Le semis direct, disons-le tout de suite, est une démarche, un concept qui relevait presque de l’utopie il y a peu. Il a fallu quelques pionniers, explorateurs téméraires, pour le mettre en pratique chez nous. En effet, la motivation d’un passage au semis direct en Picardie n’est pas du même ordre que celle rencontrée dans certaines régions des États-Unis ou du Brésil. Le facteur d’érosion est si prégnant dans ces contrées qu’à défaut de technique adaptée, le sol s’en va et tout espoir de cultiver avec.
Chez nous, passer au semis direct relèvera plus certainement de la motivation économique. On y verra plus volontiers une réduction des charges de mécanisation et un lissage des pointes de travail en prévision de l’après-2013.
Pour autant, le semis direct ne simplifie pas l’organisation et la réalisation des travaux. De ce point de vue, finalement, il n’y a rien de tel que le système labour pour pouvoir systématiser, planifier et rationaliser une campagne agricole. La motivation économique ne nous empêche pas
Le semis direct se définit par une absence totale de travail du sol (ni retournement, ni décompactage, ni préparation de lit de semence). Les caractéristiques physiques du sol favorables au développement des cultures sont obtenues uniquement par l’action du climat et de l’activité biologique du sol (racines, animaux, micro-organismes) et préservées par un couvert permanent. d’apprécier les bénéfices environnementaux du semis direct : économie d’énergie, biodiversité et prévention de l’érosion.
Un large déploiement de cette technique dans notre
région passe par la levée de deux obstacles essentiels
:
nos systèmes de cultures comprennent souvent
betteraves, maïs, voire pommes de terre, cultures
pour lesquelles certaines opérations de semis,
de plantation, de récolte sont potentiellement impactantes
pour les sols, induisant une assez forte
probabilité de dégradation de la structure
le deuxième obstacle est lié à la nature limoneuse
dominante de nos sols, synonyme de fragilité physique
et de sensibilité au tassement.
Nous comprenons pourquoi le semis direct s’est
implanté plus vite en Lorraine ou dans le Centre par
exemple.
En Picardie, des agriculteurs ont déjà testé d’autres techniques culturales sans labour, de manière permanente. Ils ont rencontré quelques difficultés à maîtriser les adventices.
Alors, on pourrait très bien ne plus en parler, mais il y a un élément nouveau qui est venu dynamiser la démarche, c’est la technique du couvert végétal permanent, originaire elle aussi du Brésil. Elle permet de limiter et de mieux contrer les effets des tassements, d’entretenir une activité biologique plus intense, notamment celle des vers de terre, et éventuellement d’apporter un bonus en terme de nutrition azotée des cultures.
L’objectif de cette note technique est d’apporter des éléments de réflexion à ceux d’entre vous qui se posent la question du semis direct ou de provoquer la question chez ceux qui ne l’envisagent pas encore. Nous sommes partis d’observations et d’expériences vécues dans notre département pour en tirer les enseignements essentiels et les partager.