Les abeilles ont faim

JPEG - 112 koPesticides, agresseurs externes et internes, les ruches ont aussi faim. Il y a, dans leur environnement aujourd’hui, trop peu de ressources que ce soit dans l’espace et dans le temps.

Depuis plusieurs années déjà, les ruches se vident de leurs abeilles. En France, bien sûr, mais partout ailleurs. Les uns incriminent les pesticides, les autres, divers pathogènes. Jusqu’à présent, on parlait encore peu de mortalité due à la faim. Si nos chères abeilles souffraient déjà de bien des maux, il est maintenant avéré qu’elles ont aussi faim, ce qui ne va pas arranger une situation déjà alarmante. L’Académie américaine des sciences (NAS) a ainsi publié ce mois-ci, les conclusions d’une étude comportementale dans des ruchers (auteurs : Perry et al.). Elle montre que, notamment du fait d’un défaut de nourriture pour la colonie, les jeunes abeilles sont contraintes de sortir plus tôt que prévu à l’extérieur de la ruche pour aller butiner. D’une part, elles sont trop jeunes et d’autre part, ce qu’elles trouvent en général à l’extérieur ne permet pas de rassasier la colonie. Il n’y a plus assez de fleurs dans l’espace et dans le temps pour subvenir à leurs besoins. Ce qui, à terme, affaiblit la ruche et entraîne une surmortalité. L’étude révèle aussi que les difficultés liées à la malnutrition sont aggravées par la présence d’agents pathogènes dans les ruches et notamment le champignon microscopique Nosema ceranae. Non seulement ce parasite prend le contrôle de la paroi intestinale et des cellules souches qui la composent en perturbant les défenses immunitaires des abeilles mais il produit également une perturbation endocrinienne de la colonie en se surajoutant à d’autres perturbateurs issus du bol alimentaire. On sait que toutes les abeilles d’une colonie sont intimement liées entre elles par un système complexe de reconnaissance et de communication. En synergie, cette perturbation engendrée par N. ceranae bouleverse l’équilibre fragile de toute la colonie.

S’il est difficile pour nous d’agir contre ce parasite, nous pouvons au moins aider les abeilles et plus généralement les pollinisateurs à trouver une nourriture plus abondante et plus diversifiée. C’est une loi simple : si l’abeille est mieux nourrie, elle pourra mieux se défendre ! A défaut de politiques nationales et territoriales en ce sens, continuons, comme nous le faisons en AC, d’introduire un nombre plus important et diversifié de végétaux et d’associations végétales. Il est vraiment urgent de continuer ! Si cela est absolument bénéfique pour la biodiversité du sol, cela l’est aussi de manière incontestée pour tout ce qui vit en surface et au-dessus.