Mardi 26 juillet 2016
Cécile Waligora

Biologiste, écologue et agronome de formation, Cécile WALIGORA anime et rédige aussi pour la revue TCS. Elle s’intéresse tout particulièrement à la biodiversité des agroécosystèmes.

Ça chauffe pour les corneilles !

Dans le Canton de Vaud, en Suisse, une nouvelle silhouette se dessine parfois dans le ciel à l’heure des semis. Il s’agit d’une buse de Harris, grande amatrice de corvidés, corneilles noires et corbeaux freux. Il faut dire qu’au moment des semis et levées de cultures, maïs en premier lieu, ces corvidés sont devenus la bête noire des agriculteurs, notamment les bios. Et oui, les volatiles ne sont pas fous : ils savent très bien cibler les parcelles où les semences ne sont pas traitées. Ce sont surtout les jeunes corneilles encore célibataires qui commettent le plus de dégâts, les adultes nicheurs prélevant d’autres nourritures telles que des vers de terre, limaces, insectes et petits mammifères (campagnols) pour leurs nichées.

Lutte contre les corvidés
Utilisation d’une buse de Harris par un fauconnier professionnel dans le Canton de Vaud au printemps 2016 afin de protéger les semis et levées de maïs (surtout bio) des corneilles noires. Ici, il s’agit d’une buse de Harris mais chaque fauconnier peut travailler avec d’autres espèces.

La Suisse compte ainsi 300 000 corneilles noires sur son territoire et les oiseaux commencent sérieusement à se sentir à l’étroit. A l’instar de ce qui est déjà fait sur Genève, le Canton de Vaud a donc demandé l’aide d’un fauconnier. Celui-ci est ainsi rémunéré 1000 Fr CH par jour pour environ 25 ha couverts (12 exploitations). En période sensible, il circule ainsi sur le territoire et passe environ deux fois par jour sur chaque parcelle, lâchant son oiseau qui fond sur les jeunes corneilles. Et cela semble porter ses fruits, à la satisfaction des producteurs. Même si le rapace n’attrape pas de corneille à chaque lâcher, il fait acte de présence et en cela, c’est déjà très important pour perturber les volatiles ; complétant ainsi efficacement les autres techniques d’effarouchement. La lutte contre les « ailes noires » réside en effet en l’alternance et la combinaison de plusieurs techniques car ces oiseaux apprennent vite. Et voir le rapace à l’œuvre est quand même moins choquant pour la population que de découvrir des corneilles mortes se balancer au bout d’un piquet comme on peut encore le voir parfois.