Dimanche 20 avril 2008
Christophe de Carville

Après plusieurs années aux États-Unis, Christophe DE CARVILLE a été responsable du développement de l’Easydrill chez SKY, filiale de Sulky-Burel. Entre agronomie et mécanique, il nous propose régulièrement un " tour de plaine " virtuel ou des anecdotes glanées sur le terrain.

Et pendant c’temps là ... au Canada (par Cyril Jouvente)

Le 12 et 13 février derniers s’est déroulée la conférence annuelle de la « Saskatchewan Soil Conservation Association » à Regina, Canada. Rendez-vous incontournable des no-till farmers de Saskatchewan depuis vingt ans, cette conférence est l’occasion de réunir producteurs, chercheurs et universitaires en toute convivialité, pour un véritable partage de l’information entre la recherche agronomique et le « terrain ». Dans ces grandes plaines au climat hostile, le semis direct s’est rapidement imposé comme la seule voie possible pour une production agricole durable. Depuis le départ, agriculteurs et chercheurs collaborent dans le seul but de progresser ensemble. Avec un cycle végétatif de cinq mois seulement et des semis de printemps en sols froids, les conditions de production sont bien différentes de ce que nous connaissons en Europe. Hors saison végétative, ce sont les résidus de récolte qui assurent la couverture des sols. Pour ces raisons, plusieurs chercheurs travaillent actuellement sur une tendance émergente qui est celle du semis direct dans des résidus de récoltes coupés le plus haut possible à la récolte.

Cette pratique présente de nombreux avantages tant d’un point de vue économique, qu’agronomique. A la récolte, la quantité de matière qui transite dans la moissonneuse est très réduite, ce qui autorise des débits de chantier supérieurs qui se traduisent par des économies de temps et de carburant. En conséquence, la gestion des résidus est simplifiée puisqu’il y a peu de matière à broyer, donc à répartir. Les résidus ancrés au sol par le système racinaire assurent une excellente protection contre l’érosion éolienne qui sévit dans les grandes plaines. La hauteur des chaumes est un véritable atout dans cette région aride pour capter la neige durant l’hiver et assurer une humidité suffisante du futur lit de semences lors de la fonte au printemps. Bien qu’effectuée avec des semoirs à dents, l’implantation ne pose pas de problèmes car les inter-rangs importants (25 cm minimum) et les systèmes de guidage disponibles permettent l’évolution des éléments semeurs entre les rangs de résidus de la saison précédente, sans risque de bourrage. Les plantules émergent à l’abri du vent et bénéficient d’un microclimat favorable à leur développement. La recherche agronomique encourage d’ores et déjà les farmers à adopter cette technique promise à un bel avenir la Prairie canadienne.