Jeudi 17 mars 2016
Cécile Waligora

Biologiste, écologue et agronome de formation, Cécile WALIGORA anime et rédige aussi pour la revue TCS. Elle s’intéresse tout particulièrement à la biodiversité des agroécosystèmes.

Un peu de sel, un peu d’avoine et c’est tout

Moutons pâturant l'enherbement des vignes

Je viens d’avoir l’occasion de prendre des nouvelles des tondeuses à quatre pattes du domaine viticole alsacien Bernhard et Reibel, lequel avait fait l’objet d’une chouette vidéo publié ici.
Ce domaine, conduit par le très sympathique Pierre Bernhard, est en bio depuis 2000 sur un peu plus de 20 hectares à Châtenois. Il y a trois ans, Pierre, qui s’intéressait déjà à l’utilisation de moutons comme tondeuses en parcelles de vignes, se voit demander par un éleveur du côté de Munster, si cela l’intéresse d’expérimenter la chose sur l’un de ses coteaux. Ni une, ni deux, le viticulteur saute sur l’occasion et accueille 5 moutons. C’est une race à viande qui ne supporte pas l’enfermement. A la belle saison, les moutons vont pâturer sur les sommets des Vosges et en hiver, il faut trouver en plaine, d’autres parcelles d’accueil.
Pour éviter qu’ils ne s’attaquent à la vigne, les moutons sont introduits après vendange et retirés fin mars. Après trois hivers ainsi, Pierre Bernhard est très satisfait du travail de ses 5 tondeuses qui lui permettent d’économiser un passage de désherbage mécanique (le premier du printemps) sur les 3 ou 4 qu’il peut effectuer sur l’année. Tous les rangs étant enherbés, les moutons circulent partout et, en Alsace, les vignes étant assez hautes, ils tondent même sous les pieds.
Le coût est sans commune mesure puisque ces moutons ne lui coûte qu’une pierre à sel et 3 ou 4 sceaux d’avoine. Et encore, l’avoine, c’est plus pour le plaisir. Seule "contrainte" : installer une clôture électrique. Dans les faits, ce n’est pas une grosse contrainte pour le viticulteur qui a déjà l’habitude d’en poser pour écarter les sangliers de ses vignes ; le matériel étant fourni par la fédération de chasse.
C’est donc "tout bénéf" ! Sachant et vous l’aurez compris, qu’il n’y a pas d’argent entre le viticulteur et l’éleveur, ce partenariat étant gagnant-gagnant.
Le domaine Bernhard et Reibel n’est pas le seul aujourd’hui à introduire ainsi quelques moutons dans ses vignes l’hiver pour contrôler l’enherbement. Et cela devrait faire encore des émules !