GAËTAN DE VILAINE, ALLIER : 30 ANS DE RECUL EN TCS STRICTES

Jean-Martial POUPEAU - Magazine TCS n°84 ; octobre / novembre 2015

Située dans le Val d’Allier, la SCEA des Guichardots s’est engagée dans l’AB au début des années 1980. L’orientation prise vers le non-labour à partir de 1985-1986 a été maintenue tandis que l’élevage de bovins a été progressivement abandonné au profit de celui des volailles.

Gérée par Gaëtan de Vilaine, installé en 2007 à la suite de son père Patrick, la SCEA des Guichardots recèle de nombreuses parcelles qui n’ont pas connu de retournement profond depuis 30 ans, un fait exceptionnel en AB. Même si le céréalier reconnaît qu’un labour pourrait être efficace contre le vulpin et la vesce, deux adventices dont la présence pose parfois problème, il n’y a recours que de façon exceptionnelle, « en cas de salissement extrême des parcelles ». Pour autant, un tour de plaine de l’exploitation atteste d’une bonne maîtrise des adventices. Pour y parvenir, l’exploitation mise avant tout sur une rotation de 4 ans qui fait se suivre deux cultures de printemps tardives et deux cultures d’hiver, de type soja, blé d’hiver ou épeautre, pois et triticale, maïs-grain.

La luzerne, absente

Le choix de cette rotation courte, avant tout motivé par des raisons économiques, tient également à l’absence de luzerne. « Bien que cette légumineuse soit une excellente tête de rotation qui convient à mes sols et répond bien à l’irrigation, elle est très gourmande en temps de travail, notamment à la récolte et cela vient en concurrence avec les binages, dont la réussite est capitale en bio. » En outre, la difficulté de vendre le fourrage conjuguée à une expérience décevante en blé de luzerne a conduit G. de Vilaine à cesser de cultiver la légumineuse, sans toutefois l’exclure définitivement. « La luzerne peut être réintroduite dans les parcelles où les adventices posent problème, nuance le céréalier. Mieux vaut une luzerne mal valorisée qu’un recours au labour ! » Pour au-tant, l’autonomie azotée, si difficile à obtenir en céréales bio, n’est pas en reste. Elle est assurée par l’apport de fientes de volailles issues de l’élevage sur la ferme de volailles de chair (deux bâtiments de 400 m 2 abritant chacun 4 000 poulets) ainsi que de poules pondeuses (un bâtiment de 9 000 poules).

La rotation, évolutive

Sur les 20 hectares non irrigables, le soja est remplacé en tête de rotation par de la féverole d’hiver (ou de printemps), en dépit de ses rendements aléatoires. Le pois de printemps, plusieurs fois essayé, a été abandonné en raison de difficultés de récolte liées à la présence d’ambroisie, un problème fréquemment observé sur l’exploitation en pois irrigué. Sur tous les îlots, la rotation reste évolutive notamment en cas de soucis avec les adventices. « Dans une parcelle où le blé était envahi de vulpin, j’ai mis en place trois cultures de printemps successivement. Du maïs, du soja, puis une féverole de printemps, avant de revenir à un épeautre en 2015. Je constate que la densité de vulpin a considérablement diminué dans ce dernier », se félicite G. de Vilaine. Quant aux couverts, ils ne sont mis en place qu’entre pois et triticale et maïs. « Entre maïs et soja, la récolte est généralement trop tardive pour permettre le développement suffisant d’un couvert », juge le céréalier. Le couvert choisi est un mélange de trèfles, d’Alexandrie, violet et incarnat. Il est généralement implanté début septembre au moyen du Horsch Sprinter qui sert également au semis des céréales, après broyage de la paille et un ou deux déchaumages. « Semer plus tôt en août est risqué car nous avons souvent ici de fortes chaleurs à cette période qui peuvent griller le trèfle à la levée. » Si besoin, la levée du couvert est sécurisée par un apport d’eau d’irrigation.

Horsch Terrano, incontournable

Le couvert est en général fauché à partir de février, le fourrage étant laissé sur place avant incorporation au sol au moyen d’un Horsch Terrano 4 FX. Ce dernier, qui a remplacé un cultivateur à dents, est devenu l’outil de référence sur l’exploitation. Combinant 13 dents munies de pattes d’oie et de versoirs, 10 disques mélangeurs ainsi qu’un rouleau spire sur 4 mètres, il assure à la fois les déchaumages mais aussi la reprise des terres en fin d’hiver ainsi que les préparations du sol. En déchaumage, il est utilisé dès la récolte de chaque espèce, puis repassé plusieurs fois, généralement après reverdissement de la surface (2 à 3 fois entre soja et blé). « La conception de cet outil permet de faire « danser la terre » sans la retourner, s’enthousiasme le céréalier. Il en résulte de très bonnes levées d’adventices qu’il sera facile de détruire par les façons culturales superficielles suivantes. »


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