Matthieu Archambeaud

Après avoir rejoint F. THOMAS dès 2003 et mis en place le site agriculture-de-conservation.com, M. ARCHAMBEAUD a été l’un des initiateurs d’Icosystème, plate-forme d’apprentissage en ligne dédiée à l’agroécologie, l’agroforesterie et l’agriculture de Conservation qu’il anime aujourd’hui.

Intercultures courtes, intercultures longues

Pour faire suite à mon dernier post sur les couverts d’hiver / couverts d’été, voici quelques photos et observations tirées de la plateforme de couverts de la ferme de la Conillais (Sky Agriculture) en Loire-Atlantique.

Moutarde vs Radis fourrager :

Couvert de moutarde à gauche et de radis à droiteSur cette photo on peut comparer une moutarde à gauche et un radis fourrager à droite. Contrairement au radis, la moutarde a complètement terminé son cycle et par conséquent :
- Elle est devenue ligneuse et donc inutile pour aider à la digestion des pailles,
- Elle est montée à graines,
- Elle se fane et n’exploite plus les ressources du sol, permettant au salissement de regagner du terrain

Le radis, toujours en pousse, est resté très propre et fournira des nutriments rapidement lors de sa destruction

Salissement au pied du couvert de moutarde


Pois fourrager vs Vesce :

Comparaison d'un couvert de vesce à gauche et de pois à droiteMême constat pour le binôme vesce / pois fourrager avec un pois qui a complètement disparu (à droite) suite à un fort développement à l’automne : le salissement a le champ libre pour coloniser le sol, d’autant plus que les ressources en éléments dont l’azote sont abondantes derrière une légumineuse (le gaillet de la photo ci-dessous ne nous dirait pas le contraire). La vesce, plus lente à démarrer et en pleine activité, pompe et fixe l’azote, protège le sol du salissement et du climat, et nous donnera de l’azote à la sortie.

Le pois ayant disparu laisse le champ libre aux adventices

La vesce est active et protège toujours le sol contre l'hiver et le salissement


En guise de conclusion :

- En interculture courte, il aurait fallu privilégier le duo moutarde / pois qui nous a fourni une biomasse précoce et termine rapidement son travail (pour éviter l’agressivité de la moutarde, il aurait fallu diluer la moutarde avec d’autres espèces comme le lin, le tournesol ou la phacélie) .
- En interculture longue c’est plutôt le couple radis / vesce qui aurait été adéquat.
- Pour optimiser la pérennité de la couverture on aurait pu mixer les 4 espèces ensemble pour avoir une couverture précoce et une prise de relais par les espèces tardives (en remplaçant la moutarde et ses montées à graines intempestives par des espèces moins versatiles).