Cinq modes de localisation de l’engrais

Perspectives Agricoles : Damien Brun, Michel Martin - ARVALIS-Institut du végétal

Les constructeurs de semoirs à céréales proposent diff érents modes de placement de l’engrais  : avec, sous, à côté ou plus rarement au-dessus de la graine, sachant que le fertilisant peut être distribué à chaque rang ou un rang sur deux. Tour d’horizon des techniques.

Localiser un apport d’azote avec un semoir à céréales nécessite des équipements, fonction du type de semoir.

Les constructeurs proposent cinq modes de placement de l’engrais par rapport à la semence (tableau 1). La solution technique la plus simple consiste à positionner l’engrais dans le même sillon que la semence. Son avantage : pas besoin d’éléments spécifiques. Sur un semoir mécanique et à partir d’une trémie compartimentée, il suffit d’ajouter un tuyau pour l’engrais qui rejoint l’élément semeur. Dans les semoirs où la graine est acheminée par voie pneumatique, les solutions sont diverses. L’une d’elles consiste à installer un répartiteur spécifique muni de tuyaux qui véhicule l’engrais vers l’élément semeur unique. Autre possibilité : positionner en série les distributions de l’engrais et de la semence afin que les deux éléments soient véhiculés par le même tuyau. Un répartiteur unique assure ensuite le transport vers les éléments semeurs. Dans ces solutions, la semence étant au contact de l’engrais, des risques de toxicité ou de brûlures existent en cas de doses importantes de fertilisants.

L’engrais sous la semence

Les constructeurs proposent également un positionnement de l’engrais entre deux lignes de semis, plus profondément que la semence. C’est un principe devenu très classique pour les semoirs européens comprenant un module de préparation. Initié sur le Rapid de Väderstad, la technique consiste à ajouter une rangée de disques supplémentaires entre le module de préparation et les éléments semeurs.

La distribution des granules n’intervient qu’un rang sur deux : les inter-rangs étant relativement étroits (12,5 à 16,7 cm), le fertilisant ne se trouve jamais à plus de 8 cm de la semence. Le même principe de localisation existe sur les semoirs à dents. L’engrais est alors déposé au niveau de la pointe de la dent tandis que les semences sont placées plus haut, au niveau des ailerons. Ce système a l’avantage d’éviter le contact entre l’engrais et la semence.

Une distribution via les disques avant

Plus récemment, des fabricants comme Väderstad ou Agrisem ont proposé un nouveau montage qui utilise les disques du module de préparation pour localiser l’engrais. Suivant les constructeurs, le granule est positionné par une ou deux rangées de disques. Il est ensuite recouvert par le flux de terre créé par les disques, le semoir travaillant à des vitesses relativement élevées. L’engrais se trouve donc mélangé en terre sous les lignes de semences.

D’origine nord-américaine, le positionnement de l’engrais en dessous et à côté de la semence est quant à lui principalement utilisé sur des semoirs à dents destinés au semis direct. Les écartements entre rangs étant assez importants (25 à 30 cm), à chaque ligne de semence correspond une ligne d’engrais, au contraire du système européen. Là aussi, les phénomènes de contact entre semence et engrais sont peu probables.

Réfléchir l’investissement

Sulky est pour sa part le seul constructeur à positionner l’engrais au-dessus de la ligne de semis  : un coutre spécifique dépose l’engrais dans le flux de terre lors de la fermeture du sillon. L’engrais est appliqué pour chaque ligne de semis. Dans les essais menés par ARVALIS-Institut du végétal sur orge de printemps (voir pages suivantes), aucune toxicité dommageable au rendement n’a été observée, même avec des doses d’engrais extrêmes, de 150 à 200 unités d’azote.

Quelle que soit la solution, recourir à la localisation de l’engrais au semis représente un coût. Il est donc intéressant de réfléchir à la façon de rentabiliser l’investissement. A priori, la localisation de l’engrais au semis a un intérêt en céréales à paille, notamment avec l’orge de printemps (voir article suivant). L’équipement peut aussi être utilisé pour d’autres opérations : avec du phosphore sur colza ou sur deuxième paille à l’automne, ou bien lors du semis de mélanges de couverts végétaux, de colzas associés aux légumineuses ou de méteils dans les zones d’élevage.


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