Cécile Waligora

Biologiste, écologue et agronome de formation, Cécile WALIGORA anime et rédige aussi pour la revue TCS. Elle s’intéresse tout particulièrement à la biodiversité des agroécosystèmes.

Les busards, un oiseau rare si facile à protéger

Busard cendré mâle (crédit : A. Leroux)

« Le busard est un formidable voilier, volant inlassablement à faible altitude au dessus des champs. De face, il se caractérise des autres rapaces par une forme en V. Les mâles sont de couleur blanc-gris avec le bout des ailes noires et les femelles sont brunes avec une tâche caractéristique blanche au niveau du croupion. » A.Leroux

Parmi les rapaces qui fréquentent les milieux ouverts que sont les plaines agricoles, vous en connaissez forcément deux : la buse variable et le faucon crécerelle. Si la première est très souvent postée, immobile à guetter ses proies (des rongeurs presque essentiellement), le second, s’il se poste aussi, a aussi cette position caractéristique de vol sur place, en croix, à quelques mètres de hauteur. Mais il en est un troisième qu’il faut absolument connaître, d’une part parce qu’il a aussi un rôle important de prédation de rongeurs (jusqu’à 80 % de son alimentation) et d’autre part, parce qu’il est encore plus sensible aux actions humaines que les deux autres. Il s’agit du busard ou plutôt des busards car deux espèces nous intéressent en agriculture : le busard cendré et le busard Saint Martin.

Busard Saint Martin femelle (crédit : A. Leroux)

Ainsi, contrairement à la plupart des espèces de rapaces, les busards nichent à l’intérieur des parcelles, à même le sol. Et, malheureusement pour eux, la moisson arrive souvent alors que les oisillons sont encore cloués au nid (moissons de plus en plus précoces). Et c’est l’hécatombe. Mais il est tout à fait possible et facile de les protéger. Les femelles sont extrêmement fidèles à leur nid et on peut ainsi facilement repérer son emplacement. Les bénévoles de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) sont tous les ans à pied d’œuvre, entre mai et juillet, pour assurer ces observations et cette protection ; à conditions que l’exploitant soit coopératif…Un morceau de grillage autour du nid, laissant libre l’entrée par le haut pour la femelle, des sardines au pied pour protéger le nid de l’intrusion des renards, un fanion pour repérer l’emplacement et le tour est joué. Cela ne prend que quelques m² tout au plus. Même après moisson, la femelle retrouve son nid, s’il n’a pas été détruit ou recouvert de paille. A noter qu’un autre type de cage a été inventé en Haute-Marne, par le responsable local du suivi des busards. Celui-ci pose également du grillage sur le fond, ce qui permet de retirer carrément le nid lors du passage de la moissonneuse et de le replacer juste après.

L’espèce est rare, surtout le busard cendré. Alors n’hésitez pas à participer à sa protection (pour le moment, seulement le quart de la population arrive à être sauvé chaque année). Il vous suffit de contacter la LPO de votre département (site : http://busards.lpo.fr)

Dernière chose : si vous voulez attirer un couple de busards, c’est un peu comme pour les autres rapaces : ils adorent se poster sur des piquets. Les perchoirs (tous les 200 ou 300 m), doivent être de différentes hauteurs.