Lundi 20 février 2017
Emmanuelle Richard

Emmanuelle RICHARD est une passionnée du sol. De formation scientifique et agricole, elle créé, dans le piémont pyrénéen, l’EURL Agronomie Terroirs où elle accompagne agriculteurs et vignerons sur la fertilité des sols, la santé des plantes, la qualité des produits et la rentabilité des fermes.

OBSERVER- EVALUER - RESSENTIR POUR COMPRENDRE ET DECIDER

Nous sommes en Béarn, au Sud de Arbus, chez un éleveur laitier bio : Jean André Biscar. Il s’agit de sols d’alluvions limoneux de basses terrasses.

Des tâches d’hydromorphie en surface, signes de soucis

2 parcelles côte à côte se comportent différemment. Le semis de RGA et Trèfle blanc a été réalisé en 2014 sur de la prairie. La technique du labour et du semis combiné a été réalisée eu printemps.

  • Prairie de gauche J.A. Biscar
  • Prairie de droite J.A Biscar
  • Sol 30 cm J.A Biscar
  • Profil 35 cm J.A Biscar
  • Détails profil gauche J.A Biscar
  • Zoom profil de droite J.A Biscar

Quand l’agronomie aide à prendre des décisions sur la conduite du troupeau

Le chiendent s’installe sur la parcelle de gauche, sur ce sol très limoneux, compact et subissant une forte hydromorphie saisonnière.
L’agriculteur pensait que les parcelles reposaient sur le même sol. Non seulement, la nature du terrain est différente, mais l’état hydrique et structural diffèrent. Pour sécuriser la mise en place et la production de prairie, nous orientons vers la diversité des espèces et le semis sous couvert de céréale.

Les analyses de sol montrent aussi de faibles niveaux de phosphore et de potasse pour les 2 parcelles. Un apport est prévu. Mais il est nécessaire de modifier la conduite de la pâture. L’éleveur pensait que son pâturage tournant où les bêtes restaient 4-5 jours suffisait. Grâce aux analyses de sols et aux observations, il se rend compte qu’il est nécessaire de faire du « vrai » pâturage tournant dynamique pour une meilleure restitution (durée de séjour : 1 à 2 jours).
Il ne suffit pas de savoir. Sur le terrain, nous nous apercevons que tout agriculteur qui prend le temps de ressentir en profondeur son sol, adapte sa pratique de manière plus sereine et plus « douce » malgré certaines contraintes qui pouvaient être bloquantes avant le travail d’observation, d’évaluation et de ressenti.

Enseignement pour le semis direct

A de nombreuses reprises, les parcelles ou zones de parcelles qui possèdent ce type de tâches d’hydromorphie, ont souvent les moins bons résultats. Pour nous, c’est un des indicateurs importants pour juger de l’état du sol, et évaluer les risques pour le semis direct sous couvert.