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Côté cultures : Témoignage de Jean-Luc et Claire BABARIT (GAEC BABARIT)

Jean-Luc BabaritL’exploitation de la famille BABARIT est située à Oiron dans les Deux-Sèvres, à mi-chemin entre Thouars et Loudun. Jean-Luc et son épouse Anne ont été récemment rejoints par leur fille Claire au sein du GAEC. Ensemble, ils cultivent 250 hectares d’argilo-calcaires d’une profondeur moyenne de 40 cm (70% de la surface) et de limons d’une profondeur moyenne de 60 cm (30% de la surface).
Le secteur est plutôt sec avec une pluviométrie inférieure à 600 mm/an et une répartition assez aléatoire. Les températures sont clémentes en hiver avec des gelées faibles et peu fréquentes. Mais elles peuvent dépasser couramment les 40°C en été comme cela a encore été le cas en 2015, et ce dès le mois de juin. La plaine est régulièrement balayée par les vents, ce qui impacte encore la disponibilité en eau de ces terres non irriguées.

L’exploitation est menée en non-labour depuis 2003 et en semis direct intégral depuis 2013 suite à l’investissement dans un semoir SIMTECH T-SEM de 4,8 m. Jean-Luc témoigne : « Avec un recul de plus de 1000 ha, nous pouvons aujourd’hui dire que le T-SEM nous a bien aidés à mettre en place le semis direct sur notre exploitation.  »
Parallèlement à l’évolution des pratiques, l’assolement s’est beaucoup diversifié. Il compte désormais blé tendre et blé dur, orge d’hiver, colza, tournesol, lin d’hiver et de printemps, pois de printemps, sarrasin, luzerne porte-graine. A cela s’ajoute l’autoproduction de semences de couverts dont l’avoine (type Strigosa), la féverole et la vesce.

Les colzas sont systématiquement associés à des plantes compagnes : mélilot, lentille, fenugrec, trèfle d’Alexandrie, mélange auquel s’ajoute parfois de la féverole. La vesce jugée trop agressive n’est plus utilisée. La méthode est aujourd’hui bien maitrisée et donne des résultats très satisfaisants.

Culture traditionnelle du secteur, le tournesol perd du terrain. Jean-Luc explique : « La levée très longue et le manque de vigueur au départ sont délicats à gérer. C’est d’ailleurs la seule culture qui n’est pas en strict semis direct puisque nous réalisons un mulchage superficiel des couverts environ 3 semaines avant le semis. On constate beaucoup de dégâts de limaces, corbeaux, perdrix et les rendements sont souvent décevants. Mais cela nous permet d’implanter en même temps la luzerne qui se développe en relais une fois le tournesol récolté. » Apparue récemment, la luzerne porte-graine devrait donner 2 à 3 récoltes et être conservée 1 à 2 années supplémentaires dans l’idée d’en faire un couvert permanent.

Le lin oléagineux a aussi pris place dans la rotation. Il est implanté à l’automne ou au printemps selon les sols. Outre son effet structurant qui en fait un excellent précédent du blé, il contribue à la lutte contre l’orobanche, parasite qui sévit dans ce secteur. La seule contrainte du lin est sa paille très fibreuse. Elle est donc exportée contrairement aux résidus des autres cultures intégralement restitués aux sols.

Autre originalité, le sarrasin a pris place dans l’assolement pour amener encore de la diversité et « nettoyer » les champs grâce à son agressivité vis-à-vis des autres plantes. C’est une culture économe car produite sans intrant. Elle n’est pas conduite en dérobé mais comme une culture à part entière pour obtenir une maturité uniforme et une récolte de la meilleure qualité possible, bien valorisée.

Semis direct de blé sur couvert de féverole (semoir Simtech - GAEC Babarit) « Depuis 3 ans, le T-SEM assure 100% des semis, y compris ceux du tournesol, et nous en sommes entièrement satisfaits » précise Jean-Luc. « Nous n’avons encore jamais raté un chantier, même en été. Avec notre tracteur de 150 ch, nous semons à 8 km/h, un bon compromis entre qualité de travail et débit de chantier. Comme nous craignons le sec, nous préférons rouler rapidement derrière le semis ce qui permet aussi de plomber les cailloux » (assez présents dans certaines parcelles). Nous sommes régulièrement sollicités pour semer chez nos voisins, ce qui est plutôt bon signe. »

Semis d'un couvert végétal d'interculture sur chaumes (GAEC Babarit)Des couverts végétaux sont systématiquement implantés entre deux cultures. « Les couverts sont essentiels dans ce système » affirme Jean-Luc. «  Nous sommes en zone vulnérable et sur un périmètre de captage, ce qui renforce leur intérêt  ». Après avoir tâtonné quelques temps, la recette est désormais bien au point. Les intercultures courtes, notamment entre un blé et une orge, sont occupées par un mélange à dominante légumineuses (90% de féverole, vesce, trèfle, mélilot) et complété par un peu d’avoine strigosa et de radis fourrager. Les intercultures longues avant cultures de printemps sont occupées par un mélange sur la même base mais avec davantage d’avoine (jusqu’à 30%) et de la phacélie pour boucher les trous.

Blé sauvé des eaux quand celui du voisinage se noie… (GAEC Babarit)Côté pratique, les associés profitent des périodes creuses pour préparer leurs semences à la bétonnière et les conditionner en big-bags. Malgré des mélanges complexes de graines de différentes tailles, ils ne constatent pas de phénomène de tri dans la trémie unique du semoir et la répartition au champ est bien homogène.
Les couverts ont un coût que les associés estiment à près de 75 €/ha, semences et implantation comprises. « Mais les résultats sont là. Nos sols évoluent dans le bon sens et nous constatons de moins en moins de compactions. Cette année, les pivots de nos colzas sont droits comme en système labour » affirment Jean-Luc, et Claire qui représente l’avenir de l’exploitation en est convaincue : « C’est un investissement à long terme, à raisonner au minimum à l’échelle d’une rotation ».

En général, les semis d’automne s’effectuent directement sur les couverts détruits par un glyphosate à dose réduite mais ils sont parfois broyés. Les semis de printemps interviennent sur des couverts préalablement roulés lors des (trop rares) périodes de gel. La destruction mécanique est si besoin complétée par un désherbage.

Côté rendements, « avec 70 quintaux/ha en céréales d’hiver, nous ne sommes pas parmi les meilleurs du secteur mais dans une bonne moyenne » estime Jean-Luc. « Nous raisonnons plutôt en terme de marge, avec des économies réelles de temps de traction et de carburant. Nous avons par ailleurs rationnalisé le parc matériel en conservant notre autonomie pour le semis, la pulvérisation et la moisson. Mais nous sommes adhérents à la CUMA pour les quelques autres outils utilisés (rouleau, broyeur, etc.) ».

La famille BABARIT a su poser les bases d’un système performant tant du point de vue agronomique qu’économique. Jean-Luc conclut : « Il y a toujours des choses à améliorer. Nous devons par exemple travailler à la réduction des doses de glyphosate (moyenne actuelle de 3 l/ha/an). Mais nous avançons dans le bon sens et c’est motivant ». Une motivation contagieuse car Claire, qui réalise désormais la plupart des semis, semble bien déterminée à poursuivre dans cette voie.

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