Mercredi 12 septembre 2018
Frédérique Hupin

Ingénieur agronome avec une expérience de 20 ans dans le management associatif, la communication et le conseil environnemental en agriculture. Frédérique HUPIN est consultante et journaliste freelance, spécialisée en agroécologie.

La communication comme arme blanche

Une pièce de théâtre sur l’agriculture a réuni 400 personnes dans une ferme

Nicolas BraibantNicolas Braibant est agriculteur à Corroy-le-Grand (Belgique), il pratique l’agriculture de conservation depuis 12 ans. Son parcours a été relaté dans le magazine TCS n°87. J’ai le plaisir de retranscrire une partie du discours qu’il a énoncé devant 400 personnes venus dans sa ferme pour assister à une pièce de théâtre pas comme les autres.

« J’ai la chance de pratiquer cette profession, de lire la nature tous les jours. L’image que beaucoup de citoyens ont de l’agriculteur est dévalorisante, c’est regrettable. La réaction doit être d’autant plus positive de notre part, c’est un combat que nous devons mener avec pour seule arme blanche la communication et l’empathie envers ceux qui nous respectent, merci d’être avec nous.
Ce métier a beaucoup évolué et cette évolution est fulgurante. Les défis sont majeurs : agronomiques mais aussi environnementaux, économiques, culturels et sociaux. Les pistes sont légions mais cela passera notamment par l’agroécologie. Appelez cela l’agriculture durable, bio, locale, ou régénérative, cela doit se traduire par une alimentation saine et elle répondra à ces enjeux majeurs.
Cette évolution doit se faire avec les consommateurs, l’alimentation low-cost n’est pas un substitut à une politique sociale pour les plus démunis (NDLR : Olivier De Schutter cité dans le carnet de F Hupin le 14/12/2016). Il faudra à mon sens changer certaines pratiques et c’est difficile. Tout est en place pour ne rien changer, le système est rôdé, et dans le monde rural quelque fois, l’expérience prend le pas sur le raisonnement. Or comme le disait Confusius : l’expérience est une lanterne qui éclaire le chemin parcouru et comme le disait Jacques Brel, le plus difficile pour rallier Vilvoorde à Pékin, c’est de quitter Vilvoorde. (…)
Le monde médical travaille dur pour endiguer les maladies, mais notre mode d’alimentation est en partie responsable de ce funeste constat. Il faut travailler en amont. On est tous acteurs de ce qu’il y a dans notre assiette. Une politique alimentaire s’impose. Changeons la société sans prendre le pouvoir mais en l’exerçant car la principale limite de notre pouvoir, c’est que nous n’osons pas l’exercer (NDLR : Olivier De Schutter cité dans le carnet de F Hupin le 14/12/2016).
Gilbert Cesbron a dit : il y a un temps et je crois que celui-ci en fait partie, où il ne suffit pas de dire la vérité, il faut la crier ! »

A vous agriculteurs, à vous non-agriculteurs, l’histoire que je viens de vous conter a touché 400 personnes qui ont débarqué dans la ferme de Nicolas Braibant. C’est déjà pas mal ! Si vous pensez que son message mérite d’être connu au-delà de ce public, vous pouvez vous aussi apporter votre pierre au cairn. Partager ce texte sur les réseaux sociaux, inviter les acteurs de la pièce de théâtre « Nourrir l’humanité c’est un métier » à jouer chez vous (ils se déplacent en Belgique et en France), ou toute autre action que vous imaginerez vous-même.
Nourrir l'humanité