Une parcelle associant agriculture de conservation et arbres

Cyrielle Delisle - Réussir ; février 2010

Philippe Pastoureau, éleveur de vaches laitières et de volailles de Loué, est chargé des travaux agricoles sur une parcelle agroforestière d’essai de Parcé sur Sarthe.

Voilà 15 ans que Philippe Pastoureau a abandonné la charrue pour se mettre à l’agriculture de conservation. Ses 90 hectares de cultures sont conduits en technique culturale sans labour. « Je me suis lancé en même temps qu’un voisin. Au départ on a rencontré des difficultés car on gérait nos cultures comme en labour. En 1998, le taux de matière organique des parcelles de la CUMA était de 1,6 points et en 2002 de 1,4 montrant bien qu’il y avait un problème. On a vraiment découvert cette technique en 2002 en réalisant des formations. On a compris alors qu’il fallait remplacer le travail de la charrue par un travail biologique (nourrir les vers de terre). Aujourd’hui, notre taux de matière organique s’élève à 2,4 points », explique Philippe Pastoureau. Depuis, ce dernier a beaucoup travaillé sur ses parcelles conduites en agriculture de conservation.

Des arbres et des cultures sans labour

Voilà deux ans que, Philippe Pastoureau travaille également sur une parcelle d’essai dont les itinéraires techniques reposent sur le concept d’intensification écologique des agrosystèmes. Sur son site de compostage de Parcé sur Sarthe, Véolia a mis à disposition une parcelle de 4,5 hectares où arbres et cultures se côtoient. « L’objectif de cette parcelle est de produire de la « biomasse énergie » pour alimenter la plateforme. Cette parcelle expérimentale permettra d’étudier la réaction des arbres associés à des cultures en semis direct, de proposer des associations cultures/ arbres intéressantes pour la production durable de biomasse énergie, d’étudier les concurrences et synergies entre végétaux annuels et pérennes ainsi que le comportement des sols (fertilité, structure...) en réponse à divers peuplements. « En complément, un suivi du carbone sera effectué pour déterminer le stockage réalisé par cette association, ainsi que des mesures de biodiversité, » explique Fabien Liagre, du bureau d’études Agroof, qui s’occupe de la partie arbres.

Les 4,5 hectares sont découpés en cinq bandes alternées d’arbres et de l’ensemble des cultures annuelles de la rotation (blé, avoine d’hiver, maïs, féverole d’hiver et colza), afin de s’affranchir des conditions climatiques d’une année sur l’autre et de pouvoir adapter au besoin la rotation en temps réel. La conduite de ces cultures sans retournement de sol et avec un couvert végétal permanent en fait leur particularité et force l’arbre à mieux s’enraciner.

« Entre chaque bande, une largeur de 31 m a été établie (28 m de culture et 3 m de bande pour les arbres) excepté deux bandes pour lesquelles la distance entre deux lignes d’arbres est de 19 m pour évaluer l’impact de l’ombrage des arbres sur les cultures. La largeur de 28 m correspondant à celle de mon pulvérisateur, » précise Philippe Pastoureau.

Différentes essences

En ce qui concerne les rangées d’arbres intercalées entre les cultures, elles sont constituées soit uniquement avec des arbres plantés tous les cinq mètres soit en intercalant des arbustes entre les arbres implantés tous les dix mètres. Deux types de plantations ont été testés : des arbres pour produire du bois d’œuvre (chêne, noyer et cormier) et un mélange (noisetier, prunus, érable, robinier chêne) destiné à produire du « bois énergie » (bois de chauffe). Un témoin forestier (600 arbres plantés comme en milieu forestier) a également été inséré en bout de parcelle pour comparer la pousse des arbres entre un milieu forestier et un milieu agroforestier. « Après deux ans d’implantation, les premières constations ont été faites. Les mauvaises herbes autour des arbres sont difficiles à gérer. Il faut trouver un compromis pour ne pas trop salir les cultures. Pour les arbustes entre les arbres, il serait nécessaire d’installer des protections pour les protéger des lapins à environ 5 à 10 cm de hauteur. Il est important de passer du temps à l’implantation pour être tranquille par la suite et d’investir un peu plus dans des protections adéquates autour des arbres pour leur assurer une bonne croissance », conclut Fabien Liagre.


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