Mardi 23 mai 2017
Thierry Stokkermans

Originaire du Sud-Ouest de la France, Thierry STOKKERMANS a travaillé en Espagne, Nouvelle-Zélande et Australie avant de s’installer aux Pays-Bas. Convaincu par le semis direct à faible perturbation, il conçoit et développe aujourd’hui des machines agricoles (zip drill).

L’Agriculture de Conservation dans les années 60 et aujourd’hui

L’Agriculture de Conservation (AC) moderne est apparue durant les années 1960 et elle a beaucoup évolué depuis. Chacun des 3 piliers s’est enrichi et est devenu plus fort.
L’AC moderne est née quelques années après l’apparition du paraquat et des premiers semoirs de semis direct tirés par un tracteur. Les piliers de l’AC sont très vite arrivés (tableau 1). Dès le début, il a été question de couvrir le sol, de ne pas le bouleverser et de lui donner de la biodiversité. Ces trois piliers n’ont jamais changé mais les techniques employées ont évolué et se sont beaucoup enrichies.

Techniques et outils de l'AC en 1960 et en 2017

La couverture du sol dans les années 60 était principalement composée des résidus de culture. Aujourd’hui pour couvrir les sols, les agriculteurs se servent toujours des résidus mais ils y associent un grand nombre d’innovations telles que les couverts végétaux, les cultures relais, les doubles cultures et les plantes compagnes. C’est un véritable bond en avant qu’a fait l’AC.
Le non-bouleversement du sol est le second pilier et la méthode d’implantation est le semis direct. Il y a de l’évolution dans le semis direct. En 1960, le semis direct avait un seul objectif : semer en limitant au maximum la perturbation du sol. En 2017, les agronomes ont appris énormément de choses sur le semis direct. Par exemple, ils savent qu’un bon semis direct demande une faible perturbation du sol, un contact sol graine propre et de créer les conditions du brouillard du sol. Il y a beaucoup plus de choses à savoir sur le semis direct. Le tableau 1 en fait une liste et j’espère pouvoir en parler plus dans les prochains post.

Tomates de conserve en AC

En ce qui concerne le non-bouleversement du sol, il est aussi intéressant de voir qu’il y a de nouvelles pratiques qui émergent telles la plantation de plantule en direct (figure 1) ou la localisation de l’engrais en culture pour optimiser l’utilisation de l’azote tout en limitant le bouleversement du sol (vidéo youtube).Le troisième pilier est la biodiversité. Dans les années 1960, il n’était question que d’un seul levier pour assurer la biodiversité : la rotation. En 2017, il y a une multitude d’outils et de pratiques pour assurer la biodiversité. Il y a bien sûr la rotation mais il y a maintenant aussi les couverts végétaux multi-espèces, les cultures relais, les double cultures, les cultures associées, les plantes compagnes, l’agroforesterie, les couverts végétaux dans les vignes et vergers, le pâturage des couverts végétaux et la gestion du pâturage selon les principes d’Alan Savory. Comme vous venez de le lire, il y a une bonne dizaine de moyens différents pour booster la biodiversité dans les parcelles. Par conséquent, il est possible aujourd’hui d’assurer le pilier biodiversité tout en restant sur des cultures bien connues et rémunératrices. Ceci simplifie le passage à l’AC et l’intégration de l’AC dans les filières agricoles déjà existantes.
Depuis 1960, l’AC a beaucoup changé et évolué. Elle a énormément gagné en connaissances et a innové en développant des outils et techniques adaptés, simples à utiliser et performants. L’AC a démontré sa capacité à produire des matières premières de qualité et en quantité tout en conservant la ressource première des agriculteurs : le sol. L’AC atteint ses objectifs techniques : produire aujourd’hui et demain tout en préservant les ressources. Et, de par ses résultats et ses capacités, l’AC va encore beaucoup faire parler d’elle dans le futur.