Mercredi 25 mai 2016
Djamel Belaid

Après plusieurs années de terrain et d’enseignement à l’université de Batna (Algérie) puis de conseil agricole en grandes cultures au niveau de la Chambre d’agriculture de l’Oise, Djamel BELAID collabore à différents médias algériens. Préoccupé par les questions de développement agricole en milieu semi-aride, il s’intéresse plus particulièrement aux questions de non-labour et d’échanges entre agricultures des deux rives.

Semis direct en Algérie : premiers semoirs produits localement

En Algérie, quelques grosses exploitations ont pu s’équiper en semoirs pour semis direct (SD) européens ou brésiliens. Mais leur coût rend ces engins inaccessibles aux petites et moyennes exploitations. Depuis peu, deux constructeurs locaux proposent des semoirs SD low-cost.

DES MODELES D’INSPIRATION AUSTRALIENNE

Ces semoirs reprennent de nombreux éléments communs aux semoirs australiens John Shearer : éléments semeurs à dents ou roues plombeuses. L’Algérie bénéficie de l’expertise de l’ICARDA. Le prototype « Boudour » de l’entreprise publique CMA-SOLA (Sidi Bel-Abbès) est le fruit d’une coopération entre experts de l’ITGC, de SOLA et des australiens dont Jack Desbiolles.

LE SEMOIR BOUDOUR de CMA-SOLA

Semoir de SD Sola - Boudour en Algérie
Semoir Boudour, un engin élégant révélant la touche du constructeur SOLA

Il s’agit d’un semoir de 2,40 m à attelage trois points avec 14 éléments semeurs à dents. La trémie est en position surélevée ce qui permet un écoulement par simple gravité. Les dents à ressort sont étroites et courbées avec un soc ouvreur de faible largeur afin de limiter la perturbation du sol. Les engrais et semences sont placés de façon séparée. Les dents sont placées sur 3 poutres différentes ce qui permet un large espacement entre éléments semeurs et une bonne gestion des résidus de récolte. La dernière poutre permet la fixation de roues plombeuses. Des essais sont en cours chez des agriculteurs.

LE SEMOIR DES Ets REFOUFI Père et Fils (Sétif)

Il s’agit d’un semoir trainé de 3,40 m à 19 éléments semeurs. Ils sont constitués de larges dents droites fixées à des montant verticaux, d’où un châssis surélevé. Chaque dent est munie de ressorts et y sont accolés deux tubes permettant un placement distinct des semences et engrais provenant de deux trémies de grande capacité accolées l’une à l’autre. Derrière chaque dent sont fixées deux roues plombeuses rappuyant le sol au fond du sillon. Celles-ci sont munies d’un racleur de terre bien utile en cas d’utilisation en conditions humides. Certains éléments du semoir sont inspirés du semoir syrien de marque Aschbel présent dans la région.
Semoir de SD Ets Refoufi en Algérie
L’ensemble du semoir est assez sommaire et témoigne de la jeunesse des Ets Refoufi

REVISITER LE DRY-FARMING

Cette production de semoirs SD permet de compenser la faiblesse et l’irrégularité des pluies. Les sillons formés par les dents se transforment en véritables collecteurs d’eau de pluie. Ils assurent ainsi une meilleure germination-levée. La localisation des engrais phosphatés sous les semences permet une meilleure humidité et une bonne absorption du phosphore d’habitude rapidement insolubilisé dans les sols locaux à pH élevé.
Le SD permet de revisiter le dry-farming et la pratique encore trop répandue de la jachère travaillée ou pâturée. Pour cette dernière, l’idéal serait de disposer d’un semoir de type Aitchison-GrassFarmer adapté aux spécificités locales. En attendant une large production de semoirs CMA-SOLA et REFOUFI, la solution pourrait être de proposer aux agriculteurs possédant des semoirs conventionnels des kits afin de les transformer en semoirs SD comme cela a été le cas en Irak et en Syrie grâce à l’aide de l’ICARDA.