Mardi 7 juillet 2015
Cécile Waligora

Biologiste, écologue et agronome de formation, Cécile WALIGORA anime et rédige aussi pour la revue TCS. Elle s’intéresse tout particulièrement à la biodiversité des agroécosystèmes.

Quand les pucerons manipulent les plantes...

Puceron du poisLes relations prédateur-proie, parasite-hôte, phytophage-plante… ne cessent de nous surprendre chaque jour. Cette fois-ci, on découvre que le puceron est un manipulateur ! Il manipule les plantes dont il se nourrit de la sève grâce à un mécanisme inhibant les défenses immunitaires de celle-ci. Ainsi, lorsqu’elle se défend vis-à-vis d’une attaque de phytophage, la plante renforce en premier lieu sa paroi végétale par addition d’un polymère polysacharridique nommé callose. Lorsqu’il vient perforer la paroi végétale, le puceron émet en même temps que sa salive, une catégorie de protéines, les MIF. Ce sont des facteurs d’inhibition de la migration de cellules macrophages et ce sont ces protéines qui inhibent donc les défenses immunitaires de la plante. Ce qui permet tout simplement au puceron de pouvoir se nourrir. Ce sont ces MIF que des équipes de l’Inra et du CNRS ont découvert en étudiant deux espèces de pucerons : le puceron du pois (Acyrthosiphon pisum) ici en photo, et le puceron du pêcher (Myzus persicae). Jusqu’à présent, ces MIF étaient connues dans la modulation des réponses immunitaires chez les vertébrés. Preuve est du rôle des MIF dans l’alimentation (et surtout d’une MIF, la 1, retrouvée dans les glandes salivaires des deux pucerons étudiés) : les pucerons chez lesquels l’expression de la protéine MIF 1 a été désactivée ne peuvent plus correctement s’alimenter, ne pouvant plus manipuler les défenses du végétal. Ces travaux ont été publiés dans la revue Current biology du 25 juin 2015.