Matériel et équipement du TCS n°54

Frédéric Thomas - TCS n°54 ; septembre / octobre 2009

SARL Vaudour : premier prototype du semoir CEMAGREF/AFDI

Ce concept innovant de mise en terre conçu au début des années 80 par Anicet Marionneau, ingénieur au Cemagref et repris par l’Afdi Touraine pour développer le semis direct avec traction animale au Mali (Cf. TCS N° 40 de décembre 2006), voit enfin le jour grâce aux établissements Vaudour. Présenté en avant-première au dernier NLSD, il reprend les grandes lignes du concept d’origine.

Alors que chez tous les constructeurs, le disque est tiré, ce qui exige du poids pour assurer la pénétration, celui-ci, positionné au bout d’un bras d’environ 1 m de long, est poussé. Il est également incliné de 30 ° ce qui crée un angle d’entrure compris entre 8 et 12 ° en remontant l’arrière du bras à 60 cm de haut. De cette manière, plus la terre est dure, plus le pouvoir de pénétration augmente, donnant au disque une régularité de travail quel que soit le sol avec un outil très léger. Enfin, le sillon obtenu sans lissage est en arrondi sans intrusion de paille et facile à refermer par la lèvre de sol soulevée par le disque.

Sur le prototype, chaque doseur a été fixé en bout de bras au-dessus du disque. « Ainsi, seul ce poids très modeste, sans l’assistance d’un ressort de pression, permet au disque de pénétrer même dans un gazon », affirme P. Vaudour. La profondeur de travail est quant à elle maintenue par un cône latéral monté sur un excentrique pour faciliter le réglage. Comme le disque et le cône sont légèrement décalés et tournent à des vitesses différentes, les bourrages sont limités. Enfin, trois peignes retiennent la lèvre de terre et la repositionnent avant que des roues tasseuses, qui portent le châssis, ne viennent consolider la fermeture du sillon. « C’est certainement la facilité de pénétration dans le sol avec un très faible niveau de perturbation qui séduit les agriculteurs. Au lycée agricole de Vendôme, nous avons même ouvert des sillons sur le gazon du terrain de sport sans que cela ne se remarque », commente P. Vaudour avec une certaine ironie. La puissance requise est aussi surprenante : comme en traction animale, il faut moins de 10 Ch/disque, ce qui signifie qu’un tracteur de 40 Ch est suffisant pour semer en direct avec ce prototype 4 rangs. La seule limite de ce semoir est certainement la vitesse qui ne doit pas dépasser 5 à 6 km/h au risque de projeter le sol, surtout s’il n’est pas bien ancré par un couvert végétal. C’est cependant une vitesse maintenant devenue acceptable en SD.

Même s’il va falloir donner plus de flexibilité et d’indépendance aux roues porteuses, et renforcer les éléments latéraux de rappui de la lèvre de terre, aujourd’hui, la machine est relativement stable et aboutie pour vraiment démarrer au printemps prochain une campagne de semis. Une version céréale, plus simple et plus légère avec des disques de diamètre inférieur et un réglage de profondeur par changement de cône est également à l’étude.

Techmagri : association de disques et de dents

Encouragé par des clients et un groupe d’agriculteurs locaux souhaitant un semoir de semis direct adapté à leurs conditions et leurs attentes, M. Rouyer a développé une nouvelle machine associant habilement des composants qui ont déjà largement fait leur preuve. L’idée principale étant de positionner les graines avec une dent pour des raisons de qualité de sillon en sols argileux mais aussi de passer en direct dans des couverts, il a choisi le soc en « T » inversé néo-zélandais d’Aitchison monté sur le bras espagnol qui équipe ses déchaumeurs. Un ressort réglable permet d’ajuster la pression qui n’a pas besoin d’être excessive. La profondeur facilement réglable est maintenue par les deux roues en V du semoir argentin Victor Juri. En fonction de la demande et pour offrir un outil modulable, M. Rouyer prévoit éventuellement une roue unique large ou/ et étroite. À l’avant de la ligne de semis, la végétation est tranchée et le sillon ouvert par le disque turbo Victor Juri. L’écartement entre lignes, qu’il va falloir valider, est de 21 cm sur le prototype permettant un positionnement en deux rangées sans limiter le flux de résidus.

Pour compléter cet ensemble, la trémie slovaque avec une ou deux distributions, peut autoriser l’association d’un engrais starter ou faciliter le semis de mélange de couvert. Enfin, le tout est porté par le châssis développé pour le semoir Victor Juri 3 m où une butée limitant la descente des roues permet d’ajuster la pression et la profondeur de travail des disques ouvreurs.

Simple, compacte mais efficace, cette machine surprend par son habileté à passer dans la végétation et dans des couverts végétaux en direct avec une faible perturbation du sol à partir du moment où la vitesse d’avancement reste raisonnable. C’est aussi un semoir intéressant pour les implantations de colza et de couvert dans les pailles en été. Après cette première campagne d’essais et de réglage, ce prototype devrait logiquement ouvrir la voie à des machines de 3, 4 et 6 m.

Duro : le striptill peut maintenant compter sur son petit frère

Toujours proche du terrain et réactif, notamment avec P. Jallu, Duro vient de mettre au point un « petit » strip-tiller en comparaison du premier modèle qui a cependant participé à l’essor de cette technique de fissuration et fertilisation localisée sur la ligne de semis en France. Globalement, l’outil, qui au départ était issu d’un ameublisseur, a été réduit de 30 %, simplifié et amélioré. La dent est premièrement plus fine (1,5 cm avec un protège étançon de seulement 2 cm) comme le soc dont la forme et les ailettes risquent encore d’évoluer. La profondeur de travail, elle aussi réduite, oscille entre 15 et 25 cm. À l’avant, un disque ouvreur par élément est prévu pour couper la végétation et préparer le passage de la dent, et à l’arrière, la zone ameublie est rappuyée par les roues squelettes réglables en hauteur mais maintenues en pression par une lame de ressort. Avec cet outil beaucoup plus compact et combinable à tout semoir monograine, l’objectif n’est plus de fissurer mais de sécuriser la structure et le lit de semence sur la ligne de semis et d’éventuellement placer une fertilisation starter. Enfin, ce type de dent outre demander moins de puissance, travaille le sol sur beaucoup moins large, ce qui permet d’envisager plus facilement d’étendre la technique aux implantations de colza, de betterave et/ou de tournesol tout en restant dans une gamme d’écartements entre ligne standards.

Les premiers essais réalisés sur colza cet automne (près de 800 ha) sont remarquables avec des levées homogènes malgré les conditions très sèches. En fait, la dent a bien dégagé la paille, sécurisé le passage du pivot, déclenché une légère minéralisation apportant quelques kg de N bien localisés mais elle a aussi remonté un peu de fraîcheur pour permettre une germination homogène. D’autres essais dans des couverts de moutarde avant implantation de betterave ont montré également l’efficacité de l’outil. Ainsi et après ce premier tour de piste et au vu des résultats, l’idée de monter directement un module de semis sur l’outil pour en faire un « strip-tiller semeur » afin d’implanter des féveroles, du colza et pourquoi pas du maïs et du tournesol, est en train de faire son chemin.

Actisol : le RollKrop est plus qu’un simple rolo faca

La recherche d’une destruction mécanique des couverts a amené Actisol à réfléchir sur un rouleau spécifique  : le Roll Krop. Plus qu’un simple « Rolo Faca », celui-ci est composé de deux trains de rouleaux positionnés en V dans le même sens. La différence de largeur entre le rouleau gauche et le rouleau droit qui sont inversés à l’arrière permet d’éviter une zone sans impact au centre de l’outil. Fruit de nombreux essais, chaque rouleau est équipé de lames hélicoïdales de 33 cm montées aussi avec un angle.

Enfin, les lames des rouleaux arrière sont fixées dans le sens inverse afin de recroiser les premières en X. Le choix de lames individuelles, véritables pièces d’usure faciles à changer, permet aussi de limiter la zone de contact avec le sol et le couvert afin de maximiser la pression et le travail avec un poids assez réduit (environ 1500 kg pour 3 m).

Enfin, l’angle donné au rouleau et le montage original des lames débouchent sur une rotation spiroïdale des rouleaux : La vitesse linéaire est supérieure à la vitesse d’avancement. Ainsi, le Roll Krop en ripant sur le sol, en plus de détruire la végétation, travaille légèrement la surface et peut servir d’outil de reprise. Tiré ou poussé dans le sens inverse, il perd toute son agressivité et devient un « Rolo Faca » efficace sans gratter le sol. C’est pour cette raison et pour offrir un maximum de polyvalence en un seul outil, qu’Actisol a prévu un système d’attelage mixte permettant de tirer ou de pousser la machine dans les deux sens. Cependant, l’objectif avoué est de valoriser les relevages avant par un lestage actif dans les champs, qui facilite et améliore le travail de l’outil arrière qu’il s’agisse d’un déchaumeur, d’un combiné ou d’un semoir de semis direct sans réel coût d’intervention supplémentaire.

Horsch - Express 3HD Concept nouveau pour le constructeur allemand, le 3HD est un semoir polyvalent compact et porté. Au travail, l’ensemble de la machine repose sur les larges roues plombeuses (10 cm) des éléments semeurs. Ces derniers nommés PowerDisc, très typés SD, sont composés de deux disques décalés de grand diamètre (38 cm), le tout étant fermement maintenu en pression par un puissant ressort travaillant à plat pour un encombrement réduit. Il est ainsi possible de transférer l’ensemble du poids du semoir et de la semence pour atteindre environ 150 kg/élément, une pression suffisante pour recharger une prairie ou faire du semis direct.

À l’avant et sous la trémie, l’Express 3 HD est équipé du DiscSystem à l’identique des semoirs Pronto de la même marque. En fonction des conditions, cette double rangée de disques réglables en profondeur de travail permet de plus ou moins reprendre le sol au moment du semis. En complément, un peigne positionné juste derrière, limite les projections et homogénéise le flux de terre avant le passage des éléments semeurs. Enfin, ce semoir est équipé de la distribution électronique classique DrillManager avec entraînement électrique piloté par un radar et d’une ventilation hydraulique. Avec ce nouveau semoir, Horsch propose une approche hybride pouvant être aussi à l’aise en semis rapide qu’en semis direct, tout en restant très compact et précis.


Télécharger le document
(PDF - 205.2 ko)