Chambre d’agriculture de Bourgogne : Cultures intermédiaires

Avenir Agro Bourgogne - juillet 2009

La couverture du sol en hiver n’est pas une mode. Oubliées depuis quelques années, les cultures intermédiaires redeviennent d’actualité, avec plusieurs objectifs :
- Piège à nitrates
- Amélioration de la structure et de la portance
- Amélioration de l’activité biologique des sols
- Bonne image de l’agriculture
- Diminution de l’érosion, de la battance et du ruissellement
- Économies d’herbicides

Des effets bénéfiques indéniables …

- Elles piègent l’azote du sol et permettent de faire des économies d’azote sur la culture suivante. Une culture intermédiaire peut fixer 40 kg d’azote/ha en moyenne et dépasser 140 d’azote/ha en présence de reliquats post-récolte élevés et d’une minéralisation importante. Classiquement, si la destruction n’est pas trop tardive, on considère que 30 % de l’azote fixé est disponible pour la culture suivante.

- Elles améliorent la structure du sol et la portance. Les cultures intermédiaires améliorent la structure des sols par un volume racinaire important, particulièrement avec les systèmes racinaires fasciculés (graminées) ou pivotants (radis). Cet impact est particulièrement intéressant pour les techniques sans labour. Les interventions au printemps seront facilitées par une meilleure portance, liée à une consommation d’eau de la culture, à un effet structurant des racines et à une plus forte activité de la faune du sol au fur et à mesure de la pratique des couverts dans les intercultures.

- Elles améliorent l’activité biologique des sols. Les cultures intermédiaires ont un effet sur la biodisponibilité des éléments fertilisants (effet engrais vert et remontées des éléments fertilisants), ainsi que sur la faune auxiliaire (vers de terre, carabes, …).

- Elles permettent de lutter contre l’érosion, la battance et la reprise en masse des sols fragiles. La couverture des sols pendant l’hiver évite les phénomènes érosifs. Elle évite également le ruissellement de produits phytosanitaires et de phosphore, en plus du lessivage des nitrates. Elle protège également de la battance et de la prise en masse des sols à dominante limoneuse ou sableuse.

- Elles peuvent, par une végétation étouffante, diminuer le salissement des parcelles et également couper le cycle de certains parasites, comme par exemple des crucifères anti-nématodes. Le couvert, une fois détruit en se décomposant, peut parfois empêcher le développement d’adventices dans la culture suivante : c’est le fameux effet allélopathique.

- Elles permettent de visualiser un problème agronomique (tassement, problème d’alimentation) localisé dans les parcelles.

- Elles bénéficient d’une bonne image auprès du public non agricole (sols couverts en hiver, biodiversité, couverts faunistiques).

- Elles peuvent servir de complément alimentaire au troupeau.

… mais des limites à ne pas ignorer

Cette présentation peut paraître bien idyllique : en effet au-delà des surcoûts de 30 à 100 €/ha (achat de la semence, façons culturales) et du temps de travail parfois accru, un certain nombre d’inconvénients peuvent être rencontrés. La présence d’un couvert en continu peut favoriser certaines maladies ou parasites :

- Les limaces sont les premières incriminées par les détracteurs des cultures intermédiaires : le maintien d’une ambiance humide et protégée favorise le cycle des limaces, y compris avec les couverts les moins appétants (moutarde, phacélie, avoine).
- Les pucerons vecteurs de la Jaunisse nanisante de l’orge sont favorisés par les intercultures à base de céréales à pailles.
- Des attaques de tipules ou mouches sur betteraves ou maïs sont parfois favorisées par certains couverts végétaux comme les trèfles, ray-grass ou repousses de céréales (et même moutarde).
- Selon les années, la suppression des labours et le maintien d’un couvert pendant l’interculture sont également signalés comme un facteur de risque de prolifération des campagnols.
- La présence de couverts de la même famille que les espèces cultivées augmente certains risques parasitaires. Il semble préférable d’implanter des espèces peu ou pas présentes dans la rotation ou, en tous cas, d’alterner les familles d’espèces.
- Les engrais verts limitent l’usage des faux semis durant la période estivale. Il faut donc raisonner leur implantation en fonction du salissement de la parcelle.

D’autres effets négatifs peuvent être observés :
- Un réchauffement du sol plus lent au printemps. Le choix des espèces et surtout de la date de destruction permet de s’affranchir de ce risque. Pour les sols battants ou hydromorphes, un couvert trop développé ou plaqué au sol peut poser des problèmes pour implanter la culture suivante, surtout si un semis direct est envisagé dans le couvert végétal sans destruction de la culture intermédiaire (la moutarde pose parfois des problèmes, la phacélie semble intéressante).
- Certains couverts végétaux peuvent avoir des effets dépressifs sur la culture suivante s’ils sont trop développés. Ils consomment l’azote au détriment de la culture suivante : c’est le cas plus particulièrement des graminées pérennes (ray grass, céréales) ou des radis avant une culture de printemps.
- Le colza peut avoir un effet dépressif marqué sur les cultures suivantes, comme le maïs. La mise en place de cultures intermédiaires doit être raisonnée en prenant en compte la globalité de l’itinéraire technique en cohérence avec la rotation : le choix de l’espèce (voire de la variété), leur mode et leurs dates d’implantation et de destruction sont autant d’éléments à intégrer ; sans oublier leurs effets positifs ou dépressifs sur le parasitisme et le salissement dans les cultures suivantes.


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