Dimanche 6 décembre 2015
Christophe Barbot

Conseiller en agronomie à la Chambre d’Agriculture d’Alsace.
Pour Christophe BARBOT, les matières organiques du sol n’ont presque plus de secrets. Travaillant près de Strasbourg, il observe aussi ce que font nos voisins germanophones, Suisses, Autrichiens ou Allemands.

L’état du sol et sa fertilité biologique

ou comment mieux cerner les services de l’éco-système

JPEG - 34.3 koEn cette fin d’année internationale des sols, les techniciens et les chercheurs communiquent tout azimut sur les nouveautés techniques et scientifiques pour qualifier l’état biologique des sols cultivés.

On parle beaucoup chez les chercheurs des Services Eco-Systémiques des sols tant vantés durant les derniers colloques de la recherche.

Les principaux services pour l’agriculture tournent autour de 4 services :
- Recyclage de la matière organique qui minéralise pour les plantes,
- Gîte-habitat poreux du sol pour macro-/micro-organismes (patrimoine biologique)
- Capacité de détoxification des sols (épurateurs des hydrocarbures par exemple)
- Équilibre sanitaire des sols (capacité à rester équilibré sans trop de pathogènes).
Ces 4 services sont majeurs pour la production agricole.

Actif de 2012 à juin 2015, le programme Cas-Dar nommé AGRINNOV et les résultats inédits de la recherche de l’INRA avec Genosol nous mettent bien l’eau à la bouche, mais ils sont encore à finaliser pour en tirer des informations d’amélioration pour les pratiques agricoles.

Les résumés des présentations du JIAG 2015 centrées sur ce programme Agrinnov ont été mises en ligne : http://www.jiag.info/le-colloque/resume-colloque-2015

Mais les coûts totaux très élevés de ces analyses biologiques et physiques (20 fois une analyse de terre standard) empêchent une généralisation rapide pour le conseil en agriculture. Il faudra encore attendre quelques années que le réseau REVA complète ces travaux avec l’OFSV ;

COP21 : L’enjeu des sols vivants
http://www.ofsv.org/SITE_SPAMMEUR/index.php/actu/179-cop-21


JPEG - 90.6 koLes avancées de la biologie des sols suscitent aussi l’intérêt de la recherche privée des multinationales. Le géant Monsanto a annoncé le 23 novembre un objectif allant jusqu’à 200 millions d’hectares d’ici à 2025 pour les ventes de solutions microbiennes développées avec Novozymes.

Ce partenariat avec The BioAg Alliance revendique déjà 26 millions d’hectares avec ces sélections microbiennes aujourd’hui !
http://www.novozymes.com/en/solutions/agriculture/The-BioAg-Alliance/Pages/default.aspx
The BioAg Alliance, lancé fin 2013, a déjà mis sur le marché deux types de produits : un inoculant qui aide les plantes à absorber plus de nutriments et des produits de bio-contrôle servant à protéger contre les insectes et maladies, notamment pour le soja et le maïs, en cultures fruitières ou maraîchères. « Les meilleurs micro-organismes du programme de recherche 2015 ont permis d’augmenter les rendements du maïs de 6,4 à 8 q/ha et du soja de 2 q/ha », souligne le communiqué de The BioAg Alliance.

Ces avancées privées autour de la biologie du sol ne sont pas du goût de tous les acteurs de la recherche, qui dénoncent la concentration de moyens autour des cultures modifiées génétiquement, la biologie synthétique et la nanotechnologie.
ETC Group Ottawa, Ontario (Groupe d’action et de recherche sur l’érosion la technologie et la concentration)

Document sur la biologie synthétique : http://www.etcgroup.org/sites/www.etcgroup.org/files/publication/pdf_file/biomassters_FRE_v3.pdf

Cela interroge.


JPEG - 45.3 koUne initiative bluffante est l’opération (enterrez vos slips ...) #soilyourundies de Innovative Farmers Association of Ontario (IFAO) au Canada

Rappel du défi "soil your undies", (en anglais) vidéo avec Melisa Luymes, Ontario

Les tweets de résultats (photos et vidéo)
https://twitter.com/search?q=%23SoilYourUndies&src=typd et https://twitter.com/IFAO123

On sait depuis le 1er décembre que le gagnant du défi est Mark Koabels de la localité de Port Colborne (Ontario). Félicitation à cet agriculteur qui cultive des sols très vivants ! L’IFAO l’a invité à sa conférence annuelle 2016 à London le 23 et 24 février 2016 pour #IFAO16 où il pourra y retrouver 6 conférenciers de l’agriculture de conservation : Innovative Farmers 2016 Conference http://ifao.com/ifao_3_009.htm

JPEG - 36.5 koVous pouvez à propos de ce concours aussi lire en détail la nouvelle publiée le 29 Septembre 2015 par "pamfisher2015" Claire Coombs, du Campus de Ridgetown, Université de Guelph (Ontario).
http://sco.lt/6Szqnh


JPEG - 66.9 koEt pour finir on peut citer les présentations de la Journée technique PRO’spective 2015
qui s’est déroulée à Colmar le 23 novembre pour communiquer sur les résultats de l’essai longue durée de l’INRA avec l’emploi de boues, boues compostées, fumier bovin et compost de fumier sur des rotations de blé betteraves maïs depuis 14 ans
.
Une partie de cette journée a abordé le bilan des apports de PRO (produits résiduaires organiques : fumiers, boues, ...) sur la biologie des sols.
Les matières organiques sont la principale source de C (Carbone) restituée au champ, pour nourrir la fertilité biologique des sols.

Les actes : https://colloque.inra.fr/soere-prospective2015/Acte


Tous ces résultats ne doivent pas faire oublier que qualifier l’état de santé d’un sol à un moment donné c’est bien, mais que ce n’est pas suffisant pour analyser les grandes tendances des sols, notamment le type de matières organiques présents dans les sols agricoles. On regardera de près les analyses réalisées par le laboratoire Celesta-Lab qui permettent de qualifier les quantités de matières organiques MO labiles (moyen terme) et de MO liées (humus).

Pour rappel, les analyses de Celesta-Lab, expliquées par X. Salducci :
http://asso-base.fr/sites/asso-base.fr/IMG/pdf/presentation_Salducci_MO_Energie_Solaire_20et210214.pdf
et
http://www.celesta-lab.fr/agriculture

Ces analyses apportent des éléments de caractéristiques basales du sol, au-delà de la photographie instantanée de l’activité biologique de la couche arable au moment du prélèvement. Certaines mesures "à flux tendus" comme les nitrates, le pH, par exemple ne peuvent pas expliquer les dynamiques si elles sont pas renouvelées et comparées dans l’ensemble de l’année culturale.
Car le sol est un milieu complexe (mais pas forcément compliqué) où de nombreux paramètres locaux interagissent. Et la fonction de nutrition des plantes par l’organique du sol peut varier selon la séquence climatique en cours.
En ce sens, les méthodes de ce laboratoire ont une grand longueur d’avance pour le diagnostic et l’expertise, car elles sont mises en œuvre depuis le début des années 2000 !

J’encourage donc les agriculteurs qui ne connaissent Xavier Salducci à aller l’écouter lors des conférences organisées par l’association BASE en ce moment.