Mardi 28 janvier 2020
Philippe Pastoureau

Éleveur dans la Sarthe et ACiste reconnu, Philippe PASTOUREAU multiplie les essais, toujours à la recherche d’amélioration. Rédacteur de longue date sur A2C, il relate ses expériences : un véritable appui technique et un vrai régal à lire !

Il était temps, Guillaume Tant.

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« Ce qui anime la vie, c’est un petit courant électrique produit par le soleil ». Albert Szent-Györgyi (1893-1986,) Prix Nobel de Médecine-Physiologie 1937

Régénération Tant attendue !

En Mars 2019, j’ai assisté à une conférence de Guillaume Tant, jeune ingénieur agronome (globe trotter) qui bosse aujourd’hui pour le Cerfrance ( centre comptable ). Guillaume m’a bousculé dans mes convictions sur l’agriculture du carbone, cela tombe au bon moment puisque je perçois dans mes pratiques des situations d’impasse avec la chimie tant décriée par nos consommateurs.

Une vidéo qui illustre la vision en 2030 du Cerfrance

Décompactage de cerveau, 2.0.

Oh punaise, que ça fait mal...

Mon groupe de voisins avec qui nous payons un conseiller privé pour les cultures a radicalement adhéré à la volonté d’en savoir plus après la rencontre de Guillaume Tant.
Pour faire très simple et vous expliquer les changements de pratiques que nous envisageons :

Avant  : Nos pratiques visaient à protéger les sols de l’érosion, réduction du travail du sol et couverture en général. Pour la croissance des plantes et leurs protections, comme tous nous avons des pratiques raisonnées mais trop souvent basées sur les "cides", on gère par la mort.
Après : Découverte que le sol est vivant et qu’il y a bien d’autres choses, bien plus importantes que les simples vers de terre.
J’assimile le sol à la panse d’une vache, cela fonctionne exactement pareil. La notion de sol vivant prend toute sont importance, on va chercher à augmenter les défenses immunitaires des plantes par de meilleurs équilibres du sol mais aussi de la sève, on gère par la vie !
Ce gros changement de posture doit nous conduire à diminuer l’usage des "cides" ainsi que des engrais minéraux ( je parle azote), simplement parce que nous n’en aurons plus besoin, et non parce que l’on se les interdit.
("autant que possible, si peu que nécessaire" dixit Frédéric Thomas)

Voici un très rapide résumé du nouveau mode de production que Guillaume nous préconise :

Partie sol : il conseille aux agriculteurs de faire une analyse de sol Albrecht (exemple, réalisé dans un labo anglais (55 € l’analyse) afin de connaître non pas les teneurs mais les équilibres entre les éléments minéraux et oligo présents dans le sol ainsi que les éléments qui provoquent des blocages.
Suite à cela, il faut dans certains cas prévoir tel ou tel apport. Par exemple, il nous expliquait qu’il voyait très fréquemment des semelles de TCS, liées aux éléments de Calcium ou Sodium qui descendent dans le profil et se posent sur la semelle de labour. Le labour est dans ce cas la meilleure solution pour remonter ces éléments en surface (attention aux âmes sensibles), sinon la fissuration s’impose mais surtout, cela traduit un manque de communication entre les racines et les mycorhizes qui ne sont pas nourries en permanence. Bref, je ne suis pas assez calé pour expliquer cela mais il a parlé de l’importance de nourrir le sol “tout le temps” avec des fumiers frais, des couverts et d’avoir des racines vivantes le plus longtemps possible pour avoir un sol vivant.

Il nous a parlé de potentiel Redox et de l’indice de Brix qui est le taux de sucres dans les plantes. Celui-ci est directement lié à la vie du sol (idéalement, il ne faudrait plus mettre d’engrais azoté minéral, cela fou le bordel dans le sol).
Pour comprendre, il a pris l’exemple des insectes, ceux ci n’aiment pas le sucre et ne savent pas le digérer puis en meurent. Donc quand votre plante a un taux de Brix de 16, les insectes n’y touchent pas, si le taux de Brix est de 8-10, appelez les vendeurs de "cides"...
Pour que les plantes puissent avoir un taux de Brix qui tienne dans le temps, il faut qu’elles fabriquent du sucre en continu et cela est lié à l’activité du sol. Faire un apport de sucre résout un souci à un moment donné mais n’est pas durable. Guillaume Tant travail donc à mettre au point des méthodes surtout issues d’Australie et des USA, qui visent à corriger l’équilibre minéral des sols – enrober les graines (pour réveiller les bactéries autour de la graine) et faire des apports foliaires d’oligo + tisane au cas par cas.

Il préconise de travailler avec de l’azote soufré (toujours 2 N pour 1 S), du sulfate de magnésie, du thiosulfate, du bore et du zinc. Il nous montrera comment multiplier des EM avec des fermentations que l’on peut faire très facilement chez nous. Ces enzymes servent ensuite en pulvérisation ou à mettre dans les fosses à lisier, cela oriente les fermentations (un peu comme du Biosil). Ces trucs ne coûtent rien (1-2 €/ha) et permettent de réduire la fertilisation azotée.

Une vidéo de Marc André Selosse qui nous parle de la microbiologie des sols et pourquoi nos pratiques sont au bord de effondrement. Un très bon rappel sur l’évolution des modes de production, avec un coté ironique en citant que "nous fabriquons les problèmes de demain", restons humbles ...
( de 26’ à 50’)

Suivi de Olivier Husson, lui aussi scientifique Français qui nous explique ce qu’engendre l’oxydoréduction dans nos sols. Une vidéo ludique très imagée qui devrait vous permettre d’être "au courant".

1/2 décision = Bordel2

( de 1h 44 à 2h20)

Un lien pour mieux comprendre le Redox et l’oxydoréduction

Ces 2 vidéos sont issues d’une conférence diffusée en direct le 23 Janvier 2020, un grand merci aux organisateurs de nous partager ce contenu si riche. N’hésitez pas à regarder l’intégralité de la conférence ici, les autres intervenants sont également très intéressants.

Bienvenue dans l’Agriculture Régénératrice selon John Kempf

Voici des liens pour approfondir la mise en place de l’agriculture régénératrice, cela peut se faire en quelques mois sur de petites surfaces, quelques années à la taille d’une ferme.
Vous prendrez bien un peu de suc...

La pyramide de santé des plantes
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La pulvérisation foliaire comme outil de régénération des sols
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les nutriments essentiels nécessaires pour augmenter la photosynthèse
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- >Source Ver de Terre prod, merci à eux.

Bienvenue au Carbone Liquide

Bienvenue dans l’Agriculture Régénératrice selon Christine Jones

Plus de photosynthèse, plus d’électrons, plus d’échanges de sucres ( carbone liquide), plus de mycorhises, plus d’éléments échangés sur le CAH ( complexe argilo humique ) , plus de biomasse, plus de restitutions, ..., ...,...
Voilà comment nous allons commencer à aggrader ( inverse de dégrader) des sols , l’objectif est de faire monter très rapidement de taux de MO de nos sols, 1 à 2 % de plus en 4-5 ans, nous sommes très loin de ce que procure l’A2C "classique".
Ce Carbone liquide va se démultiplier dans le sol avec l’accélération de la décomposition des résidus, une meilleure nutrition donc plus de biomasse fraîche qui va venir remplir l’estomac, euh non le sol pour augmenter de façon durable le Brix de nos plantes. Les impasses en "cides" se présentent donc de façon sereine.

La voie méconnue du Carbone Liquide

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Save our soils

Si vous êtes parvenu à lire tout ce post, vous comprendrez désormais mon changement de posture dans mes pratiques agricoles,
Le "A la mort" va être minimisé pour tendre vers le "A la vie".
Dans mon prochain post, je vous explique comment cela se traduit dans les champs...

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