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Verdissement et Focus TD, des opportunités croisées

JPEG - 122.3 koLe séminaire annuel de la société HORSCH s’est déroulé en mars dernier. Le rendez-vous était organisé à la salle des fêtes de Rieden, non loin du siège de Schwandorf. Lors de cet évènement, dont la fréquentation est croissante, deux sujets majeurs ont été abordés : « les cultures intermédiaires. Une simple contrainte réglementaire ou un outil de développement ? » et « 10 ans de fissuration ciblée et de fertilisation localisée, les frais d’apprentissage sont payés ! ».

Michael Horsch a inauguré le séminaire en parlant des dernières évolutions en agriculture. Selon lui, la situation sur les marchés est stable. En effet, pour 2015, Michael Horsch s’attend de nouveau à de bons rendements, faisant suite à celle des années 2013 et 2014. Sur le plan international, la Russie a abandonné son statut d’exportateur en raison de la guerre larvée qui règne dans la région et de la chute du rouble. A l’inverse, les États-Unis toujours exportateurs, bénéficient généralement de bonnes conditions climatiques depuis quelques années et d’une stabilité du marché du maïs. Néanmoins, ces éléments ne leur permettront pas d’avoir les mêmes rendements qu’en 2014.

Michael Horsch a exposé une anecdote intéressante au sujet des attentes d’un discounter leader sur le marché. A la demande de ce dernier, les directions de chaque entreprise se sont rencontrées pour évoquer leurs préoccupations respectives. Pour le discounter, il était important de disposer de maïs et de soja non OGM. Cette société souhaite à l’avenir être partenaire des agriculteurs et se recentrer sur la régionalisation, l’absence d’OGM et la traçabilité des produits. Pour Michael Horsch, cette réflexion est un message clair adressé aux agriculteurs. Passer le cap de l’interdiction des néonicotinoïdes sera un autre défi à relever pour l’agriculture de demain. C’est une décision qui impactera beaucoup les agriculteurs, Michael Horsch en est persuadé. Mais, c’est ainsi, les « lois de la Nature » se retournent souvent contre nous. Le phénomène de résistance en est la preuve. Le rôle de la société HORSCH est d’apporter des solutions techniques à ces problèmes agronomiques en concevant si possible une nouvelle stratégie d’itinéraire technique pour le travail du sol.

La nouvelle directive nitrate sera également un sujet décisif auquel il faudra s’adapter. Les apports d’azote seront de plus en plus réglementés. Les périodes d’épandage à l’automne ont significativement diminué, contraignant encore plus les épandages avant colza, orge d’hiver, mais aussi les apports sur les intercultures ! Pourtant, il est difficile de blâmer le législateur, alors que certains fertilisent ou épandent encore du lisier n’importe quand. Et Michael Horsch appelle à la prudence et pointe du doigt la situation au Danemark. Il existe, dans ce pays et ce, depuis plusieurs années, un plafond de dose d’azote unique. En s’appuyant sur un graphique, Michael compare l’évolution des rendements au Danemark et dans une zone voisine du Schleswig-Holstein, avec un potentiel comparable. Le seul et unique plafond auquel sont soumis les Danois ne leur permettent plus de couvrir les besoins en azote des plantes dans les sols à fort potentiel. Finalement, cette contrainte conduit à une chute des rendements. Pour limiter ces impacts négatifs de la réglementation dans certains cas, l’agriculture de précision est un bon outil pour pouvoir conserver, en moyenne, de bons rendements. Le principe est d’apporter l’azote en fonction des besoins de la plante et de manière localisée.

L’accord de libre-échange transatlantique, souvent présenté sous un angle négatif au grand public, a été abordé. Michael Horsch plaide en faveur de frontières ouvertes. La distribution souhaite, dans tous les cas, des produits régionaux, sans OGM et avec une bonne traçabilité. Il est nécessaire d’être rassuré à ce sujet. Le traité transatlantique pourrait même être perçu comme un avantage pour l’agriculture européenne.

Michael Horsch a terminé son discours en parlant d’un sujet en cours de développement : le « Big Data » ou la numérisation de l’agriculture. Il faudra s’intéresser à ce sujet dans l’avenir pour sortir du schéma classique de sauvegarde des données sur son propre ordinateur. Les données seront envoyées vers un « Cloud » qui les enregistre de manière fiable et les exploite lorsque c’est nécessaire. Il faudra se familiariser avec la numérisation. En effet, cela devient de plus en plus incontournable, comme en témoigne la technologie déjà disponible dans les nouveaux tracteurs. L’agriculture, et en l’occurrence les agriculteurs, n’échapperont pas à la numérisation. Selon lui, l’utilisation de la tablette devra être promue à grande échelle pour que cette technologie soit accessible à tous. Michael Horsch demande ainsi une tablette universelle, avec un écran et un langage commun, sur laquelle il n’est pas nécessaire de stocker les données.

Michael Braun, responsable marketing produits chez HORSCH Maschinen depuis 10 ans, était le deuxième intervenant de ce séminaire. En se basant sur ses recherches, il a présenté le sujet : « 10 ans de fissuration ciblée et de fertilisation localisée, des premières expériences au concept du Focus TD ». Chez HORSCH, le travail en bandes est arrivé avec le Focus TD. L’outil est basé sur le principe de la fissuration : seules les futures lignes de semis sont travaillées. Il combine, en un seul passage, ameublissement profond, dépôt de l’engrais, préparation du lit de semences et semis. Ainsi, l’horizon d’exploration des racines est dépourvu de paille et le dépôt d’engrais est effectué en profondeur. L’interrang est de 30 cm pour permettre une levée sécurisée et favoriser le développement des racines. Un réglage permet de piloter la profondeur d’ameublissement. Le Focus TD est conçu aussi bien pour le semis de colza que pour le semis des céréales. Pour une implantation réussie, une préparation préalable du sol est nécessaire. Celle-ci garantit, en plus du travail du Focus TD, une levée homogène, sécurisée et une exploration racinaire plus dense.

Michael Braun est également revenu sur les premières expériences du StripTill, dans le cadre de tests en République Tchèque. L’objectif de la fissuration en bandes était d’obtenir un volume de sol et de racines suffisant. L’ameublissement profond permettait également la formation des billons, l’intérêt étant, dans un 2e temps, de semer au printemps sur un sol réchauffé. Enfin, la diminution de l’érosion est un autre avantage du StripTill. Ce principe a aussi été étudié pour l’apport localisé du lisier dans le sol, ce qui fonctionne très bien en sol léger. Pour Michael Braun, en résumé, le travail en bandes avec une fissuration ciblée facilite le développement des racines. Les éléments nutritifs apportés, séparés des résidus, profitent pleinement à la plante et contribuent à un développement rapide des racines en profondeur. Michael rebondit alors sur le colza, exemple d’une plante qui profite bien du travail en bandes. Grâce à la fissuration et à la fertilisation localisée, les levées sont sécurisées aussi bien en sols humides qu’en sols secs et, malgré un large interrang, la couverture du sol est assurée.

Pour rester dans la continuité du Strip-Till, Carsten Thies-Mackeprang a présenté le sujet « 5 ans de pratique avec le Focus TD : modifications et opportunités ». Agriculteur à Viersdorf en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, région du nord de l’Allemagne, il exploite à Stralsund dans des sols légers et drainés à 90%. Il introduit son discours avec la phrase suivante : « une moissonneuse-batteuse doit pouvoir moissonner 1 000 hectares par campagne ». Il revient sur le chemin parcouru pour atteindre cet objectif. Dans les années 90, il labourait ce qui conduisait à des problèmes de lessivage et d’érosion. En 2003, Carsten Thies-Mackeprang a fait l’acquisition d’un Tiger pour mélanger les pailles jusqu’à 30 cm. Mais de nouveaux inconvénients sont apparus. La terre intensivement mélangée, n’était pas suffisamment ré-appuyée à certains endroits. Il opte alors en 2008 pour le « semis sur Tiger ». « L’avantage de ce système », explique l’agriculteur, « est le réappui intensif du sol par le packer à pneus 24 pouces, assurant ainsi la consolidation du sol en pro- fondeur ». D’où vient alors, à ce moment-là, la motivation de M. Thies-Mackeprang pour investir dans le nouveau concept de Focus TD ? D’une stagnation des rendements de colza ! La gestion de l’assolement implique que 85% des colzas soient implantés après les blés d’hiver. Le précédent cultural laisse beaucoup de paille, et le temps est insuffisant pour que la matière soit suffisamment dégradée. De plus, le prix des engrais de fond augmente et les déchaumages sont difficiles à réaliser avec une moisson tardive et des tracteurs encore mobilisés. L’acquisition du Focus TD lui a fait gagner en réactivité et en polyvalence grâce à une meilleure croissance de la plante, une fertilisation plus précise, des pics de travail mieux gérés et plus de flexibilité face aux contraintes. Lors des années humides, le colza peut être semé à côté des bandes et en années « normales », sur les rangs fissurés. De plus, le semis et la fertilisation sont effectués en un seul passage ce qui représente un vrai gain de temps. Ainsi, selon lui, les investissements peuvent être maîtrisés. Le Focus TD offre une flexibilité d’utilisation en conditions très différentes et convient bien aux besoins de l’agriculteur, qui avoue avoir acquis une certaine expérience pour profiter pleinement aujourd’hui des avantages de l’outil.

Après le déjeuner, Christoph Felgentreu de la Deutschen Saatveredelung (DSV) est intervenu sur le thème « Combiner intelligemment verdissement et intercultures ». « Le plus gros capital de l’agriculture est le sol » a-t-il affirmé. Sa fertilité doit être entretenue et améliorée. Les couverts ne sont plus une piste de réflexion à regarder de loin. En effet, ils améliorent la fonctionnalité des sols et peuvent, en outre, contribuer à augmenter leur teneur en matière organique. Le chercheur a interpellé son auditoire avec la question suivante : « pour quelle exploitation le verdissement est-il obligatoire ? ». La réponse en a surpris plus d’un, puisque dès 10 hectares de terres arables, l’exploitation doit répondre au critère de diversité des assolements. Et toutes les exploitations d’au moins 15 hectares de terres arables doivent à partir de 2015 présenter des Surfaces d’Intérêt Écologique pour toucher l’intégralité du paiement « vert ». Les SIE doivent représenter au moins 5% de la surface des terres arables de l’exploitation. Le verdissement consiste, globalement, à interdire le retournement des prairies, à augmenter la diversité des assolements et à justifier d’un minimum de 5% de SIE. Une liste de cultures éligibles répertoriées a été arrêtée. On y trouve par exemple la jachère, les éléments topographiques comme les haies, les légumineuses, les bandes tampons et les surfaces implantées en couverts intermédiaires. Selon le chercheur, l’objectif est de maintenir la fonctionnalité des sols, voire de les améliorer. Pour cela, les plantes intermédiaires doivent permettre un maximum d’exploration racinaire. Les couverts jouent également un rôle sur le développement des saprophytes, comme les vers de terre et sur les interactions biologiques, telles que l’antibiose. Ces recherches sont l’objet de TerraLife, un programme établi sur les cultures et les rotations. « Pour choisir son couvert, l’agriculteur a tout intérêt à prendre l’option de suivre le programme TerraLife », affirme l’intervenant. En effet, 5 espèces au minimum par mélange diminuent le risque de dé-mélange et garantissent un haut niveau de biodiversité. TerraLife offre des solutions pour tous les systèmes de culture et dans divers contextes climatiques.

Pour clore cette journée, Michael Ehmann a pris la parole sur le thème « GreenTillage, une voie éprouvée pour intégrer les couverts intermédiaires  ». Installé près de Toulouse, en France, il cultive du maïs pop-corn. Les terres sont difficiles, vallonnées et la teneur en argile oscille entre 25 et 30 %. Michael Ehmann a fondé son entreprise en 1994 et cultive le maïs pop-corn depuis un séjour aux États-Unis. C’est la première entreprise de ce type en Europe. Elle enregistre une production annuelle de 40 000 tonnes, ce qui correspond à 5 700 hectares, cultivés par 250 agriculteurs. Le popcorn micro-ondable détient une part non négligeable sur le marché. Il est commercialisé dans une trentaine de pays. Au cours de son exposé, Michael Ehmann a évoqué les problématiques liées à la culture du maïs pop-corn dans sa région. Selon lui, 90 % des sols avec une structure dégradée sont labourés. En effet, dans ces conditions, obtenir un lit de semences propre sans labour est presque impossible. C’est de cette réflexion qu’est née la technique du GreenTillage combinée aux couverts. Après plusieurs essais, la féverole est apparue comme la culture la mieux adaptée au système. HORSCH a développé une machine spécifiquement adaptée au GreenTillage, l’EVO CS. Celui-ci travaille deux horizons différents jusqu’à 30 centimètres maximum. Les bandes travaillées sont occupées par le couvert et l’interrang, Les futurs rangs de semis restent libres ce qui présente de gros avantages pour le maïs. Par ailleurs, l’agriculteur, adepte du déchaumage, gère les adventices et les limaces.

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