Vendredi 21 octobre 2016
Guillaume Bodovillé

Passionné d’agronomie, je contribue au site agriculture-de-conservation.com et au magazine TCS. Je m’intéresse aux pratiques agricoles innovantes permettant la conservation du sol et l’amélioration de sa fertilité.

Un petit tour de plaine…

Malgré une sécheresse persistante, quelques agriculteurs ont réussi à obtenir de beaux couverts, notamment grâce aux températures clémentes du mois de septembre. Du Nord au Sud, petit tour de plaine en images, tirées du forum http://www.agricool.net.

Dominique Dumont de Chassart (Belgique)

Dans le Brabant Wallon, Dominique Dumont de Chassart couvre le sol entre des pois de conserve et du blé avec un biomax.
Sitôt la récolte des pois, déchaumage au Horsch Terrano à 10 cm, puis semis du couvert au 15 juillet au Horsch Express 3TD (ce semoir est équipé de disques indépendants et non d’une herse rotative).
Le couvert est composé de nyger, phacélie, avoine brésilienne, trèfle d’Alexandrie, pois fourrager et vesce.

Couvert biomax entre pois et blé chez D. Dumont de Chassart - Belgique
Couvert biomax entre pois et blé chez D. Dumont de Chassart - Belgique

Le couvert a depuis été mulché par un passage de disques indépendants, 2 semaines avant le semis du blé.

Bernard Duroselle (Belgique)

Non loin de Liège, Bernard Duroselle a implanté un biomax pour couvrir le sol avant des betteraves.
Le couvert a été semé le 20 juillet : les semences sont épandues quasiment à la volée par un Nodet modifié (les sabots ont été ôtés), monté sur le relevage avant du tracteur, et enfouies par le cultivateur attelé à l’arrière du tracteur.

Semis d'un couvert biomax chez B. Duroselle - Belgique avant betteraves
Semis d’un couvert biomax chez B. Duroselle - Belgique avant betteraves

Cette année, le couvert est composé d’avoine, moutarde, phacélie, sorgho, moha, trèfle d’Alexandrie et vesce.

Couvert avant betteraves chez B. Duroselle - Belgique
Couvert avant betteraves chez B. Duroselle - Belgique

Le couvert mesure quasiment 2 mètres !
Pour la destruction, Bernard envisage 3 options :
• En cas de gel marqué avant le 15 novembre : destruction par le gel.
• En cas de gel annoncé quelques jours après le 15 novembre : destruction par roulage.
• Si pas de gel : destruction par broyage.

Jérôme Gallois (Aube)

Dans l’Aube, Jérôme Gallois a réussi à obtenir une bonne couverture du sol après un blé récolté fin juillet, sur des terres destinées à des vesces de multiplication l’an prochain.

Sur une parcelle, le couvert a été semé en direct dans les chaumes du blé 3 jours après la moisson ; un désherbage au glyphosate a été réalisé pour détruire les renouées liseron avant la levée du couvert. Sur l’autre parcelle, un déchaumage a été réalisé au Lemken Rubin suite à un épandage de 4,7 t/ha de compost de déchets verts ; le couvert n’a été semé que 10 jours après la moisson.
Le couvert est composé principalement de féverole avec du trèfle d’Alexandrie, du lin, de la phacélie, du radis et du tournesol.

Couvert biomax entre blé et vesce chez J. Gallois - Aube
Couvert biomax entre blé et vesce chez J. Gallois - Aube

Les premières gelées ont eu raison des tournesols.
Le reste du couvert sera détruit par roulage pendant un épisode de gel plus intense.

Couvert biomax gelé chez J. Gallois - Aube
Couvert biomax gelé chez J. Gallois - Aube

Pierrick Meuret (Haute-Marne)

Pierrick Meuret, en Haute-Marne, a implanté un biomax derrière un blé paille broyée. Un scalpage a été réalisé à la mi-août avec un déchaumeur Treffler, afin de détruire les adventices tout en évitant une application de glyphosate. Le couvert, composé de seigle (seule plante du couvert qui passera l’hiver), féverole, pois, sarrasin, tournesol, phacélie, radis et lin, a été semé à la volée au cours de ce même déchaumage (trémie frontale).

Couvert biomax après blé chez P. Meuret - Haute-Marne
Couvert biomax après blé chez P. Meuret - Haute-Marne

Les plantes à grosses tiges ont été détruites par roulage. Au jour du roulage, le couvert avait produit 3,5 t MS/ha. Le seigle va continuer à se développer et couvrira le sol tout l’hiver.
La culture suivante sera soit une orge de printemps, soit un pois de printemps.

Roulage du biomax chez P. Meuret
Roulage du biomax chez P. Meuret

Dans une parcelle hydromorphe, un colza associé a été implanté de manière opportuniste, en direct dans les chaumes du précédent seigle qui avait lui-même été très affecté par l’hydromorphie : dose élevée de semences fermières de colza, lentilles et féveroles pour produire de l’azote à l’automne, niger et tournesol pour détourner les limaces et un soupçon de lin pour les altises.
Une forte levée de ray-grass après le semis a nécessité l’application d’un anti-graminée. Malgré le niger et le tournesol, malgré une application d’hélicide Sluxx, les limaces ont fait de gros dégâts par places. En fonction du développement du colza en sortie d’hiver, Pierrick décidera soit de le conserver comme culture, soit de le détruire et d’implanter une culture de printemps.

Colza associé en terre hydromorphe chez P. Meuret
Colza associé en terre hydromorphe chez P. Meuret

Le niger a été détruit par les premières gelées.

Niger détruit par les premières gelées - P. Meuret
Niger détruit par les premières gelées - P. Meuret

Quant à l’orge d’hiver semée en direct dans les repousses de colza et le trèfle blanc (voir http://agriculture-de-conservation.com/Couverts-vegetaux-532.html?id_document=5544), elle lève bien :

Orge en direct dans repousses de colza et trèfle blanc - P. Meuret
Orge en direct dans repousses de colza et trèfle blanc - P. Meuret

Nicolas Varney (Haute-Marne)

Au Sud de la Haute-Marne, Nicolas Varney n’a pas pu récolter ses pois d’hiver, trop impactés par les maladies qui se sont développées avec le printemps terriblement humide. Le faible développement des pois ayant favorisé le salissement du champ (matricaire, gaillet, etc.), un désherbage total au glyphosate a été nécessaire. Ensuite, 20 t/ha de fumier de vaches laitières, provenant d’un échange paille/fumier avec un voisin éleveur, ont été épandues. Le couvert, composé d’avoine diploïde, vesce, féverole, lin, colza et tournesol, a été semé dans la foulée, début juin, en direct avec un John Deere 750A.
La photo ci-dessous montre le couvert le jour du semis direct du blé. La trémie frontale permet de localiser un engrais starter, mais cela n’a pas été nécessaire ici du fait de l’apport de fumier avant le semis du couvert. Une application de glyphosate a fini de détruire le couvert.

SD de blé dans biomax derrière un pois raté - N. Varney Haute-Marne
SD de blé dans biomax derrière un pois raté - N. Varney Haute-Marne

Yann Bonjour (Suisse)

Chez Yann Bonjour, à 800 m d’altitude en Suisse, les récoltes sont tardives, l’hiver précoce, et les couverts n’ont que peu de jours pour se développer. Pour info, Yann fait l’objet d’un reportage à paraître dans le TCS n°89.
Pour couvrir une interculture blé/maïs ensilage, Yann a semé le 14 août (une semaine après la récolte du blé), un gros couvert constitué de seigle (seule plante du couvert qui passera l’hiver), féverole de printemps, avoine brésilienne, pois, lentille, trèfle incarnat, sarrasin, tournesol, radis chinois. Le couvert a reçu des effluents d’élevage, à hauteur d’environ 60 kg N/ha.

Biomax entre blé et maïs chez Y. Bonjour - Suisse
Biomax entre blé et maïs chez Y. Bonjour - Suisse

Le colza, semé également à la mi-août à la suite d’un blé ou d’un triticale, est, quant à lui, associé à des féveroles, du fenugrec, des lentilles, de la gesse, du trèfle blanc, du sarrasin, et un fond de sac de niger. Le mois de septembre, particulièrement clément cette année, a permis un fort développement du sarrasin (la photo date du 29 septembre), heureusement vite détruit par les premières gelées début octobre.

Colza associé premières gelées chez Y. Bonjour
Colza associé premières gelées chez Y. Bonjour

Maxime Carnel (Cher)

Chez Maxime Carnel, dans le Cher, c’est un colza qui a été implanté au 14 juillet, en direct dans des chaumes d’orge d’hiver, avec un semoir Primera. Le colza est accompagné par de la féverole, de la gesse, du tournesol et un soupçon de sarrasin. De l’antilimace Sluxx a été apporté au semis et les repousses d’orge ont été détruites par un anti-graminée fin juillet.
La canicule et la sécheresse (pas de pluie significative du 25 juin au 17 septembre, et seulement 19 mm le 17 septembre) ont eu raison des féveroles, qui n’ont survécu que dans les zones ombragées.

Colza associé chez M. Carnel - Cher
Colza associé chez M. Carnel - Cher

Jérémie Baret (Lot-et-Garonne)

Chez Jérémie Baret, dans les coteaux du Lot-et-Garonne, ce sont 2 couverts qui se succèdent lors d’une interculture blé de force / sorgho grain.
• Tout d’abord, un couvert d’été (en photos ci-dessous), semé en direct dans les chaumes du blé de force avec un semoir Gaspardo Directa : il est composé de sorgho à balai, tournesol, féveroles, pois fourragers et gesse.
• Ensuite, un couvert d’hiver, composé de féveroles, pois fourragers, vesce et phacélie, semé en direct dans le couvert d’été.

Couvert d'été chez J. Baret - Lot et Garonne
Couvert d’été chez J. Baret - Lot et Garonne
Racines du couvert d'été chez J. Baret
Racines du couvert d’été chez J. Baret