La fertilité biologique des sols

Christophe barbot - l’Est agricole et viticole - 14 mars 2008

Sur la terre, 15 cm : c’est l’épaisseur de la couche végétale sur laquelle repose la vie entière de la planète. Une relation forte existe entre la qualité biologique d’un sol et la qualité des aliments produits. Ainsi l’activité biologique a un rôle primordial comme vecteur de nutrition et de protection des cultures.

Un réseau trophique basé sur la matière organique morte

Quand vous êtes debout sur la terre, vous vous tenez sur le toit d’un autre monde” (Jill Clapperton). Le sol est un écosystème vivant et habité présentant des interrelations très complexes entre organismes :
- les arthropodes, animaux invertébrés : coléoptères, collemboles, fourmis, cloportes, acariens, araignées, mites, mille-pattes et autres insectes
- les vers de terre ou lombriciens animaux au corps constitué d’une série d’anneaux semblables, les plus visibles et révélateurs du milieu
- les nématodes, vers minuscules parasites ou bénéfiques pour les plantes
- les champignons, pluricellulaires aérobies plus résistants que les bactéries
- les algues microscopiques, unicellulaires filamenteux qui vivent en colonies
- les protozoaires, unicellulaires sur film d’eau, plus grands que les bactéries
- les bactéries, et les actinomycètes, 100 millions par gramme de sol ou 1500 kg/ha.

Les résidus organiques et les sucres fournissent de l’énergie à la faune du sol

La matière organique des sols, combustible des chaînes alimentaires, est un mode de stockage pour l’énergie et les éléments nutritifs utilisés par les végétaux et d’autres organismes. Bactéries, champignons, et autres habitants des sols vont la transformer. Ces micro-déchiqueteuses, acariens oribates minuscules transforment en squelette les feuilles de végétaux morts. Cette activité biologique contribue à la libération des éléments nutritifs nécessaires à la croissance des plantes. Le cycle des nutriments de carbone, d’azote et autres, est ainsi lancé.

Les vers de terre

Ils sont une bonne illustration de la vie biologique des sols, où 1 g de vers de terre génère au moins 2 g de vie microbienne dans le monde souterrain. L’ensemble “microfaune du sol” ne représente que 0,25 % de la masse de terre, mais cet ensemble a un rôle primordial. Les vers anéciques, principalement les lombrics, montent et descendent dans le sol, brassant ainsi le sol et les matières organiques, en créant des galeries verticales et venant en surface la nuit pour se nourrir de débris végétaux, y compris dans les maïs. Ces lombrics ont un effet important sur la structure du sol, leurs activités fouisseuses facilitent l’implantation des racines. Des comptages, avec la méthode de dénombrement par infiltration d’un irritant, ont été réalisés le 19 octobre 2007 sur une parcelle expérimentale du lycée agricole d’Obernai. Cet essai a permis de trouver 10 fois plus de vers de terre dans la variante sans aucun travail du sol que dans la variante labourée, trois ans seulement après l’arrêt de la charrue. Sur la variante “labour”, on a constaté que les 30 litres d’eau par m3 s’infiltraient beaucoup moins facilement que dans les autres variantes sans labour. Les profils ont révélé deux fois plus de galerie verticales au mètre linéaire. La macro et micro faune du sol :
- facilite la biodégradabilité (capacité d’épuration)
- crée une porosité fonctionnelle, car riche d’interconnexions. Elle joue sur la circulation de l’eau (meilleure infiltration des pluies)
- multiplie les galeries et turriculés, augmentant la structure grumeleuse du sol (meilleure rétention)
- permet une meilleure utilisation des nutriments du sol par les plantes (disponibilité accrue)


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