Samedi 26 décembre 2009
Guillaume Bodovillé

Passionné d’agronomie, je contribue au site agriculture-de-conservation.com et au magazine TCS. Je m’intéresse aux pratiques agricoles innovantes permettant la conservation du sol et l’amélioration de sa fertilité.

Tour de plaine chez Philippe Oberli (Haut Rhin)

Guillaume Bodovillé

Une autre rotation intéressante est celle de Philippe Oberli, agriculteur du Haut Rhin en non labour depuis une douzaine d’années.
Sa rotation s’articule sur 6 ans, avec un seul couvert.

Philippe-Oberli-web

La rotation commence par 2 ans de maïs grain (ou un maïs grain puis un sorgho dans les sols ayant la plus faible réserve hydrique), avec les résidus de maïs laissés au sol pour le protéger pendant les intercultures d’hiver.

Le maïs est implanté en strip-till, avec un décalage d’un demi-rang entre les 2 maïs.

Les résidus de maïs sont mulchés au printemps avec un Horsch Terrano FX, pour faciliter le semis du soja avec un Horsch CO.
Après le soja, déchaumage au Terrano puis semis du blé tendre pour la quatrième année de la rotation.
Après la récolte du blé, déchaumage avant l’implantation du colza en cinquième année.

Un déchaumage superficiel est réalisé sitôt la récolte du colza. Ensuite, les repousses de colza couvrent le sol jusqu’au semis d’un deuxième blé pour la dernière année de la rotation. Le semis est précédé par un passage plus profond de Terrano. Après la récolte du blé, un déchaumage précède le semis du couvert qui couvrira le sol jusqu’au maïs. Le couvert est détruit par roulage fin Décembre par le gel, et grâce au strip till ses résidus couvrent encore le sol dans les inter-rangs du maïs.

Cette année, le colza a également été implanté en strip till (sans déchaumage après la récolte du blé), et au printemps prochain il en sera de même pour le soja.

La logique agronomique de cette rotation est la suivante :
- Déjà, les soles en maïs et en soja (transformé localement pour l’alimentation humaine) sont pertinentes économiquement.
- Là encore, surprendre la nature avec des délais de retour des cultures et des durées d’interculture toujours différents dans la rotation. Ainsi, le maïs est cultivé 2 ans de suite, puis ne revient qu’après 4 ans. De même pour le blé qui revient après 2 ans, puis après 4 ans. L’alternance de 3 cultures d’été puis de 3 cultures d’hiver, avec des dates d’implantation variées, est un bon moyen de gérer les adventices sur la rotation.
- En cas de blé après maïs, le risque de fusariose est accru et la qualité de semis est dégradée par l’abondance des résidus de maïs. Philippe élimine ces 2 problèmes en intercalant un soja entre le deuxième maïs et le premier blé.
- Le colza, intercalé entre les 2 blés, évite d’avoir un blé sur blé, qui serait sujet à des problèmes sanitaires et dont le rendement plafonnerait en conséquence. Les 2 blés sont assolés et bénéficient de bons précédents.
- Le délai de retour du soja et du colza, tous les 5 ans, limite les problèmes sanitaires et d’adventices (géranium). Le colza a toute sa place dans la rotation, avec de bons rendements.
- Cette rotation est longue mais ne nécessite qu’un seul couvert en interculture.
- A noter que Philippe n’a pas utilisé d’anti-limace depuis 10 ans.

Pour le couvert, Philippe cherche des plantes qui se développent bien dans ses conditions pédo-climatiques. Il recherche la complémentarité entre les espèces, y compris dans leur couverture du sol et leur exploration de la structure (hauteurs différentes et explorations racinaires différentes). Le couvert doit comprendre une légumineuse. Le couvert doit être gélif ou être facile à détruire par roulage sur le gel.

Cette année, c’est une orge d’hiver qui avait été implantée à titre exceptionnel à la place du deuxième blé. L’orge a été récoltée le 27 Juin 2009 et la paille a été exportée.
Entre la récolte de l’orge d’hiver et le semis du couvert, Philippe a procédé à un déchaumage à 3 cm avec des pattes d’oie.
Le couvert, composé de moha (3 kg/ha), phacélie (2 kg/ha), radis chinois (1,6 kg/ha), et vesce commune (12 kg/ha), a été semé le 10 Juillet 2009 au Horsch CO. Philippe souhaitait ajouter du nyger dans ce couvert, il en est finalement absent à cause d’un problème de disponibilité de semences.

Le couvert a été détruit par roulage par le gel mi-Décembre avec un rouleau Cambridge.

Au printemps, les lignes de semis du maïs seront travaillées au strip-till puis le maïs sera semé entre les résidus du couvert couché et conservé en surface.

D’autres photos

Merci Philippe.