Lundi 22 octobre 2018
Opaline LYSIAK

Après 5 années d’enseignement en lycée agricole, Opaline réalise un Tour du Monde et parcourt 12 pays en 12 mois : « Enseigner autrement l’Agroécologie". Elle crée l’Ecole d’Agroécologie Voyageuse, qui a accompagné 42 personnes à apprendre l’agroécologie en voyageant dans les fermes et trouver leur place dans le monde paysan et du Vivant.

Le ver de terre n’a pas de frontières

Tiens tiens, l’Humain se rappelle soudainement qu’il vient de l’Humus et y dédie une journée !
Le dimanche 21 octobre nous célébrons la journée mondiale du Ver de Terre, organisée par la Earthworm Society of Britain. Un jour pour le ver de terre, alors qu’on devrait l’honorer 24h/24 et 7j/7. Cela me fait penser à la journée de la femme. Mais c’est quand même une bonne idée, car ça m’a donné l’occasion de faire cette vidéo :

Vous l’avez vu et entendu, vous avez peut être été ému : il y a plus de façons de dire « ver de terre » que de pays sur terre. Et pourtant ils font tous le même travail, quel que soit le contexte. Ils participent - à leur insu - à produire notre nourriture partout sur la planète. Humbles, ils ne demandent aucune éloge, pourtant Christophe Gatineau dans son dernier livre a décidé de le faire.
Pendant 11 mois et dans 12 pays, j’ai rencontré des passionnés du lombric, ou des gens qui n’y connaissent rien mais c’était l’occasion pour leur aérer l’esprit à coup de galeries. Les vers de terre ne connaissent pas les frontières ; on leur en impose parfois entre certains horizons. Oui, l’inter-culture (du latin cultura « habiter », « cultiver », ou « honorer ») entre peuples - aller vers l’autre et aimer la différence autant que les similitudes - est aussi importante que dans les champs, pour maintenir une vie sous la surface des sols, des écosystèmes équilibrés.
«  Le ver de terre c’est l’agriculteur-chercheur , me dit Sebastien Angers, agriculteur Québécois. Il creuse dans l’inconscient du vivant, dans la complexité et le mystère du sol, comme tous les agriculteurs qui prennent des risques sur leur ferme pour expérimenter »
Si on développe une certaine connection à la nature, il nous rappelle que tous les Humains viennent de l’Humus et plus on se rapproche du sol, à la fois si simple et complexe, plus on gagne en Humilité. Cette Humilité nous est aussi vitale que l’Humus. « La nature me fait chaque année apprendre de mes erreurs » explique Félix Noblia, agriculteur qui relève le défi de l’ABC dans le Pays Basque.
Au Brésil, l’agroforestier João Pereira me dit «  la Nature c’est l’énergie, les Humains sont la conscience  ». Nous avons l’incroyable opportunité d’utiliser notre conscience pour restaurer les écosystèmes - qui sont aujourd’hui des égosystèmes - et catalyser les processus naturels pour produire notre nourriture. «  L’être humain est un animal raté » dit l’éthologue Pierre Jouventin. L’évolution nous a donné un cadeau (ou un fardeau) celui de pouvoir et devoir prendre des décisions ; si éloignés des origines de la vie notre instinct ne suffit plus. Allons trouver notre place au sein de la nature pour prendre des décisions et sauver notre espèce ? Le film de l’être humain pourrait se terminer ainsi : « Quelques millénaires après s’être levé sur ses deux pattes arrières et s’être un peu trop éloigné du sol, de sa source, l’Homo s’est auto-détruit » c’est la Nature qui publie l’article, parce qu’elle s’en sortira très bien. C’est de l’Humour, mais c’est bien sérieux. Rapprochons nous du sol et tout ira bien, vous verrez.