Lundi 15 juillet 2019
Opaline LYSIAK

Après 5 années d’enseignement en lycée agricole, Opaline réalise un Tour du Monde et parcourt 12 pays en 12 mois : « Enseigner autrement l’Agroécologie". Elle crée l’Ecole d’Agroécologie Voyageuse, qui a accompagné 42 personnes à apprendre l’agroécologie en voyageant dans les fermes et trouver leur place dans le monde paysan et du Vivant.

Les étudiants catalysent le partage de données

Phase 2 : Réflexion sur la pomme de terre en AC

Cet article a été écrit par les étudiants de BTS APV avec l’aide de leur enseignante d’agronomie Charlotte Grare, dans le cadre de l’école d’agroécologie Les Agron’Hommes en partenariat avec le lycée agro-environnemental d’Arras, l’exploitation du lycée et le CFA.
Plus d’infos sur cette séquence pédagogique avec ce lien.

A la fin de l’article, des questions de réflexion sont proposées par Opaline Lysiak, pour les agriculteurs, enseignants et étudiants qui souhaitent aller plus loin à la fois sur les aspects techniques et pédagogiques de l’agroécologie

Si vous souhaitez vous impliquer dans le projet Les Agron’Hommes en tant qu’agriculteur, étudiant, enseignant : https://lesagronhommes.com/impliquez-vous-1

Les étudiants catalysent le partage de données - phase 2 : Réflexion sur la pomme de terre en AC

Le 26 mars 2019, les étudiants de 1ère année en BTS Agronomie Productions Végétales du lycée agro-environnemental d’Arras ont passé une grande partie de leur journée avec des intervenants extérieurs.
Leur journée fut divisée en trois temps forts : la découverte d’une application sur Smartphone de partage de données, le principe de la culture de la pomme de terre en agriculture de conservation et pour finir un débat avec les intervenants extérieurs.

Le partage de données

PNG - 389.4 ko

Nous avons pu découvrir une toute nouvelle application lancée par Nicolas MINARY, ingénieur informatique et fils d’agriculteur : Landfiles.
Cette application vise à améliorer l’échange des pratiques agricoles entre des agriculteurs, des étudiants ou juste à permettre à un agriculteur de suivre ses parcelles sur plusieurs années. Cela se concrétise par la création de sa ferme sur l’application. Puis par la création de différents groupes à thème : élevage, grande culture, polyculture, viticulture... Après cela, des publications peuvent être postées sur la page de l’exploitation ou dans les groupes. Le modérateur choisit ce qu’il souhaite partager et à qui car il a besoin de l’adresse e-mail de la personne concernée pour l’ajouter au groupe. Cette nouvelle application vise aussi à pouvoir situer son exploitation agricole parmi d’autres en contexte similaire ou différent. Ce qui permet un échange de pratiques enrichissant. (Source : Landfiles)
En globalité, l’application à suscité de l’intérêt de tous.

Comment cultiver la pomme de terre en agriculture de conservation ?

PNG - 385 koEtat du sol : à gauche, PDT avec travail du sol classique / à droite, prébuttage et couverts à l’automne

Depuis plus de 20 ans, la surface de pomme de terre française a augmenté de 20%. En 2017, 97 320 ha de pomme de terre ont été cultivés dans la région des Hauts de France, c’est un peu plus de 61% de la surface de pomme de terre de France.
Aujourd’hui, les agriculteurs veulent répondre à une attente sociale des consommateurs qui est de plus en plus exigeante. L’attente sociale passe notamment par la réduction des apports phytosanitaires sur les cultures mais aussi par un mode de production beaucoup plus respectueux de l’environnement.
Afin de limiter les problèmes liés à l’érosion hydrique ou éolienne, les agriculteurs se tournent de plus en plus vers l’agriculture de conservation. Les méthodes sont connues depuis de nombreuses années mais la pomme de terre n’avait jamais été liée à ce mode de production car la pomme de terre est une culture qui exige un travail du sol important. En revanche, depuis peu quelques essais sont mis en place pour développer ce type de culture.

Les principes de la pomme de terre en A2C

Le principe de la culture de pomme de terre en agriculture de conservation est de planter le tubercule de pomme de terre directement dans la terre sans travailler le sol, le tubercule de pomme de terre est déposé dans la butte qui a été formé avant l’hiver. Cette année, l’exploitation du lycée agro-environnemental d’Arras, en partenariat avec le CFA et le CFPPA, a mis en place un essai de couvert sur pré-buttage d’automne pour la culture de pommes de terre. Cet essai a pu être réalisé grâce à Hugues Celerse, formateur au CFA, qui a assemblé un buttoir avec un semoir pour l’implantation du couvert (photo ci-dessous)

PNG - 225.8 ko

L’implantation du couvert a eu lieu mi-septembre avec un mélange composé de 5% de phacélie, 24% d’avoine rude, 19% de trèfle d’Alexandrie, 26% de pois fourrager et 26% de féverole.

Nous nous sommes rendus sur la parcelle d’essai avec Baptiste Maître, spécialiste des couverts végétaux pour les pommes de terre. L’intérêt de ce tour de plaine est d’observer l’état des buttes et du couvert avant l’implantation des pommes de terre.
Avec Baptiste, nous avons pu étudier l’état général du couvert visuellement puis l’état du sol (structure et activité biologique). Ensemble, ils ont pu remarquer que le couvert ne semblait pas suffisamment efficace : la densité de peuplement était très faible. En effet, il est recommandé d’avoir 250 pieds par m² alors qu’ici il y en avait à peine 100 par m². Cela a eu un impact sur la structure du sol qui était très compacte.
Malgré cela, la répercussion du couvert avait un effet visible sur le sol. Pour l’affirmer, nous avons comparé le sol sous couvert et le sol habituel de la parcelle (photo ci contre)

Un avenir prometteur pour la pomme de terre sous couverts…

Suite à la journée du mardi 26 mars dernier sur la mise en place de pomme de terre sous couvert nous avons été inspirés et souhaitons proposer des pistes d’amélioration à cet essai :

> Nous proposons d’améliorer le semis des couverts notamment au niveau de la densité, qui était très faible lors de la visite du 26/03. En effet, on voyait parfaitement les manques présents dans la parcelle et une couverture très hétérogène des buttes de pomme de terre. Nous conseillons donc de revoir la quantité de plantes et la proportion de chaque espèce du mélange pour favoriser une levée homogène à l’échelle de la parcelle et viser un objectif proche de 250 plantes/m².

> Nous proposons également d’essayer de faire une préparation de sol moins fine en amont pour éviter une prise en masse de la butte, de ce fait un seul passage profond de déchaumeur est conseillé pour éviter ce phénomène.

> Nous conseillons aussi de mettre en place un second essai en non labour avec un couvert présent au moins un mois minimum avant la plantation. Cela permettrait de laisser le couvert travailler en profondeur et superficiellement et ne pas le broyer une semaine avant la plantation car le couvert ne profitera pas suffisamment aux sols. D’autres essais pourraient aussi être réalisés, comme l’essai ci-joint :
- Couvert de radis dans le creux de la butte, qui décompacteront le sol en profondeur et permettront une meilleure infiltration de l’eau dans le sol.
- Trèfle sur le haut de la butte, pour permettre de stabiliser la butte et d’empêcher l’écoulement de la butte ainsi + apport d’azote à la pomme de terre.

Le schéma ci-dessous présente les 3 modes de plantation que nous avons discuté : plantation conventionnelle, plantation en pré-buttage d’automne avec couvert, plantation sous paille.

PNG - 366.1 ko


Questions de réflexion :

> Cet article a été écrit par un groupe d’étudiants. Que proposez vous pour valoriser au maximum leur travail de rédaction, pour qu’ils sentent qu’ils font partie à leur niveau du développement de l’agroécologie ?

> Au delà de la thématique de la pomme de terre en AC, pensez-vous pouvoir intégrer l’utilisation de Landfiles dans votre ferme, vos études ou vos séquences pédagogiques ?

> Selon vous cette séquence pédagogique fait appel à quelles disciplines du programme de BTS ? Quelles disciplines pourraient s’intégrer à l’avenir, pour une pédagogie de projet encore plus transversale ?