Atelier couverts végétaux : succès pour cette 1ère édition !

Innovagri - La France Agricole

Les visiteurs d’INNOV-AGRI 2014 ont réservé un très bon accueil à Matthieu ARCHAMBEAUD et ses invités qui pendant les 3 jours ont présenté et débattu sur la thématique des couverts végétaux.

Rendez-vous pour une prochaine édition.

Couverts végétaux : d’une contrainte réglementaire à des outils agronomiques performants

La couverture du sol entre deux cultures est devenu un sujet important dans le monde agricole puisqu’elle devenue obligatoire en Europe. Cette approche environnementale est motivée par l’efficacité des plantes en interculture comme pompe à nitrates. Cette orientation réglementaire et administrative qui est souvent perçue comme une contrainte est en fait une réelle chance de produire mieux et plus économiquement. Bien avant la mise en place d’une réglementation, des agriculteurs « alternatifs » ont très vite compris l’intérêt agronomique des couverts végétaux dans leurs systèmes. Volontairement confrontés à un facteur limitant (l’absence de travail du sol en non labour, la faiblesse de la fertilisation en système bio), ces pionniers ont mis en place des systèmes de couverture de sol entre les cultures.

Mais pour que les couverts d’interculture soient efficaces, il ne faut pas se contenter de jeter quelques graines de moutarde, d’avoine ou de ray-grass sur le sol : ce sont des cultures à part entière, destinées à l’amélioration de la fertilité physique, biologique et organique du sol et sont donc un investissement. À ce titre, ils doivent être soigneusement semés, assez tôt pour être efficaces, en mélange avec des légumineuses pour recycler et produire de la fertilité pour les cultures suivantes. Dans ces conditions, il apportent une réelle valeur ajoutée aux agriculteurs : une protection du sol contre les phénomènes de battance et de ruissellement, une structuration efficace et profonde du sol qui permet de réduire les charges de mécanisation, une amélioration de l’activité biologique et de la fertilité qui permet de réduire la fertilisation et la protection phytosanitaire.

En investissant techniquement dans les couverts végétaux, un agriculteur est aujourd’hui capable en France de produire de 4 t/ha et 10 t/ha de biomasse (MS) entre le mois d’août et le mois de novembre ou entre septembre et avril, soit le recyclage et/ou la production annuelle de 100 kg/ha à 300 kg/ha d’azote, de 10 à 30 kg/ha de phosphore et de 150 à 400 kg/ha de potasse, sans compter l’ensemble des avantages agronomique dont une maîtrise efficace du salissement.

Les couverts végétaux sont ainsi devenus le pilier des techniques d’agriculture de conservation, TCS et semis direct, sur la principe suivant : plus de biomasse = plus de racines = plus de structure = plus d’activité biologique = plus de matière organique = plus de recyclage et de mobilisation d’éléments minéraux = réduction des doses = amélioration de la productivité … Le succès a d’ailleurs largement dépassé les rangs des TCSistes pour gagner progressivement celui des agriculteurs en système traditionnel. La maîtrise de la couverture de l’interculture a d’ailleurs rapidement donné des idées à beaucoup, désireux de ne pas perdre tout le potentiel de production. C’est ainsi que reviennent en force les cultures dérobées classiques de type sarrasin, millet ou caméline, mais également l’association des couverts et des cultures : colza associé à des légumineuses, semis de céréales sous couvert de luzerne et de trèfle, mélanges fourragers, etc.

Avec la connaissance que nous avons aujourd’hui des multiples espèces végétales à notre disposition et de leurs usages dans les systèmes agricoles, une nouvelle voie s’offre à l’agriculture française, qui réconcilie productivité, efficacité et protection de l’environnement.

Couvert de féverole et phacélie avant maïs (Gers)
Couvert de féverole et phacélie avant maïs (Gers)
Couvert de féverole et de phacélie semé en septembre 2013 dans le Gers : 9 t/ha de biomasse et 350 kg/ha d’azote piégés dans la biomasse. Le retour de fertilité calculé pour le maïs suivant est de 170 kg/ha d’azote, 60 kg/ha de phosphore et de 400 kg/ha de potasse. (source : J. Hamot)
Dérobée fourragère colza et ray-grass (Bretagne)
Dérobée fourragère colza et ray-grass (Bretagne)
Mélange fourrager de colza fourrager et de ray-grass implanté en août 2013 en Bretagne : le colza est destiné à l’affouragement en vert du troupeau laitier grâce à une remorque auto-chargeuse et le ray-grass a été ensilé au printemps avant l’implantation d’un maïs en TCS. (essai : JL. Le Bénézic ; source : M. Archambeaud)
Semis direct de blé sous un couvert multi-espèces
Semis direct de blé sous un couvert multi-espèces
Semis direct d’un triticale dans un couvert multi-espèces semé deux mois plutôt : la rapidité d’implantation et la biomasse ont permis de ne pas désherber la culture. (source : F Thomas)