtes lui confiance ! Le blog des curieux de l’agriculture : Agriculture Nouvelle.