Jeudi 27 juillet 2017
Michel Lambotte

Électromécanicien à la retraite, Michel LAMBOTTE se voue à comprendre les rouages de la thermodynamique. Il écrit régulièrement sur le climat et son évolution. Fils d’agriculteur, il reste lié à l’agriculture et participe notamment à un jardin collectif où il tente de faire adopter les principes de l’AC.

A nos consciences - Poursuite de la réflexion...

Dans son article "A nos consciences", Cécile Waligora écrit : "Les chercheurs appellent à réduire la croissance de la population humaine".

Pourquoi la croissance démographique ?

La première question qui me vient à l’esprit est de savoir pourquoi il y a croissance de la population humaine ? C’est très bien expliqué à la page 14 de ce document https://revolution-francaise.net/editions/wood.pdf
C’est l’agriculture qui a été responsable de cette croissance en profitant de l’amélioration des rendements grâce à l’introduction progressive du capitalisme agraire, qui, en « libérant » des paysans sans terres, ceux-ci ont pu rejoindre les rangs des travailleurs citadins.
Ces travailleurs citadins, sous les ordres d’une classe dirigeante, ont construit l’ère industrielle carburant à l’énergie fossile. Au sortir de la guerre 14-18, grâce aux nitrates, l’industrialisation de l’agriculture a été possible et de nouveau, les rendements ont augmenté et de là, créé le boom économique et démographique que nous connaissons ; avec ses conséquences néfastes décrites dans l’article de Cécile Waligora.

Loin de moi l’idée de bannir le capitalisme ; à mes yeux, il faut simplement le dépasser comme l’AC veut dépasser, sans détruire ses bienfaits, l’industrialisation de l’agriculture.
On peut résumer le capitalisme comme étant une triade entre un propriétaire des moyens de production (financier) un entrepreneur et des travailleurs. Tous sont soumis aux impératifs du marché, la rentabilité pour le financier, la compétitivité pour l’entrepreneur et la productivité pour les travailleurs. Dans le cas des indépendants, les rôles peuvent s’additionner pour une même personne.

En réinvestissant constamment les rentes, un tel système ne peut que croître indéfiniment.
Tant que le système de rentes, dividendes et intérêts existera, la croissance sera nécessaire, c’est très bien expliqué ici par Paul Jorion http://www.pauljorion.com/blog/2017/07/15/retranscription-pas-de-decroissance-sans-remise-en-question-de-la-propriete-privee-le-27-juillet-2014/
Il faut le savoir et en tenir compte pour inventer un autre système capable de dépasser ce paradoxe.
En ce domaine, l’AC, l’agroécologie, l’agriculture du carbone peuvent y contribuer.

Voilà enfin l’objet de ma contribution, la sobriété de l’agriculture de conservation pourrait peut-être contribuer à une nouvelle vision de la rentabilité de la compétitivité et de la productivité capable de résoudre les problèmes décrits dans l’article "A nos consciences". Transiter d’un moteur économique basé sur l’intérêt financier à un moteur économique basé sur l’intérêt de la sobriété.

La sobriété a un intérêt

Rencontre bout de champs en ACEt bien oui la sobriété a un intérêt, les agriculteurs qui pratiquent l’agriculture de conservation l’ont bien compris. Ils parviennent à cultiver avec moins d’intrants, moins de pesticides, moins de fuel.
Tout cela n’est possible qu’à condition de capter le maximum d’énergie venant de la photosynthèse qui va alimenter un système biologique qui pourra avantageusement remplacer ou transformer un ensemble d’outils. En quelque sorte on remplace du métal et du fuel par du biologique.
L’agriculture de conservation a les arguments adéquats pour aider à orienter vers la sobriété les décideurs habilités à changer les cadres juridique et économique de nos modes de vie.
Il nous faut par tous les moyens faire pression sur l’appareil politique pour infléchir les décisions vers la sobriété.
Cela n’est possible que si nous-même nous remettons en question notre propre vision du capitalisme et de ses conséquences. Nous ne pouvons pas éluder ces questions sous prétexte que cela nous éloigne des préoccupations de l’AC, il y va de notre avenir et celui des générations futures.
Beaucoup de jeunes font le choix de l’agriculture ; nous devons inventer un système économique capable de leur permettre de s’inscrire dans une agriculture durable.

Une simple question me vient à l’esprit : comment pouvoir investir l’épargne citoyenne dont l’intérêt financier est nul ou presque vers ce type d’agriculture ? La question sous-jacente étant de déterminer le type d’intérêt qu’il faudra instaurer étant donné qu’un intérêt purement financier nous fera retomber dans les mêmes travers capitalistes.
Comme le dit C. Waligora, si nous ne faisons rien ces désastres se retourneront contre nous, chacun doit contribuer aux solutions.
Sans prétention, cette contribution essaye d’élargir le champs de vision en tenant compte d’où nous venons, où nous sommes et où nous devrions aller.
George Bernard Shaw ne disait-il pas : Vous voyez les choses et vous dites : pourquoi ? Moi, je rêve de choses qui n’ont jamais existé et je dis : pourquoi pas ?