Techniques culturales sans labour : en sols limoneux, attention au passé cultural de la parcelle

Christian Roisin - Centre de Recherches agronomiques de Gembloux

Pratiquées de manière quasi anecdotique, il y a encore une quinzaine d’années, les techniques culturales sans labour (TCSL) font très régulièrement l’objet d’articles dans les revues et journaux agricoles. Elles y sont souvent présentées à leur avantage tant d’un point de vue économique (réduction des coûts d’implantation des cultures) que sur le plan environnemental (diminution des risques d’érosion, diminution des émissions de CO2) ou plus directement sur celui du maintien ou de la restauration de la fertilité physique et biologique du sol (augmentation du taux d’humus, de la stabilité structurale, accroissement des populations lombriciennes, etc.). Par conséquent, dans l’esprit de beaucoup, et notamment dans l’esprit des autorités publiques, elles revêtent une connotation positive qui cadre parfaitement avec le concept d’agriculture durable. Il est d’ailleurs assez fréquent de les évoquer aussi sous le vocable d’agriculture de conservation.

L’intérêt pour les TCSL ne fait donc que croître auprès des agriculteurs qui, logiquement cherchent à s’informer davantage sur leur mise en œuvre avec des questions récurrentes concernant, le plus souvent, le type de matériel à utiliser pour le travail du sol et/ou pour le semis, les périodes et conditions d’intervention (profondeur de travail, conditions d’humidité, …), le désherbage, la lutte contre les nuisibles, etc. En matière de travail du sol, la longue expérience acquise par le CRA-W montre que si les questions évoquées plus haut sont pertinentes et conditionnent partiellement la réussite de la culture, il n’est pas possible de définir des itinéraires techniques types assurant de facto le succès. Une analyse plus fouillée des résultats d’essais accumulés au cours des 20 dernières années indique clairement que, dans les sols limoneux tout au moins, d’autres facteurs que ceux énoncés plus haut doivent être pris en compte car ils interfèrent avec l’itinéraire technique pratiqué et risquent de mettre à mal la rentabilité de la culture notamment lorsqu’il s’agit d’une culture sensible à la structure comme la betterave, le maïs, la chicorée ou le lin par exemple. Or un manque de rentabilité ne peut que conduire à une désaffection pour les TCSL et mettre à mal des politiques de gestion des sols agricoles orientées vers un plus grand respect de l’environnement et le maintien de la fertilité des sols. Il convient donc d’identifier ces facteurs afin de pouvoir en tenir compte au moment de la conversion d’une terre agricole en TCSL.

De par leur nature, les TCSL occasionnent au niveau de la couche arable, un bouleversement du sol plus limité en profondeur et/ou en intensité qu’un labour. Il est dès lors logique de se demander dans quelle mesure le passé cultural, dont dépend l’état structural initial du sol, ne constitue pas un facteur déterminant susceptible d’avoir un impact plus important en non-labour. L’objectif du présent article est de tenter de répondre à cette question au travers d’essais permettant de mettre en lumière l’interaction entre l’état structural initial du sol et les performances relatives des TCSL par rapport à celles d’un labour.


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