Résultats de 34 ans de culture sans labour à Changins

Vullioud, Mercier et al. ; Revue suisse Agric. 36 (5) : 201-212, 2004

Un essai visant à étudier les conséquences à long terme de différentes méthodes de culture sans labour, sur un sol limoneux et sur un sol argileux, se poursuit depuis trente-quatre ans à Changins (VD, 430 m). Le labour (travail classique à env. 25 cm) y est comparé au travail au chisel (travail profond à 25-30 cm), au cultivateur profondeur moyenne 10-15 cm) et au travail minimum (herse rotative à 7-10 cm), parfois remplacé par le semis direct.

Nous vous proposons sur cette page trois études tirées des mesures sur cet essai de longue durée :
- Évolution des rendements ;
- Évolution des propriétés du sol ;
- Mauvaises herbes, maladies fongiques et ravageurs

Évolution des rendements

En plus, l’influence du sous-solage, d’une fertilisation azotée renforcée et de la conservation des pailles au champ y a également été évaluée de manière occasionnelle. Jusqu’à maintenant, les procédés de travail sans labour ont généré des rendements légèrement supérieurs (quelque 5% en moyenne générale) à ceux du labour. Le sous-solage et la conservation des pailles au champ n’ont pas influencé le rendement des cultures tandis qu’une fertilisation azotée renforcée l’a généralement augmenté, sans toutefois que l’on ait constaté d’interaction avec les procédés de travail du sol. En sol argileux, c’est le travail du sol au cultivateur qui a, en moyenne, permis d’atteindre les meilleurs rendements. Cependant, le rendement après le labour était en général plus stable, quoique souvent inférieur à ceux des procédés de travail sans labour. En sol limoneux, le chisel et le cultivateur viennent en tête dans la moyenne des rendements, mais c’est le travail minimum qui a présenté le rendement le plus stable, avec une moyenne légèrement supérieure à celle du labour. En termes de coûts de production, les procédés labour et chisel sont très proches pour ce qui concerne les travaux du sol ; le travail minimum permet une économie moyenne de 60% et le cultivateur de 30%. Pour le désherbage, les coûts des procédés sans labour dépassent ceux du labour d’environ 20% pour le travail minimum et de 5 à 8% pour le chisel et le cultivateur.

Évolution des propriétés du sol

Un essai visant à étudier les conséquences à long terme de différentes méthodes de culture sans labour, sur un sol argileux et sur un sol limoneux, se poursuit depuis 35 ans à Changins (VD, 430 m). Le labour (travail classique à environ 25 cm) y est comparé au chisel (travail profond à 25-30 cm), au cultivateur (travail à une profondeur moyenne de 10-15 cm) et au travail minimum (herse rotative à 7-10 cm), parfois remplacé par le semis direct. L’influence du sous-solage, d’une fertilisation azotée renforcée et de la conservation des pailles au champ a également été évaluée de manière séquentielle. Selon les procédés de travail du sol, la répartition des éléments fertilisants P, K et Mg en profondeur est différente, cependant sans incidence sur le développement des cultures. Il n’apparaît aucune relation systématique entre les procédés de travail du sol et les valeurs Nmin mesurées. Les procédés laissant des résidus de récolte près de la surface engendrent une très légère acidification du sol. Le travail minimum, le semis en bandes fraisées ou le semis direct ainsi que – dans une mesure un peu moindre – le cultivateur permettent de maintenir des taux de matière organique stables dans la couche supérieure du sol. On n’a toutefois pas observé une réelle accumulation de carbone organique dans le sol. L’effet protecteur de la couverture du sol par les résidus végétaux peut retarder l’installation d’une culture. La densité apparente et la porosité totale du sol n’ont pas été influencées de manière systématique par les procédés en comparaison. Cependant, la macroporosité peut tomber au-dessous du seuil critique de 10% dans les procédés non labourés. La stabilité structurale est systématiquement meilleure en non-labour et la résistance à la pénétration plus élevée. La capacité de rétention en eau tend à être inversement proportionnelle à l’intensité du travail du sol ; elle est la plus élevée en travail minimum tandis que c’est dans ce même procédé que la capacité d’infiltration des eaux pluviales est la plus faible. La culture sans labour offre des avantages indéniables, tels que le maintien de la matière organique, la stabilité de la structure et la diminution du risque d’érosion. Il est néanmoins des situations particulières où c’est le labour qui garde l’avantage.

Mauvaises herbes, maladies fongiques et ravageurs

Les conséquences à long terme de différentes méthodes de culture sans labour, sur un sol argileux et sur un sol limoneux, sont étudiées depuis 35 ans à Changins (VD, 430 m). Le labour (travail classique à environ 25 cm) y est comparé au chisel (25-30 cm), au cultivateur (10-15 cm) et au travail minimal (herse rotative à 7-10 cm), parfois remplacé par le semis direct. De 1991 à 2003, on observe une augmentation générale du stock semencier. Elle est cependant plus forte dans les procédés non labourés qu’en labour. Aucune relation systématique entre l’abondance relative des espèces de mauvaises herbes annuelles et les procédés de travail du sol n’est apparue, sauf pour le groupe colza (Brassica napus) et moutarde des champs (Sinapis arvensis) qui diminuent significativement dans le procédé travail minimal. Grâce à un désherbage chimique ciblé, les espèces pérennes n’ont pas posé de problèmes. Parmi les maladies cryptogamiques, la fusariose du blé (Fusarium graminaeum et F. poae) s’est peu manifestée grâce à l’utilisation d’une variété peu sensible et à un climat régional peu favorable. Sur colza, les attaques de phoma (Phoma lingam) n’ont pas été différentes d’un procédé de travail du sol à l’autre. En revanche, lors d’une forte attaque de sclérotiniose (Sclerotinia sclerotiorum), les procédés non labourés ont été plus atteints. Les insectes nuisibles et les limaces ont été maîtrisés par des interventions biologiques ou chimiques sur l’ensemble des procédés expérimentaux.


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